Gérard ne veut pas porter le chapeau

par morice
vendredi 8 octobre 2010

Tout est venu d’un bouquin signé Martin Hirsch « Pour en finir avec les conflits d’intérêts ». Oh, non pas qu’il veuille régler des comptes, non, mais à chaque fois qu’il en sort un, ça tangue quelque part, Hirsch ayant tendance à se prendre pour Mr Propre, un Mr Propre qui aurait laissé ses biscotos et son produit miracle dans le débarras le temps où il était ministre, mais bon. Aujourd’hui, c’est Gérard Longuet qui se sent visé et n’apprécie pas du tout les allusions qu’il vient de faire. Car dans son livre, même si Hirsch ne le cite pas nommément, mais il est inratable, le Gérard : le seul Ministre des Postes du moment visé par l’auteur, c’était lui. Or, en France, terre d’accueil (sauf si vous êtes Rom) et de travail (surtout si vous vous approchez de la retraite !), les ministres bénéficient de privilèges, c’est ce que nous rappelle ce bon Martin, et son coup de sabot du jour. On pense naturellement à un chauffeur et la voiture qui va avec. Certes, mais la Poste en a un autre, que tout le monde ignorait avant qu’Hirsch n’en parle : le ministre se voyait en effet offert des timbres de collection... une prime déguisée manifeste, que l’intéressé pouvait revendre quand ça lui chantait. C’est pourquoi certainement Sarko n’a jamais demandé le titre, étant lui-même philatéliste. L’homme est tellement éloigné des conflits d’intérêts, vous pensez bien (sic) ! Non, avec ça, nous dit Hirsch, Gérard Longuet se serait payé une maison supplémentaire, ce que l’intéressé à aussitôt démenti, bien sûr. Et bien aujourd’hui on peut dire la même chose que ... Gérard. Il n’a sans doute pas eu besoin de revendre des timbres pour s’offrir sa maison de campagne : il avait une bien meilleure méthode. Car s’il a existé en France un pré-Woerth, c’est bien lui en effet...

Commençons donc par le premier privilège : le chauffeur. Longuet comme tous les ministres en avait un, même quand il n’était plus ministre. Là c’est celui du Président de Région qu’il était devenu. Le 14 juillet 2001, la voiture de ce président est arrêtée par un policier qui trouve qu’elle roule trop vite. De la vitre sort alors un "gros con" qui ne semble pas plaire au pandore. Le policier notre l’infraction caractérisée qui le conduit au tribunal de Nancy pour injures à la force publique. L’homme est roux, barbu et moustachu, et la déposition du policier notre un "grand brun". L’histoire sera renvoyée puis... disparaîtra : en avril 2002, Gérard Longuet avait reconnu que c’est lui qui conduisait. Sera-t-il lui-même poursuivi pour autant ? Pensez-vous ! De là à imaginer que le Président du Tribunal de Nancy es aussi collectionneur de timbres... Non, revenons à notre villa plutôt. Une maison, c’est de l’entretien, et il faut veiller à tout, se dit Gérard.
 
Il y a en effet plein de moyens pour refaire sa toiture ou son chauffage : au Sénat, de 2009 à 2010, notre bon Gérard a débattu de toute une série de textes sur la libéralisation de l’énergie et des tarifs, ce qui est son rôle à vrai dire. En poussant nettement les intérêts du groupe. Or il assumait en même temps un rôle de conseil auprès de GDF-Suez révèle Médiapart... pour se défendre, Longuet va rappeler qu’ il avait certes "maintenu une petite activité personnelle de consulting". Pour lui, c’est non, pourtant : "Je ne suis pas né de la dernière pluie. Je ne suis jamais intervenu dans les débats parlementaires sur les questions du nucléaire, de la libéralisation de l’énergie, les tarifs ou autres. Le seul débat où j’ai pris position est celui sur la gestion des déchets nucléaires à Bure (Meuse) car cela concerne directement mon territoire et c’est un sujet d’intérêt général"... en 2006, pourtant, Longuet était bien intervenu sur ce projet de loi poursuivant "deux objectifs principaux qui concernent la transposition des directives et l’adaptation de notre droit interne à l’échéance du 1er juillet 2007 ainsi que les moyens donnés à Gaz de France pour poursuivre son développement en Europe dans un marché du gaz de plus en plus concurrentiel." Le 15 mai 2008, dans la Tribune, ils se faisait alors le champion du nucléaire français. "L’Allemagne, l’Italie et l’Autriche ont renoncé à l’atome, quand la France maintenait avec courage le cap fixé dans les années 1970. Ce choix s’est avéré judicieux non seulement parce que les Français bénéficient d’un prix de l’électricité compétitif, mais aussi parce qu’il est, de loin, le plus économe en carbone, " affirmait-il... au point de menacer de ne pas chercher à entraver la marche d’EDF : "La plus-value patrimoniale d’EDF n’a de sens que si son avance technique et commerciale n’est pas entravée par la Commission ni sacrifiée à un objectif de plus-value à court terme. Le 18 septembre dernier, il envoyait encore un courrier à Joseph Dupuis, le Directeur du Développement Economique de la Meuse, sur les  "les offres à l’attention des collectivités territoriales".
 
Lors de la polémique sur le nouveau PDG d’EDF, ce n’est pas du tout le double salaire Veolia-EDF que Gérard va critiquer : non, c’est la difficulté administrative a gérer cette double rémunération : il n’est pas contre, en fait : "Gérard Longuet, président du groupe sénatorial UMP, avait ainsi estimé que Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, avait été "forcée" d’avaliser "une pirouette juridique" en admettant cette double rémunération. Le problème n’est « pas tellement » le montant du salaire de M. Proglio, mais "le fait d’être dans deux entreprises qui ont deux logiques différentes et qui pourraient peut-être un jour se rapprocher" avait-il ajouté." Histoire de voir la fourniture en eau ou en panneaux solaires de sa maison suivi de plus près ? Sacré Gérard va !
 
Lorsqu’il perd son poste de ministre, il perd son chauffeur (roux). Il en retrouve aussitôt un autre en se faisant nommer responsable de L’Afitf (Agence de financement des infrastructures de transports de France), payé 42 000 euros par an. Avec chauffeur ! Longuet, à l’époque où il était encore ministre, dirigeait aussi le Parti Républicain, avec Alain Madelin, et il est soupçonné d’avoir participé à son financement occulte par l’intermédiaire de commissions versées à "La Signalisation", une filiale de la Compagnie générale de centraux téléphoniques (CGCT). A côté, le financement de l’UMP façon Woerth c’est du pipi de chat. La Signalisation, c’est surtout une entreprise nationalisée vivant de fonds publics, qui brasse des millions, sinon des milliards. L’argent versé l’avait été en échange d’un marché au Koweit, dont le pays n’avait pas honoré le paiement en totalité et que les envoyés de Madelin avaient tenté de récupérer en en détournant une bonne partie : il y en avait pour un milliard de francs au total.
 
Un des chargés de mission de Longuet, Génia Constantinoff, ayant récupéré en un premier temps 70 millions, va faire faire deux versements, pour un total de 16 millions au nom de Porwood Corporation Panama, sa propre société panaméenne basée à Genève, par le liquidateur de La Signalisation qui vient de se voir retrouver de l’argent. L’homme,Claude Altersohn, n’est pas au courant de l’existence de Porwood, et de contrats la liant à son entreprise, mais s’exécute. C’est le juge Van Ruymbeke qui avait retrouvé l’étrange firme Porwood. Sur les 16 millions de Porwood, 12 vont atterrir en fait chez Suchy, société panaméenne appartenant à Alain Cellier, de Nomura France, filiale de la banque japonaise Nomura. Un ami proche de Longuet. Le reste reste dans la poche de Constantinoff et dans celle d’un intermédiaire koweitien. En mars 1989, Marc de Scitivaux, ancien chargé de mission et ami intime d’Alain Madelin, recevra les 15 millions de francs du réseau Cellier au nom de la société Spalding. De Scitivaux venait alors justement de proposer au PR d’investir avec lui dans la société Spalding, située en Suisse. Des enquêteurs suisses, sur les 16 millions de francs de francs versés ne trouveront qu’ "un peu moins de un million de francs". Ils découvriront aussi que 8 millions de francs ont été retirés en liquide la même année, et que les 6 millions restants ont été virés sur un compte indéterminé. Le grand ami de Longuet, Alain Cellier, versera en novembre 1989 3 millions de sur le compte de Pierre Rochon.... le propre beau-frère de Gérard Longuet. Une somme qui aurait servi à acheter en 1990 un appartement à Boulogne-Billancourt, paraît-il. A côté de ce mic-mac suisso-panaméen, les comptes de l’UDF façon Woerth font pingre.
 

Il y avait eu un précédent à ce genre de détournements nous raconte Le Point du 17 janvier 2007. Cela avait même cette fois était bien plus clair de la part du couple Longuet-Madelin : "Toujours à la recherche d’une commission versée par la société Pont-à-Mousson à un intermédiaire nantais - un objectif de plus en plus lointain (c’est l’affaire René Trager,)- le magistrat rennais a voulu vérifier les dires, très précis, d’une lettre anonyme reçue voilà un an. Le « courageux » scripteur racontait qu’une société française qui avait livré du matériel gazier à l’Algérie n’arrivait pas à se faire payer par ce pays. Le PDG de l’entreprise aurait alors sollicité, en 1987, l’aide d’Alain Madelin. Il aurait même été reçu par son directeur de cabinet." Et là, même scénario : c’est Longuet qui lui avait répondu : "Deux jours plus tard, le directeur financier de ladite société aurait eu la surprise de recevoir un coup de fil de Gérard Longuet en personne, le ministre des P et T ayant évidemment été saisi de l’affaire. Longuet aurait fait comprendre que l’intervention du ministère était possible, moyennant une commission de 3,5 % - destinée, aurait assuré l’homme politique, au Parti républicain. Elle devait être payée à l’étranger sur le compte d’une société appartenant à un certain... Genia Constantinoff. Ce « marché » n’avait pas eu de suite mais le magistrat rennais devait retenir le nom du « conseiller » Constantinoff." A côté, je vous dit, Woerth ne joue pas assez international !

 
Le juge Van Ruymbeke, en 1995, conclura son enquête ainsi  : "La commission de 16 millions revendiquée par Egecena a été détournée de l’actif de la CGCT ou de sa filiale la Signalisation, sociétés paraissant avoir bénéficié de fonds publics, au profit d’une panaméenne gérée par M. Constantinoff sur les instructions écrites de Gérard Longuet, qui en a tenu informé son ministre de tutelle. Ces faits, susceptibles de constituer les délits d’abus de biens sociaux et complicité, de faux et usage de faux et de recel de ces infractions, commis par des ministres dans l’exercice de leurs fonctions, apparaissent relever de la compétence de la Cour de justice de la République." A ce moment là, ça chauffait sec pour le Gérard. Il passera en fait totalement au travers.
 
Car 15 ans après, le voilà blanchi... la presse, le 9 mars dernier, allait rendre compte du jugement de cette affaire : "Après quinze ans d’instruction, l’ancien ministre Gérard Longuet (UMP) a obtenu un non-lieu dans l’enquête ouverte en 1994 sur le financement présumé occulte du Parti républicain (PR), aujourd’hui disparu, a-t-on appris lundi 8 mars de source judiciaire, confirmant une information du Figaro...L’ancien trésorier du PR, Jean-Pierre Thomas, le banquier Alain Cellier, un conseiller de Gérard Longuet, Génia Constantinoff, le promoteur immobilier Christian Pellerin et l’homme d’affaires Michel Reyt, étaient également mis en examen." La raison donnée par le juge ? Tout avait été commis AVANT la loi sur le financement des partis ! "Le juge d’Huy a finalement été convaincu par les explications livrées, à savoir que ces sommes provenaient de dons anonymes antérieurs à la loi sur le financement des partis de 1989". Un juge qui ne s’était pas davantage posé de questions sur la présence de somme en liquide chez un protagoniste de l’affaire : "De même, le juge a entendu les explications données par Jean-Pierre Thomas concernant une somme de 350.000 euros (2,3 millions de francs) en coupures de 500 francs découverte en 1995 lors d’une perquisition. Selon Jean-Pierre Thomas, cette somme provenait de fonds secrets accordés par le gouvernement." En somme, on s’était largement servi, mais c’était l’époque où on avait le droit de le faire !
 
 
Le financement du Parti Républicain ? Ça avait commencé à se faire savoir aussi avec ... sa villa, justement, à ce bon Gérard ! "Revenons à la fin de l’été 1994. A l’époque, le puissant ministre de l’Industrie d’Edouard Balladur se retrouve au centre des affaires du PR. Mais il semble s’en moquer. Gérard Longuet proclame avec morgue qu’il n’en a« rien à cirer ». Jusqu’au jour où sa villa tropézienne fait la une. Le juge rennais Renaud Van Ruymbeke estime que les travaux de cette villa ont été « très largement sous-évalués ». Or c’est une entreprise meusienne, la Céréda, qui en a réalisé la majeure partie... C’est le moment que choisit le procureur de Bar-le-Duc, Christine Lai, pour ouvrir une enquête préliminaire sur la comptabilité de Céréda. La magistrate mène son enquête avec diligence et passion". Le Gérard a fait construire sa villa de St-Trop par des maçons de la Meuse : au prix des trajets de matériaux, déjà, ça éveille les soupçons de n’importe quel juge....
 
Comme le juge de Nancy, justement, qui s’appelle Vincent Turbeaux, et qui découvre cette année là un vaste réseau archi-classique, celui des marchés publics de la Meuse, présidé par Remi Herment, le président du conseil général,et notamment une société d’économie mixte, la Semagir, qui construit pour le conseil général de Lorraine, où siège Longuet, avec des travaux dont les factures ont une vilaine tendance à gonfler : un de ces projets, l’hôtel du département dessiné par Dominique Perrault (qui a signé la Grande Bibliothèque de Paris), estimé au départ : à 35 MF fera plus de 136 MF... "Il y a eu aussi l’extension de la station de monte des Harras de Vassincourt, le golf de Combles, des travaux importants à Madine, un centre de secours à Saint-Dizier et un à Verdun etc. Ici, des travaux accordé à des amis, là des surfacturations, ailleurs des avantages en nature... Si certaines entreprises sont largement favorisées, d’autres sont systématiquement écartées des marchés publics juteux du département. Ces derniers sont allés se plaindre à la justice".
 
 
Bien entendu, on pense que ce sont les mêmes entrepreneurs qui ont hérité de contrats aussi mirobolants qui sont allé construire des villas pour ceux qui les avaient aidés à obtenir ces juteux contrats. Car le recours à la Céréda pour bâtir une villa n’était pas ordinaire : l’entreprise ne faisait que dans les marchés de génie civil, des constructions d’ HLM, et rarement dans la maison individuelle... Un doute d’autant plus fort que dans la Meuse, le le suppléant de Longuet, André Droitcourt, (décédé en décembre 2009) qui lui pris sa place au Palais-Bourbon, est alors le président... de la Semagir, qui a confié comme par hasard à la Cereda pas mal de travaux... retour à la case villa de Gérard... qui devra démissionner, au final, face au scandale. Les 14 impliqués, des marchés truqués, dont Hervé Droitcourt, le fils de son père, passeront tous en correctionnelle en 2002. Sauf Longuet, bien sûr. Dans le lot, l’ancien président du Lion’sClub local "Jacky Warot, était directeur général des services du département sous Rémi Herment. On lui reproche d’avoir fait rénover son logement de fonction pour la coquette somme de 1,4 MF sans appel d’offres, sans devis, sans convention et...sans permis de construire"...
 
 
Au procès de 1997 on en avait découvert les étranges pratiques de René Céréda : "Pourquoi a-t-il accepté de passer un marché à forfait de 1,5 million de francs quand, au final, l’addition s’élèvera à un peu plus de 3 millions de francs ? Enfin, comment se fait-il qu’il ait assumé un chantier au coût final de 4,5 millions de francs ses sous-traitants ayant mal travaillé en acceptant de n’être payé que 3 millions ? « C’était un chantier-tampon » qui permettait d’employer des salariés pendant la période d’intempéries, lui a répondu René Céréda, la voix sourde. Quant à l’ardoise de 1,5 million de francs, Céréda avoue n’avoir « pas été très performant pour le suivi du chantier" nous apprenait Libération. En résumé, le patron de l’entreprise, un "ami de vingt ans de Gérard Longuet" avait, sur ce chantier, accepté de... perdre de l’argent. Etait-ce parce qu’il en avait gagné assez ailleurs ? On ne le saura pas : le procès tournera vite cours, et on décrétera que "le crédit consenti par René Céréda à Gérard Longuet procède donc des facilités qu’un entrepreneur est en droit d’accorder à un client". En gros, Céréda avait le droit de s’être fait entuber. Longuet sortira intégralement Blanchi du tribunal... et pourra donc utiliser sans honte sa villa que Céréda aura mis 32 mois à bâtir. La construction avait démarré en 1989, la villa a été payée par Longuet 2,7 millions de francs, alors qu’elle est revenue 4 millions à Céréda : ce qu’elle valait réellement donc. L’entrepreneur, visiblement, avait fait un cadeau à l’ex-ministre. Mais impossible de trouver en échange de quoi... à part le jugement des 14 mis en examen, dont je n’ai pas pu, hélas, vous retrouver le verdict.
 
Une maison à un peu plus d’un million, ça se trouve aussi chez Gérard en deux rapports photocopiés. Plus fort que les époux Tibéri et le rapport de Xavière ! Entre juillet 1989 et octobre 1990, en effet, une société immobilière avait versé 1,14 million de francs, en trois fois versements à Gérard Longuet. C’était la Cogedim, filiale de Vivendi, via la société de conseil de ce bon Gérard, appelée Avenir 55. Or tout ça pendant qu’il était ministre délégué des Postes et des Télécommunications ! Or, lors de l’enquête de Van Ryumbeke, encore lui, rien n’avait été trouvé sur ce "travail", sauf deux rapports consacrés aux "téléports" et aux "immeubles intelligents". A peine les textes connus une une consultante spécialisée Agnès Huet, avait reconnu dans le second le texte de son livre chez Eyrolles, du même titre que le second rapport, où au moins quatre de ses chapitres avaient été intégralement reproduits... le tribunal conclura encore une fois que " les faits de contrefaçon remontant en 1990 et la plainte datant de 1997, l’action publique est atteinte par la prescription"... la Cogedim, curieux hasard, avait accordé des taris imbattables au Parti républicain quand celui-ci avait acheté ses locaux... 
 
Mais "Avenir 55" était bien une boîte.... d’avenir, ayant "travaillé" pour JMP Conseils."Dirigée par Jean-Marie Derot, ex-conseiller du Groupe Expansion, cette entreprise lui a demandé de rédiger, courant 1989, une étude relative aux « moyens techniques modernes de transmission de l’information à destination de particuliers ». Le prix - 474 000 francs - a été réglé en deux fois, en juillet 1990 et en mai 1991. Mais, alors que Gérard Longuet aurait effectivement dû rédiger un rapport, la PJ note qu’ « en l’état actuel de l’enquête il n’a pas été trouvé trace du contrat et du rapport »". L’avenir étant à ceux qui se lèvent tôt pour ne rien écrire, l’Avenir 55 avait récidivé avec... la Sofres : "La Sofres, qui a également sollicité Gérard Longuet pour développer ses activités en Europe occidentale, s’est montrée, elle aussi, généreuse : elle a réglé trois factures, entre décembre 1989 et avril 1992, pour des montants respectifs de 237 000, 88 000 et 118 000 francs... Une fois encore, aucune convention n’a été signée entre la Sofres et Avenir 55. Le directeur général adjoint de la Sofres, Claude Benazeth, a, pour l’essentiel, justifié l’intervention de Gérard Longuet par l’apport de son carnet d’adresses". Rien à rédiger, prêter son calepin et ramasser une demie-patate (443 000 francs) ? Y’a pas, c’est ça l’Avenir !
 Gérard, via toujours Avenir 55, recevra aussi 95 000 francs pour un rapport sur "Le développement économique de la Lorraine" qui demeurera introuvable et inconnu... commandé par.. sa région ! Gag ultilme, Avenir 55 rédigera aussi plus tard un rapport sur "
Le développement du Minitel" facturé à la Sofres, dans lequel l’ancien ministre des télécommunications oubliera carrément le fax et l’Internet...
 
 
Et puis il en existe aussi des moins doués que Longuet. Car les habitudes persistent semble-t-il. Le 15 septembre 2009, Christian Namy, le président (UMP) du Conseil général de la Meuse se voyait infliger 3 mois de prison avec sursis et 3 000 € d’amende pour faux et usage de faux en écriture publique. L’homme "ominpotent" selon le procureur s’était vu reprocher selon la presse "une concurrence tronquée dans l’attribution de marchés et l’embauche d’une ex-maîtresse !" Le 17 mars 2010 ; c’était au tour de Charles Biwer, sénateur de la Meuse (de l’Union Centriste-Nouveau Centre), d’être condamné à 6 mois de sursis, 10 000 euros d’amende et privation de ses droits civiques, civils et familiaux pendant cinq employé illégalement à son profit des fonctionnaires territoriaux. Il avait déjà eu affaire à la justice en 2006 pour conversions irrégulières de CDD en CDI et détournement de subventions du conseil général. Il avait été alors condamné à 20 000 euros d’amende et cinq années d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Verdun (une peine réduite à 15 000 euros d’amende et avec conservation de son éligibilité par la cour d’appel de Nancy au printemps 2008). Il a nouveau fait appel...
 
Voilà pourquoi ce soir la phrase de Martin Hirsch semble bien inutile : si Gérard Longuet ne veut pas endosser ce chapeau là, c’est qu’il est couvert depuis longtemps, et qu’il ne risque plus de prendre froid maintenant. Gérard Longuet depuis longtemps, se revendique être un bon français "je ne suis pas noir, je ne suis pas frisé, je ne suis pas Polonais, je ne suis pas handicapé et par conséquent je ne m’y intéresse pas" avait-il dit récemment sur la discrimination et la possible nomination de Malek Boutih à la tête de la Halde. Il ferait donc mieux de porter le béret plutôt que le chapeau. Même Lefebvre avait trouvé son propos "regrettable". Longuet Gérard, gudiste avec ses potes Madelin et Devedjian, extrêmes droitistes ayant un jour endossé des costumes plus présentables, a toujours pratiqué dans le sens de son intérêt et non vraiment dans celui de la République : à partir de là, avec ou sans timbres-poste, sa villa, il l’aurait eue. Sans trop y mettre de sa poche, de toute façon. Woerth peut toujours en prendre de la graine. Face à Longuet, il fait encore jeune poulain.
 
Et sur Woerth, d’ailleurs, il a une opinion qui vaut le détour : "Délicat d’avoir été à la fois ministre du Budget et trésorier de l’UMP ! C’est tout au plus une faute de goût. Pas un délit. Quant à son épouse, aurait-elle dû arrêter de travailler ? Et en quoi aurait-ce été différent si elle avait été employée par une grande banque ? Moi-même, j’ai un beau-frère milliardaire [Vincent Bolloré], je ne le suis pas devenu pour autant. Me voit-on souvent intervenir sur Direct 8 [dont Bolloré est propriétaire] ? Malheur à celui par qui le scandale arrive" confesse-t-il à Paris-Match. Chez Bolloré, il y a Michel Roussin, qui, avec Louise-Yvonne Casetta, ex-assistante des trésoriers du RPR, a été condamné par la cour d’appel de Paris à à quatre de prison (et deux ans pour Casetta) avec sursis dans l’affaire des marchés publics d’Ile-de-France. Casetta, qui posait dans l’Oise avec... Woerth
 
Maintenant vous me croyez si vous voulez, mais en 2006, le ministère de la justice de Pascal Clément, à élevé au grade de chevalier de la légion d’honneur une "spécialiste du droit des sociétés et du droit immobilier"  :"Mme Longuet, née Fossorier (Brigitte, Marie, Sophie), avocate au barreau de Paris, membre du conseil de l’ordre ; 33 ans d’activités professionnelles."
 
Alors-là, moi je dis... chapeau !
 
 

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