Gilets jaunes : le début de la fin ?
par Bernard Conte
dimanche 2 décembre 2018
De par sa spontanéité, son caractère populaire et pacifique, le mouvement des gilets jaunes suscite la compréhension et la sympathie au sein de la population. Comme il se situe en dehors des cadres institutionnels, il constitue une menace pour le système géré par l'Etat profond. Ce dernier réagit en essayant de faire entrer le mouvement dans un schéma connu et maîtrisé afin de l'annihiler.
Bien que son origine ne soit pas déterminée de façon précise, le mouvement des gilets jaunes apparaît spontané et populaire, totalement en dehors des structures et des institutions de la démocratie de connivence (de copinage) gérée par l’État profond.
L’État profond c’est la structure permanente qui dirige la société en manipulant ses agents-marionnettes dans les domaines politique, syndical, médiatique, judiciaire, sécuritaire… L’État profond façonne la société dans l’objectif de toujours plus de profit, ce qui implique une exploitation accrue de la majorité de la population et la paupérisation qui s’en suit.
Parfois, il arrive que la société sous contrainte génère des « chocs » non anticipés par le système. Cela semble être le cas du mouvement des gilets jaunes, qui a fait tâche d’huile, et dont la base s’étend quasiment à l’ensemble des couches sociales.
L’élément déclencheur a été la hausse répétée du prix des carburants, mais très vite de multiples revendications se sont ajoutées aux doléances initiales.
Le mouvement paraît avoir surpris l’État profond pour un certain nombre de raisons :
- Son ampleur,
- La décentralisation des actions sur l’ensemble du territoire,
- La non-violence et la convivialité,
- L’élan de sympathie pour le mouvement dans l’opinion publique,
- L’absence de leaders clairement identifiés.
L’État profond a horreur des évènements qui se développent en dehors de schémas connus et « codifiés » dont le système maîtrise le déroulement. En conséquence, il apparaît nécessaire d’infléchir la trajectoire du mouvement des gilets jaunes pour le faire entrer dans ces schémas connus.
Réduire l’ampleur du mouvement
Comme d’habitude, les médias aux ordres et les marionnettes politiques vont mentir en minimisant le nombre de manifestants.
Centraliser les actions dans des lieux « clos »
Le système préfère les batailles « en ligne » aux actions décentralisées de « manifestations non-violentes ». En centralisant les regroupements dans les zones urbaines, le système peut mettre en œuvre son appareil répressif surarmé face à des personnes en majorité sans défense. Dans le cas de très nombreuses actions atomisées, le système ne serait pas en mesure, faute de personnel notamment, de tout contrôler et de réprimer.
Remplacer la non-violence par la violence gratuite
Les manifestations de masse dans des zones urbaines closes, permettent de susciter, voire d’organiser des actions violentes réalisées par des « casseurs » anonymes. Alors que ce genre d’actions serait plus délicat à mettre en œuvre dans des lieux dispersés accueillant au plus quelques centaines de personnes.
Briser l’élan de sympathie pour les gilets jaunes
Cette opération essentiellement médiatique se révèle multiforme : mettre en avant, les gênes engendrées par le mouvement, « révéler » des soutiens extrémistes aux gilets jaunes, hyper médiatiser les actions des « casseurs »…
Faire émerger des « leaders » aux ordres ou prêts à le devenir
L’insistance du gouvernement pour dialoguer avec des représentants des gilets jaunes entre dans un schéma « classique ». C’est le cas du syndicalisme par exemple : très souvent, contre quelques miettes largement médiatisées, les mouvements se terminent lamentablement car les « négociateurs n’ont pu, malgré tous leurs efforts, obtenir mieux ».
Le piège de l’État profond est tendu, gilets jaunes n’y tombez pas !
Pour ne pas tomber dans le piège, les gilets jaunes doivent retrouver leur élan initial dans des formes que le système ne peut réellement maîtriser. Des actions spontanées, décentralisées, non-violentes… qui sont gages d’efficacité, de sympathie de la majorité de l’opinion publique. Si l’État veut négocier, les négociations devront se dérouler en toute transparence sur la place publique. En l’absence de telles préconisations, le mouvement pourrait être conduit à sa perte.