Goldman Sachs ne danse pas le sirtaki

par William Kergroach
mardi 9 octobre 2018

La Grèce connait une situation que toute l'Europe du sud, dont la France, va connaître sous peu. Pourtant, personne ne parle plus de la Grèce, tout va mieux, nous assure-t-on. Non, la Grèce, symbole de l'Europe païenne et pré-chétienne, ne peut pas sortir de l'Europe, du moins pas avant que le plan prévu ne s'accomplisse.

La Grèce nous avait habitué à l’idée qu’il existait un pays insouciant et prospère, où rien ne pouvait nous empêcher de dormir. Tout le monde partait se faire bronzer en chantant dans ce pays des milliardaires amateurs de cigares, de lunettes noires et de divas américaines. On revenait, émerveillé, des îles grecques pour retourner à notre boulot-dodo quotidien en se promettant d’économiser suffisamment pour pouvoir y retourner boire de l’ouzo sous les tonnelles.

Mais, ce n’était qu’un chant de cigales. Les fourmis allemandes ne dansent pas le sirtaki. Les dépenses publiques vertigineuses, soigneusement encouragées par les vautours de Goldman Sachs, et la fraude fiscale généralisée ont détruit le mirage de la Grèce heureuse.

Le premier ministre Alexis Tsipras, qui avait remporté les élections de 2015 en promettant crânement de s’opposer aux créanciers internationaux, a retourné sa veste. Les Grecs ont souffert, beaucoup souffert, au point de voir leur espérance de vie chuter, et le chômage atteindre près de 30 % de la population.

Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières, ancien ministre socialiste de François Hollande, n’a, lui, pas du tout souffert de la récession. Du haut de ses 24 000 euros mensuels, il a affirmé cette année, très content de lui, que la Grèce allait redevenir un « pays normal de la zone euro ».

Le député Harry Theocharis, ministre des recettes publiques pendant la crise, n’est pas de cet avis : « Nos créanciers ne partent pas. En janvier, une autre série de réductions d'un montant de 1,8 milliard d'euros sera mise en œuvre. Et nous parlons d'objectifs budgétaires pour 2060. J'aurai 90 ans... »

Les financiers internationaux, qui ont dépecés la Grèce, exigent toujours plus de réductions de salaires et de retraites, toujours plus de hausses d’impôts et ces réformes « structurelles » qui annihilent tout espoir de croissance économique. Les Grecs ne peuvent plus se soigner, ils crèvent sur place et n’ont plus la force de danser le sirtaki. On nous martèle que la population aurait retrouvé l’espoir parce que la saison touristique a été exceptionnelle. Que ne ferait-on pas pour nous convaincre que l’Europe est encore solide, que les Grecs ne louchent pas vers la Russie orthodoxe pour sortir de ce piège américain ? Que ne ferait-on pas pour ne jamais mentionner le Grexit ?

La dette de la Grèce s’élève à 320 milliards d’euros, elle ne sera jamais remboursée.


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