Gouverner avec ou sans Dieu
par Pierre R. Chantelois
vendredi 23 février 2007
La politique américaine est marquée par un double fondamentalisme (Howard, 1996) : le religieux et le politique. Que se passe-t-il lorsque morale, religion et mensonges sont au même rendez-vous pour gouverner un État et la planète ? Machiavel ne prônait-il pas un gouvernement pragmatique, détaché de la morale et de la religion, ayant parfois recours au mensonge ou à la force dans le but d’apporter, à terme, le bien général ? L’Amérique offre aux visiteurs, lorsqu’ils veulent bien y prêter attention, une mosaïque de religions, de cultures, de rites, de croyances et de convictions profondes qui ressembleraient à des légendes urbaines. Qu’est-ce donc que l’Amérique de Georges W. Bush qui fait trembler le monde, qui fait l’objet de toutes les envies, qui a fait rêver des générations en quête de fortune, qui a généré des ruées vers l’Or ? Portrait sommaire de l’Amérique de Georges W. Bush.
La politique américaine est marquée par un double fondamentalisme : le religieux et le politique. Que se passe-t-il lorsque morale, religion et mensonges sont au même rendez-vous pour gouverner un État et la planète ? Machiavel ne prônait-il pas un gouvernement pragmatique, détaché de la morale et de la religion, ayant parfois recours au mensonge ou à la force dans le but d’apporter, à terme, le bien général ? L’Amérique offre aux visiteurs, lorsqu’ils veulent bien y prêter attention, une mosaïque de religions, de cultures, de rites, de croyances et de convictions profondes qui ressembleraient à des légendes urbaines. Qu’est-ce donc que l’Amérique de Georges W. Bush qui fait trembler le monde, qui fait l’objet de toutes les envies, qui a fait rêver des générations en quête de fortune, qui a généré des ruées vers l’Or ? Portrait sommaire de l’Amérique de Georges W. Bush.
Samuel P. Huntington affirme, dans Le choc des civilisations, que « pour la première fois dans l’histoire, la politique internationale est devenue à la fois multipolaire et multicivilisationnelle. [...] Outre la langue, l’histoire, les coutumes et les institutions, la religion est le critère principal qui permet de distinguer les civilisations entre elles. » Il dénombre huit grandes civilisations : la civilisation chinoise, la civilisation japonaise, la civilisation hindoue, la civilisation musulmane, la civilisation occidentale, la civilisation slave-orthodoxe, la civilisation d’Amérique latine, la civilisation africaine (Paris, Éditions Odile Jacob, 1997, p.402). D’aucuns craignaient, après la dernière guerre, la prévalence de la civilisation japonaise au détriment de la civilisation occidentale. Le relèvement de l’économie a fait trembler les colonnes du temple des affaires. Puis, ce fut au tour de la civilisation chinoise. Le savoir-faire chinois est apparu progressivement et insidieusement, au gré de plusieurs politiques occidentaux. Depuis 2001, l’Occident voit poindre la civilisation musulmane et s’en inquiète profondément. Le choc de ces civilisations d’après guerre qui émergent sans coup férir bouscule la planète, au même titre que la mondialisation remet en question certains grands fondements des économies modernes.
La théorie de la séparation des pouvoirs, élaborée par Locke (1632-1704) et Montesquieu (1689-1755), visait bien évidemment à rendre indépendantes les différentes fonctions de l’État afin de limiter l’arbitraire. L’objectif de Montesquieu relativement au principe de la séparation des pouvoirs était de parvenir à un équilibre : « Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » En 1787, les rédacteurs de la Constitution américaine, forts de ce principe, ont mis en place un régime présidentiel organisé selon une séparation stricte des trois pouvoirs :
· le pouvoir législatif
· le pouvoir exécutif
· le pouvoir judiciaire
Ces trois pouvoirs, indépendants les uns des autres, tant par leur mode de désignation que par leur fonctionnement, ont été tempérés par des moyens de contrôle et d’actions réciproques conçus dans l’esprit de la « doctrine des checks and balances.
Une démocratie, au contraire de la religion, fait reposer - plus ou moins directement - la gestion et les décisions de l’État sur le vote et l’élection au sein d’une société pluraliste fondée sur la liberté de penser.
Dans un état théocratique, théocratie associe « Dieu » et « puissance » La religion procède d’un dogmatisme en cela qu’elle se réclame d’une vérité absolue révélée qui est dans ses principes fondamentaux. Le gouvernement est formé par les prêtres ou leurs émissaires qui exercent l’autorité au nom de Dieu. Le clergé ou leurs émissaires tirent donc leur pouvoir de celui de Dieu. Fait à noter : le pouvoir religieux dans la théocratie chrétienne revient aux hommes avec très peu de directives religieuses.
Dans un État islamique, le chef est choisi par le peuple. Il n’est pas obligatoirement un dignitaire religieux mais il doit, dans sa gouverne, consulter les dignitaires religieux. Il détient son pouvoir du peuple qui peut lui demander des comptes et le destituer. Le pouvoir dans l’État islamique consiste à appliquer la Loi islamique sous le contrôle de l’Ummah.
L’État islamique diffère de l’État démocratique : dans le cadre d’un État démocratique, le peuple peut pleinement choisir les lois, comme bon lui semble, sans restriction. Dans un État islamique, cette capacité législative est soumise au respect des règlements catégoriques de la Loi islamique. Il serait inapproprié de qualifier un État islamique, l’Iran, par exemple, de démocratie, bien qu’il en possède certaines qualités.
Gouverner avec Dieu dans un État laïque
À l’issue de la Première Guerre mondiale, le président Wilson affirmait : « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde [...]. L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde [...]. Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » Herman Melville, l’auteur de Moby Dick, qui sera considéré bien plus tard comme l’un des plus grands romanciers américains, affirmait : « Nous, Américains, sommes le peuple élu, l’Israël de notre temps, nous portons l’Arche des libertés du monde. » George Washington déclarait pour sa part que « chaque pas qui nous fait avancer dans la voie de l’indépendance nationale semble porter la marque de l’intervention providentielle ».
Sur une des petites pièces de monnaie frappées pendant la Guerre civile, on pouvait lire « Nous avons confiance en Dieu » [In God We Trust]. Cette devise s’est répandue sur toutes les pièces jusqu’à la Première Guerre mondiale. Dans le même élan de religiosité, le Congrès sous Eisenhower l’a faite imprimer sur les billets de banque - comme une sorte de vœu d’allégeance - sans spécifier toutefois s’il s’agissait de Dieu au sens générique ou si ce voeu respectait la déité des 23 000 autres obédiences chrétiennes du pays.
L’Amérique, première nation protestante, se concevait comme une sorte de nouvel Israël : l’Europe aurait été l’Égypte, l’Amérique sera la Terre promise. L’Amérique indépendante serait devenue une sorte d’Église dont la liturgie est formalisée par la Déclaration d’indépendance et la Constitution de 1787 ; mais cette Église est toujours peuplée par des protestants individualistes et égalitaires. Elle est donc vécue comme l’incarnation du Bien qui ne saurait se compromettre dans des tractations avec le Mal. Seymour Martin Lipset constate qu’il n’y a qu’aux États-Unis qu’on puisse accuser ses concitoyens d’être « un-American » L’Amérique est une doctrine unique et unie, une sorte d’idéologie vivante et vécue que l’on choisit comme on choisit d’entrer dans une dénomination. On y croit ou on n’y croit pas, un point c’est tout. Tout ce qui tombe dans la zone d’incertitude doit être rejeté.
Bill Clinton, le 1er janvier 2000, terminait son discours à la Nation en confirmant sa mission universelle : « Si l’Amérique respecte ses idéaux et ses responsabilités, nous pouvons faire de ce siècle nouveau une époque de paix sans pareille, de liberté et de prospérité pour notre peuple comme pour tous les citoyens du monde. » La certitude que l’Amérique a été élue par Dieu pour une destinée particulière dans le monde imprègne des textes qui sont encore fondamentaux pour les Américains, comme la Déclaration d’indépendance, le Bill of Rights, la Constitution fédérale.
Gouverner avec Georges W. Bush
Après le scandale des présidents Nixon et Clinton, l’Amérique voulait se purifier des souillures passées. Elle attendait un président vertueux, à la limite du messianisme. Elle l’a trouvé.
Georges W. Bush est protestant méthodiste, de père épiscopalien et de mère presbytérienne. Méthodiste depuis 1986, Georges W. Bush appartient à la mouvance évangélique, une influence manifeste dans son action. Nombre de ses prédécesseurs à la Maison Blanche appartenaient à la même mouvance. Et ils ont, au moins aussi souvent que lui, mêlé religion et politique.
Selon Georges W. Bush, sa victoire n’est pas le fruit du hasard. Le nouveau président se croit investi d’une mission divine et pense avoir été placé là où il est, par le ciel. Dans son mythe fondateur, Georges W. Bush insiste sur le fait que cette rencontre avec Dieu l’a sauvé de l’alcoolisme et l’a mené directement au bureau ovale. Une histoire de rédemption (j’étais perdu, Jésus m’a sauvé) qu’il répète à l’envi. À son intronisation, le révérend Franklin Graham a béni le nouveau président aux noms du père, du fils, du Seigneur Jésus-Christ et du saint esprit. Un autre ecclésiastique ajouta : « Le nom de Jésus-Christ est celui qui se trouve au dessus de tous les autres noms. »
Gouverneur du Texas, Georges W. Bush pensait sérieusement n’exercer qu’un seul mandat local. Directeur de recherche à l’Iris, Catherine Durandin a publié, en 2003, La dynastie des Bush (Éditions Grancher) et Les États-Unis grande puissance européenne (Colin 2004). Madame Durandin dresse, de Georges W. Bush, ce portrait : « Au-delà de la simple religiosité, George W. Bush est avant tout quelqu’un qui se considère comme un Born again. Il a eu une vie très agitée jusqu’à sa conversion lors de l’anniversaire de ses quarante ans, si l’on en croit son témoignage. Il a alors eu de longues conversations avec un pasteur très en vogue à l’époque, Billy Graham, qui lui ont donné un sentiment très étroit de sa relation avec Dieu. George W. Bush vit de manière très forte son engagement religieux. Il lit la Bible tous les jours et émaille fréquemment ses discours de citations bibliques. C’est un phénomène qui convient assez bien à l’évolution des mentalités aux États-Unis. »
L’Amérique de Georges W. Bush
Regardons donc d’un peu plus près ces mentalités américaines.
Selon la théorie de Dick Howard, professeur au département de philosophie à Stony Brook University de New York, deux fondamentalismes aux États-Unis représentent une double menace : ils peuvent enfanter une religion politique ou une politique religieuse, l’une aussi nocive que l’autre. Une religion politique excommunierait une partie des citoyens de la vie politique commune ; elle deviendrait rigide, dogmatique et sclérosée. Une politique religieuse ne laisserait pas de place au choix individuel ; elle le traquerait jusqu’aux recoins de sa vie privée qui s’assécherait et deviendrait conformiste et incapable de se communiquer. Cette double menace ne peut pas être conjurée par une politique qui ignorerait le religieux. Le religieux, comme dirait Durkheim, n’est que l’affirmation de la vie sociale et qui veut améliorer celle-ci se doit de la comprendre dans toutes ses expressions.
Dans l’Amérique de Georges W. Bush, cette double menace peut-elle être conjurée par une politique qui ignorerait le religieux ?
Les États-Unis sont, au sein du monde occidental, un cas unique quant au rapport de la population au religieux. Près de 94% des habitants se disent croyants, taux infiniment plus élevé que dans n’importe quel autre pays industrialisé (Sondage Newsweek de avril 2000).
Les États-Unis se singularisent par l’importance donnée à la religion : selon un sondage paru en mars dernier et publié par le Pew Reasearch Center for the people and the press, ils sont 59% à estimer la religion « très importante », arrivant très largement en tête de tous les pays industrialisés, ainsi que de la plupart des pays d’Europe centrale et orientale. Leurs voisins canadiens, par exemple, y accordent deux fois moins d’importance. De même, parmi les pays de la « nouvelle Europe », la Pologne, pourtant patrie de Jean-Paul II, ne considère la religion très importante qu’à 36% (Sondage publié en mars 2003 par le Pew Reaseach Center for the people and the press).
17% des Américains se définissent comme fondamentalistes et adhéreraient aux représentations du début et de la fin du monde, composantes essentielles du fondamentalisme (Sondage CNN /Times de juin 2002)
63% des Américains ont assisté à une célébration religieuse chrétienne le mois précédent ; 67% consolident leur foi sur un des médias chrétiens de masse (radio, télévision ou livre) ; 52% ont écouté une radio, 43% regardé une chaîne de télévision et 33% lu un livre chrétien autre que la Bible le mois en question (Institut Barna Research, juillet 2002)
46% le pourcentage d’Américains qui estiment que le monde a été créé il y a moins de 10 000 ans. À titre de comparaison, la même enquête, effectuée en Europe continentale, obtient des taux inférieurs à 5%, et en Grande-Bretagne, pays pourtant profondément imprégné de culture biblique, un taux de 7%.
Les États-Unis drainent plus de 40% de l’immigration mondiale, singulièrement à partir du « sud » en règle générale plus religieux. D’où un recours fréquent à Dieu (67% des personnes interrogées affirment qu’il leur est arrivé de prier pour que s’accomplisse un miracle) (Sondage Newsweek de avril 2000).
L’immigration en Amérique s’effectue la plupart du temps en communauté, si bien que les immigrés reproduisent leur mode de vie et conservent la plupart de leurs traditions, notamment religieuses.
Sur 2000 Américains interrogés, une moitié estimait que les candidats à la présidentielle devaient évoquer en public leurs convictions religieuses, l’autre moitié trouvant qu’il était préférable de les garder pour eux (Sondage ABC News de janvier 2000).
Il existe aussi aux États-Unis de nombreuses communautés catholiques exaspérées par ce qu’elles considèrent comme le progressisme du Saint-Siège : 47% des catholiques américains considèrent même que le pape a « perdu le contact avec les catholiques des États-Unis ».
(Sources : Cairn)
La relève de l’Amérique
Selon une étude réalisée en avril 2006 par l’Institut de sciences politiques (IOP) de l’Université de Harvard, basée sur un échantillon de 5,1 millions étudiants de 1200 universités américaines, pour 7 étudiants sur 10, la religion occupe une grande place dans leur vie. En outre 25% d’entre eux indiquent s’être davantage orientés vers la spiritualité depuis leur entrée à l’université, contre 7% disant le contraire. Une majorité estime que l’avortement, les mariages homosexuels et les recherches sur les cellules souches relèvent davantage de la morale que de la politique, de même que la négligence du gouvernement américain lors de Katrina, la guerre en Irak, l’environnement ou l’éducation. « La religion n’est pas seulement très importante dans la vie des universités américaines aujourd’hui, mais la religion et la morale sont essentielles pour la formation de l’opinion des étudiants en matière de politique », a indiqué la directrice de l’IOP d’Harvard, Jeanne Shaheen. 46% s’affirment par ailleurs optimistes sur l’avenir de leur pays, les étudiants de tendance républicaine s’affirmant plus optimistes (67%) que ceux se disant démocrates (37%). 7 étudiants sur 10 veulent le retrait total ou partiel des troupes américaines d’Irak et 72% des étudiants interrogés sont favorables à une approche multilatérale des affaires internationales.
Gouverner selon Georges W. Bush
Au lendemain de la réélection de Georges W. Bush, Simon Lévy, historien, membre du Comité de la communauté juive de Casablanca et président-fondateur du Musée du judaïsme marocain, déclarait à l’Associated Press, en tant que « juif, marocain et citoyen du monde » : « Depuis quatre ans, le monde a appris à connaître ce qu’était la droite religieuse américaine, tous les extrémistes sont les doigts d’une même main. »
En 2004, Georges W. Bush expliquait à la grande revue catholique américaine, Catholic Digest, entrevue reprise par La Croix, le rôle que devait jouer la religion dans l’espace public : « La religion et l’exercice libre de la religion sont d’une importance vitale pour notre pays. Si la séparation de l’Église et de l’État est importante aux États-Unis, nous devons toujours nous souvenir que la religion a joué un rôle considérable dans notre fondation et joue un rôle important aujourd’hui. Ceux qui souhaitent faire disparaître la religion et les valeurs enracinées dans la religion de l’espace public ont une compréhension erronée de l’histoire américaine et du premier amendement de notre Constitution. » Le premier amendement de la Constitution américaine stipule sur la liberté religieuse : « Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre. »
A la question sur les références fréquentes de Georges W. Bush à la religion, le président a répondu : « La plupart de mes prédécesseurs parlaient ouvertement de leur confiance en Dieu, de George Washington à John F. Kennedy en passant par Abraham Lincoln. Tout au long de l’histoire américaine, des citoyens guidés par leur foi ont fait de grandes choses, en appelant à la conscience de cette nation, et ont fait de ce pays un endroit meilleur, à l’image de Dorothy Day, Martin Luther King, du rabbin Abraham Heschel ou du révérend Billy Graham. Je rends aussi hommage à Jean-Paul II, qui a rappelé à notre pays que nous avons une vocation spéciale à promouvoir la justice et à défendre les faibles et ceux qui souffrent dans le monde. »
Sur le rôle de l’Amérique dans le monde, la vision de Georges W. Bush est la suivante : « Les Américains ont toujours été prêts à servir la cause de la liberté et de la démocratie. Nous avons libéré puis unifié le continent européen, stoppé la progression du communisme en Asie et, maintenant, au Moyen-Orient, nos troupes construisent un futur d’espoir pour des gens qui ont vécu pendant des générations sous une tyrannie brutale. Nous sommes dans une nouvelle guerre, contre une idéologie qui n’attache aucune valeur à la vie et des ennemis qui cherchent à blesser et à tuer à très grande échelle. C’est une nouvelle mission. Nous avons déjà connu des missions semblables dans le passé, et chaque fois, l’Amérique a répondu à l’appel. Cinquante millions de personnes en Afghanistan et en Irak vivaient dans la peur des tyrans et des terroristes, ces gens vivent libres aujourd’hui et construisent un futur rempli d’espoir. Et c’est arrivé parce que l’Amérique a agi. »
Conclusion anecdotique
En juin 2006, avait lieu la Convention annuelle des baptistes du Sud. George W. Bush à titre privé et la secrétaire d’État Condoleezza Rice à titre officiel ont participé à cette convention à Greensboro (Caroline du Nord). Ils ont expliqué à 18 000 « messagers de Dieu » comment ils gouvernent pour propager la Justice divine sur Terre dans l’imminence de la fin des Temps. Peu après son ouverture, la Convention a été interrompue par un message surprise de George W. Bush, s’exprimant par vidéo depuis Bagdad, en terre biblique : « Il a rappelé aux "messagers" son projet de modification de la Constitution des États-Unis pour empêcher des "juges militants" d’autoriser le mariage gay. Il a énuméré un ensemble de décisions présidentielles inspirées par sa foi : limitations réglementaires du droit à l’avortement, suppression des subventions aux associations favorables à l’avortement, campagnes pour l’abstinence sexuelle des jeunes célibataires, interdiction des recherches scientifiques sur les cellules souches, et bien sûr privatisation massive des services sociaux et de santé au bénéfice des organisations religieuses. »
Au lendemain du discours de Georges W. Bush, Condoleezza Rice est venue expliquer toute la démarche de l’Amérique à l’égard du monde : « C’est ici, Mesdames et Messieurs, que se pose un choix pour notre pays, devant nous en tant qu’Américains. Devons-nous conduire le monde ou devons-nous nous en retirer ? [...] Si ce n’est pas l’Amérique, qui ralliera les autres nations à la conscience de la défense internationale de la liberté de religion ? Le président Bush a clairement défini que les meilleures relations avec les États-Unis sont réservées à des gouvernements qui respectent les croyances de leur peuple. [...] Mesdames et Messieurs, le message de l’Amérique ne peut être plus clair : les gouvernements n’ont aucun droit de s’interposer entre les individus et le Tout-Puissant. »
Questions
Est-il possible qu’un jour l’Amérique exige une gestion laïque dans un État laïque ?
Dieu est-il bien avisé de conseiller Georges W. Bush sur la politique extérieure des États-Unis ?