Gouverner, ce n’est pas régner
par Taverne
mardi 18 avril 2023
Seul un souverain peut prétendre régner, un président en France ne peut rien prétendre d'autre que de présider et gouverner. L'article 3 de notre constitution dit : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice." Seul le peuple règne car seul le peuple possède la souveraineté. Aucun individu, vous entendez-bien "aucun individu" (quel qu'il soit) ne peut exercer la souveraineté en lieu et place du Peuple. Or, nous voici face à une situation de crise démocratique et institutionnelle parce qu'un président a pris le pli de régner au lieu de gouverner et de bafouer ainsi la constitution.
D'entrée de jeu, Emmanuel Macron s'est posé en monarque. Dès son premier mandat, il a créé un mouvement portant son sceau "E.M". Sa mise en scène de longue marche solitaire près de la pyramide du Louvre disait "je suis le seul souverain". Dès ce moment, il déchirait la constitution et décidait d'agir en monarque absolu. Les journalistes ont cru seulement qu'il écartait les corps intermédiaires. Ils n'ont pas vu qu'il écartait carrément le Peuple. Macron a déclaré tout de go que les Français avaient la nostalgie de la monarchie et qu'il allait remédier à cela. Mais qui lui a soufflé dans l'oreille pareille ineptie si ce n'est lui-même ou l'un de ses nombreux conseillers technocrates élitistes et déconnectés de la population ?
Depuis, nous en sommes là. Cela vous étonne-t-il qu'il décide seul une réforme des retraites calamiteuse, méchante, qui ne rapportera pas grand-chose et dans le seul but de faire plaisir aux marchés et à la technocratie bruxelloise ? Vous ne seriez nullement étonné si vous aviez compris la démarche originelle du personnage qui se prend pour le roi et qui a usurpé le pouvoir souverain. Dans ces conditions, n'attendez pas le moindre référendum !
Tous ces coups politiques, comme les conseils citoyens, le grand débat, sont des diversions à la Louis XVI qui eut recours à divers subterfuges pour laisser accroire que le peuple était entendu : cahiers de doléances entre autres.
Pourquoi Macron n'a pas de projet
Gouverner, c'est aussi prévoir mais quand vous régnez, à quoi bon vous embêter avec des prévisions et des projets de réformes pour faire progresser le pays ? Inutile ! Vous pouvez tout à fait vous en passer puisque le pouvoir est tout entier dans vos mains et que, quoi que vous décidiez, il en sera toujours fait selon vos volontés. Des équipes à votre service se chargent d'élaborer les mesures, de les faire voter (par les valets de Sa Majesté), de les faire valider (par des pseudos "juges" constitutionnels) et enfin de les faire appliquer par décrets.
Voilà pourquoi les journalistes constatent que Macron n'a proposé aucun programme pour sa seconde élection (sauf la réforme des retraites) et voilà pourquoi il n'a rien présenté hier soir lors de son allocution non plus. Macron ne gouverne pas ; il règne. Comme il ne gouverne pas, il ne prévoit pas et fait mentir l'adage. Bien sûr, direz-vous, la Première ministre gouverne et devrait prévoir. Elle le fait ! Mais Macron lui dit à chaque fois : laissez tomber toutes ces futilités ! Pas besoin de penser à des réformes utiles pour les Français. C'est moi seul qui règne ! Allez donc plutôt faire part de ma bonne parole au peuple. Tel est mon bon plaisir.
Que sommes-nous ? TOUT ! Quel pouvoir avons-nous ? AUCUN !
Sommes-nous réduits à laisser cet usurpateur donner notre pays aux privilégiés, toujours plus riches, toujours plus favorisés ?
Il n'y a pas de fatalité. L'Intersyndicale a su porter la voix du Peuple et de tous les gens de notre pays la France, avec force et avec dignité et surtout avec une clarté incomparable. Le monarque veut faire taire cette voix et continuer son train de mesures royales. Il nous a pris notre pouvoir, notre liberté : il veut en plus nous prendre notre voix !
Le Premier Mai, je serai du côté du Peuple et avec le Peuple.
Abolissons la monarchie, rétablissons la démocratie !