Grèce 2015 : le spectre du corralito argentin de 2001....

par ALEA JACTA EST
lundi 9 février 2015

La récente tournée réalisée par le ministre grec de l'économie Varoufakis ne laisse rien présager de bon pour les grecs. Cette tourneée s'est effectuée à l'envers en terminant par le pays à qui la Grèce doit le plus d'argent, c'est à dire l'Allemagne. Les entrevues avec les partenaires anglais et français n'ont rien donné de concluant et il fallait être bien naïf pour croire que le gouvernement grec entamerait la solidarité des Etats du Nord de l'Europe.Ce calendrier à l'envers n'a fait qu'agacer davantage les allemands.

Revenons maintenant à la méthode du gouvernement grec, qui à mes yeux fait tout à l'envers et ne peut provoquer que l'affolement et l'effondrement des marchés.

D'abord Tsipras déclare officiellement le soir des élections la fin de l'austérité...Là on frise un peu l'inconscience quand les caisses sont vides et qu'on doit 320 milliards à la troika ( c'est à dire nous...vu que c'est nous, en dernier lieu, qui mettront la main au porte-monnaie). Aucun gouvernement ne peut décréter la fin de l'austérité mais peut déclarer des intentions de lutter contre elle avec des mesures qui sont dans le programme de SIRIZA : mesures dont je partage certaines idées pour relancer l'économie ( sauf que, encore une fois, ça fait sourire de voir qu'ils proposent un smic plus élevé que celui de l'Espagne alors que celle-ci paie ses dettes et pas la Grèce...encore une fois il y a un certain irréalisme dangereux car il ne peut créer que d'énormes frustrations au sein d'une population grecque déjà très éporouvée.. là,on joue avec le feu...).. 

Ces effets d'annonce n'ont eu que des effets négatifs : prime de risques qui s'envole, fuites de capitaux ( à commencer par ceux des grecs qui ont 3 ronds et qui n'ont absolument aucune confiance sur le réalisme de leurs gouvernants, sans même parler des autres...)...et, et, et...et risque de Corralito comme en Argentine en 2001. C'est à dire manque de liquidités : les distributeurs bancaires qui ne distribuent plus rien du tout, le troc qui fait sa réapparition, l'extrême pauvreté qui revient au galop et qui s' accroît encore plus, les salaires non versés, les hôpitaux qui ne peuvent plus fonctionner normalement, carences de produits de première nécessité et un très très long etcétéra de calamités.... Bref, et j'espère me tromper en écrivant ça, mais la méthode Tsipras ressemble pour l'instant au suicide annoncé d'une nation.

En fait, ce n' est pas la peine de faire marcher notre imagination pour savoir ce qui pourrait arriver, car cette situation s'est déjà produite par le passé :

Faisons un petit rappel sur la situation de l'argentine en 2001. Voici ce que nous raconte Madame Wiki :

Corralito (prononcé ko.raˈli.to) est le nom informel donné aux mesures économiques prises en Argentine le 1er décembre 2001, lors de la crise économique, par le ministre de l'économie Domingo Cavallo dans le but de mettre fin à une course à la liquidité et à la fuite des capitaux. Prévu à l'origine pour une durée de 90 jours, il fut maintenu parEduardo Duhalde, investi président en janvier 2002, jusqu'au 1er décembre 2002. Le mot espagnol corralito est le diminutif de corral, qui sert à restreindre le mouvement des animaux.

Le corralito limite les retraits d'argent à 250 pesos par semaine et interdit tout envoi de fonds à l'extérieur, pour lutter contre la fuite des capitaux1. Prévue à l'origine pour une durée de 90 jours, cette mesure provoqua la panique, chacun tentant de retirer ses dépôts des banques1 et entraîna la chute du gouvernement de Fernando de la Rúa trois semaines plus tard1.

Le corralito eut pour conséquence immédiate de provoquer une baisse importante du commerce intérieur et extérieur, entre autres en raison d'un manque de terminaux de paiement électronique chez les commerçants2.

En vigueur pendant presque une année complète, les mesures ont en pratique gelé les avoirs bancaires et interdit tout retrait des comptes de banque en devises dollars, tandis que les retraits en pesos eux-mêmes ont été fortement limités ; jusqu'à l'abrogation de la loi de convertibilité le 7 janvier 2002, un peso valait un dollar. Cette mesure a été étendue à tous les comptes bancaires argentins : ainsi, même les Argentins à l'étranger, qui dépendaient de tels comptes, ont vu leurs retraits très fortement limités (tout au plus l'équivalent de quelques centaines d'euros, environ 300, pouvaient être retirés dans le mois)

 

Voilà le spectre immonde qui s'annonce pour les grecs s'ils continuent de s'y prendre aussi mal.

Le fait que SIRIZA gagne les élections ne leur donne pas de légitimité pour que ce soit les allemands, les français, les espagnols, etc...qui mettent la main au porte-monnaie.

Il faut être solidaire avec les grecs car on ne peut laisser une nation entière mourir sous nos yeux, mais c'est aussi aux gouvernants grecs d'être réalistes et de proposer un chemin sur lequel l'UE pourra les suivre... Or, balancer un smic superieur à celui de l'Espagne quand la Grèce est en situation de banqueroute n'est malheureusement pas viable. Ça fait sourire tristement tous les experts, y compris de gauche...

J'écris cela avec une certaine tristesse mais il faudrait quand même arrêter les délires et revenir un peu sur Terre. Au fond, je souhaite une vraie réussite à ce gouvernement qui a raison de rompre avec les recettes de la troika qui n'ont apporté que malheur et désolation... Ceci dit, il faut compter avec les autres et proposer un itinéraire réaliste pour que puisse s'exercer la solidarité que nous souhaitons tous... et le réalisme ce n'est pas de créer des milliers de postes de fonctionnaires qui vont peser encore un peu plus sur la dette sans créer aucune richesse.

Moi, je me sens grec.... mais la méthode TSIPRAS me paraît très très erratique... à mi-chemin, entre le bluff, l'aventure, le chantage et aussi en jouant sur les aspirations légitimes d'un peuple au risque de provoquer de cruelles désillusions.


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