Grippe A H1N1 : du consensus sentimental à la con censure du couvre-feu médiatique

par Bernard Dugué
vendredi 20 novembre 2009

La campagne de vaccination a pris un tournant nouveau. C’est logique. Nous sommes dans une sorte de guéguerre médiatique. Déjà, un premier virage avait été décelé en septembre 2009. J’avais dénoncé quelques chiffres lancés hâtivement par les experts, relayés par les médias sans décodage critique. Il fallait un peu de propagande pour préparer le terrain, aurait pensé Ellul, l’un des rares intellectuels du second 20ème siècle, avec Foucault et Lévi-Strauss, méritant d’être qualifié de penseur. La propagande prépare le terrain. Il faut conditionner les esprits pour que les corps aillent se faire vacciner. La tactique des chiffres n’a pas assez bien marché. Les Français n’y croient pas, à cette grippe qu’on a présentée sous un jour si démoniaque, comme la peste du 21ème siècle. Non, ce n’est pas crédible, et puis, ces achats intempestifs de vaccins, cette précipitation, ces agitations, ces soupçons, ces tergiversations, ces hésitations, ces précautions envers un vaccin perçu comme potentiellement nocif, avec du squalène et des adjuvants, pas de quoi inciter à vacciner malgré les injonction des adjudants en blouse blanche. Fin de l’épisode. Opinion 1 Bachelot 0


Nouvel épisode. Qui a commencé il y a quelques jours. Face aux réticences, les experts ont décidé d’en appeler au sens civique. On doit se vacciner pour protéger les gens fragiles. C’est nouveau comme discours. Et dans les médias de masse, pas la moindre discordance. Tous y vont, notamment Jean-Claude Ameisen sur France Inter, qui nous a servi une soupe sentimentale dégoulinante, qu’on aurait dit un prêche émanant d’un scientiste de l’Eglise positiviste fondée par Auguste Comte. Aucun recul. Nul ne sait comment se transmet le virus. Quant aux gens fragiles, ils peuvent attraper des tas de microbes qui ne sont pas grippaux, notamment des virus pulmonaires non grippaux ou alors ces bactéries responsables des pneumopathies. Je me souviens en avoir chopé une il y a trente ans. Quinze jours à cracher du pus. On se doute bien que chez un pulmo déprimé, ça risque de faire des dégâts. Et puis, cette grippe, elle n’est pas plus intense que toutes celles qu’on a connues depuis des décennies. La vaccination des personnes âgées est en place depuis pas mal de temps, avec un remboursement intégral, mais aussi un accès à tous ceux qui le souhaitent. Pourquoi alors cette année faudrait-il vacciner tous les Français au nom de ce principe de protection ? Alors comme ça, les années précédentes, nous qui n’étions pas vaccinés serions responsables des quelques centaines de morts de sujets à risque ? Tout cela n’est pas très sérieux. A se demander si les scientifiques pensent et si Jean-Claude Ameisen a sa place au comité d’éthique.


Et les philosophes ? On ne les entend pas beaucoup. Sans doute, la peur de passer pour un assassin, dans ce contexte de colère, de lynchage moral, de tribunal médiatique. Il ne fait pas bon être un libre penseur. Exprimez votre défiance envers la taxe carbone, mettez en doute les conclusions du GIEC, et voilà qu’on vous classe comme assassin de la planète. Et pour le vaccin c’est pareil. On ne vous convoquera pas aux assises si vous refusez le vaccin mais le tribunal de l’opinion dégoulinante, relayé par les expertises sanitaires pour foules sentimentales et les procureurs de la précaution des hypos cons driaques, vous déclarera coupable, mauvais Français, assassin des pauvres gens que la nature a dotés de poumons fragiles. Par contre, si vous laissez crever un SDF sur le trottoir, on ne vous en tiendra pas rigueur, surtout si l’hiver est rigoureux et que vous passez à travers les mailles de la police morale en rasant les murs gris emmitouflé dans une gabardine.


L’émission de Frédéric Taddéi nous surprend par sa tonalité dissonante. Parfois, un acteur mettant en doute le 11 septembre a son quart d’heure pour s’exprimer et briser le consensus. Peu importe le fond, l’essentiel est de donner la parole à toutes les opinions. Et comme dirait mon pote Spinoza, il faut laisser les gens s’exprimer. Un pays n’a rien à gagner à censurer la liberté d’expression, ni à craindre que trop de liberté d’esprit puisse nuire à la société. Mais ce 19 novembre, le plateau a été très consensuel. A part Patrick Pelloux, invité pour jouer le trouble-fête de service, cogner gentiment sur les politiques, y aller de ses tirades de Savonarole aux urgences médiatiques. Mais Pelloux n’a pas remis en cause la vaccination. Il a juste tapé sur la campagne. Mais était-ce nécessaire ? Les Français se sont déjà fait une opinion sur cette calamiteuse vaccination. L’urgentiste préféré des Français s’est fait vacciner, comme du reste les quatre autres invités du plateau. C’est-il pas beau le consensus et ce sens civique de nos élites ?


On attendait un peu de critique et de controverse mais rien. Certes, on ne pouvait rien espérer des deux professeurs, ni du député Debré tenu par un devoir de réserve. Il aurait fallu inviter un Goncourt pour contester la vaccination ? Non, mais un philosophe, sans doute. Et en effet, il y avait une philosophe sur le plateau, une blonde BCBG, au regard livide, qu’on aurait crue sortie d’un casting pour un remake du bal des vampires. Cette philosophe n’a pas joué son rôle de critique. Elle a joué sur la fibre sentimentale et même s’est positionnée en procureure des opposants aux vaccins, ne comprenant pas comment ils ne suivent pas l’injonction de l’évidence. Et là, c’est sans doute le signe d’une société qui va mal. Qu’un expert ou un politique s’en remette à l’évidence, on ne sera pas choqué, mais qu’une philosophe fasse de même, c’est là un indice d’une société qui perd la raison, qui refuse le débat contradictoire, qui a peur de l’opinion contraire, bref, c’est comme si on avait promulgué un couvre-feu médiatique. Les libres penseurs, les contradicteurs, sont priés de rester chez eux et de ne pas aller sur les plateaux de télévision. La police morale veille au bon déroulement de la vaccination.


Dieu merci, la zone du Net est pour l’instant une zone libre, pas encore encadrée par le pétainisme sanitaire. Les médias de masse s’enfoncent un peu plus chaque jour en parlant de la grippe. Et pour ma part, je crains un black out et une con censure de ce livre qui pose des questions de société en analysant la pandémie de 2009.

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