Groupe d’amitié France-Mauritanie : que vient y faire le père de la loi criminalisant le boycott d’Israël ?

par vlane
vendredi 9 septembre 2016

Pour les extraterrestres qui l’ignorent encore : «  Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) est une campagne internationale appelant à exercer diverses pressions économiques, académiques culturelles et politiques sur Israël afin d'aboutir à la réalisation de trois objectifs : la fin de l'occupation et de la colonisation des terres arabes, l'égalité complète pour les citoyens arabo-palestiniens d’Israël, et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens. »

 

A cause de la loi qu’il a porté et qui porte désormais son nom «  loi Lellouche », rejoindre le mouvement mondial pour le boycott d’Israël est un délit en France.

Ainsi Haaretzjournal de gauche parmi les 4 plus grands quotidiens israéliens ) a rappelé en février 2014 alors que 20 militants pro-BDS furent condamnés par la justice française que la « loi Lellouche, ainsi nommée d’après le député juif [de France] qui l’a soumise en 2003, est un des outils législatifs les plus puissants au monde pour combattre le mouvement croissant Boycott, Désinvestissement Sanctions (BDS), qui a catapulté la France à l’avant-garde du combat contre ce mouvement par des voies légales ».

Que vient faire ce Pierre Lellouche dans un groupe d’amitié inscrit à l’assemblée nationale française alors que la Mauritanie est dirigée par un président qui a expulsé l’ambassadeur israélien et tous ses collaborateurs depuis 7 ans ?

Il faut être cohérent : on ne peut pas être le père d’une loi qui interdit d’appeler au boycott d’Israël, comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid, pour obliger Israël à respecter le droit international et être membre d’un groupe d’amitié France-Mauritanie alors que le pays a rompu ses relations diplomatiques avec l’état hébreu et dont le président ne rate aucune occasion pour dire combien il exècre la politique israélienne.

Déjà président de l’UA, Aziz fit expulser de la salle de conférence des sionistes américains, les prenant pour des israéliens même si la nuance est faible vu que la loi israélienne permet à tout juif du monde de faire son alya c’est-à-dire s’installer en Israël et devenir citoyen à part entière.

 

Récemment, encore fraîchement investi de sa tunique et son cimeterre de président de la ligue Arabe où les seuls « démocrates » sont une poignée de maghrébins, le chef de l’état mauritanien a encore dit tout le mal qu’il pense de Netanyahu .

Le minimum serait que les sionistes demandent à Pierre Lellouche de quitter le groupe d’amitié France-Mauritanie, de même que la Mauritanie devrait notifier cette occupation à la présidente de ce groupe actuellement à Nouakchott.
 

<img188236|center>

Décidément ces groupes d’amitiés franco-mauritaniens ont souvent quelque chose qui cloche. Déjà l’année dernière, une dream team du pouvoir mauritanien a répondu à une invitation à un colloque à l’assemblée nationale française co-organisé par un certain Peer de Jong ancien militaire se présentant comme «  président de l’association Europe-Mauritanie » or cette association n’a été déclarée officiellement que 4 mois plus tard…

C’est donc une association clandestine qui a organisé et reçu à l’assemblée nationale une délégation officielle mauritanienne. C’est certainement l’habitude des opérations clandestines… 

 

En vérité, la France n’est pas la Mauritanie, l’état français ne peut pas refuser à quiconque de créer son association. Il s’agit juste d’une procédure déclarative afin que l’association ait droit à la personnalité morale sans laquelle elle n’existe officiellement pas et ne peut rien faire en son nom. Le président de ladite association clandestine étant alors responsable devant la loi de toutes les conséquences liées aux activités de l’association non déclarée.

Pour le reste et pour finir, on entend tous les amis de l’Afrique et les ennemis de la françafrique noter que la France réclame pour Jean Ping au Gabon un recomptage des voix que la France et ce même Ping alors à la tête de l’U.A avaient refusé jadis à Laurent Gbagbo. Les mêmes se félicitent de voir l’UA réclamer qu’on respecte le droit gabonais à savoir que déclencher le recomptage des voix est du ressort du conseil constitutionnel et non du président sortant...

 

L’UA , ce syndicat des tyrans suivant l’expression consacrée, dirigée actuellement par sa sainteté démocratique Idriss Deby Etno, 26 ans de règne, chez qui les opposants ne sont pas seulement enfermés mais disparaissent tout simplement dans la nature du régime…

Face à cette réalité des rois de la démocratie et de leur tuteur berceau des droits de l’homme comme chacun le vérifie au fil de l’actualité récente, il faudrait donc soit prendre le parti des tyrans, du plus meurtrier au plus light, soit être du côté des intérêts français à l’heure où Ali Bongo regarde ailleurs notamment du côté de la Turquie…

On ne le redira jamais assez ! Il vaut mieux se taire que d’aller défendre des tyrans non éclairés juste parce qu’on estime que la France et l’Europe n’ont qu’à se mêler de leurs affaires suivant la récente formule d’un autre démocrate Erdogan.

C’est la double peine pour la démocratie que d’être obligé de défendre ses fossoyeurs qu’ils soient du pays ou de l’étranger. Quelle différence y a-t-il entre une puissance étrangère qui « choisit » son dirigeant pour des intérêts stratégiques et un dirigeant africain qui dompte son peuple par la menace des armes, l’intimidation, la torture, vole le pays, réduit le peuple à la pauvreté et à l’ignorance, attise la haine entre les communautés jusqu’à ce que le syndrome de Stockholm fasse son effet et que ce même peuple brisé, humilié, appauvri par lui se mette à le défendre contre l’étranger au nom de la démocratie défigurée, humiliée et réduite à l’esclavage des institutions dirigées par des suppôts du pouvoir sans foi ni loi ?

 

Pour ma part, chaque fois qu’une puissance étrangère balayera, par une révolution de palais, un tyran sans créer le chaos dans le pays, je m’en féliciterai car elle ne ferait que chasser la peste qu’elle a sinon engendrée du moins cultivée. Quant au pauvre tyran victime d’une puissance étrangère, eh ! bien il ne ferait que subir la loi du plus fort qu’il applique à son peuple pour ses intérêts égoïstes et souvent criminels.

Le recomptage des voix, la publication des résultats bureau par bureau ont plus de crédibilité dans les démocratures que l’autorité d’institutions comme le conseil constitutionnel quand ce dernier est dirigé par des automates au service du pouvoir qui les paye et leur assure des privilèges indus qui les rendent encore plus dociles et complices…

La démocratie est un système né au milieu des cendres et des larmes car la loi du plus fort était des deux côtés pour que tout le monde se mette d’accord sur les règles du jeu donnant à chacun autant de droit et à chaque bulletin autant de poids. Ce système ne tient que tant qu’il y a un nombre significatif de citoyens prêts à renverser la table au risque de créer le chaos si le pouvoir osait se permettre de piétiner les règles du jeu.

 

Ainsi pouvait-on lire dans l’éphémère constitution française du 24 juin 1793 :

« Article 11. Tout acte exercé contre un homme hors des cas et sans les formes que la loi détermine, est arbitraire et tyrannique ; celui contre lequel on voudrait l'exécuter par la violence a le droit de le repousser par la force.

Article 27. Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l'instant mis à mort par les hommes libres.

Article 35. Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

 

Dès l’instant qu’il n’y a plus personne capable de menacer le pouvoir quand il ne respecte plus les règles fondamentales, alors tout devient permis et les institutions ne sont plus que des coquilles vides dirigées par des miliciens de plus.  On assiste alors au plus cynique cinéma qui soit à savoir un tyran qui se dit garant des institutions démocratiques alors dirigées par ses complices au nom d’un peuple planqué en attendant de savoir si le bourreau de leur démocratie partira ou non en sachant que rien n’empêchera son tombeur de prendre la relève en la matière.

Cela dit, tant que les vieilles démocraties européennes seront chez elles d’authentiques démocraties, il sera possible aux peuples du sud d’alerter des médias chez eux, des parlementaires d’opposition, des journalistes indépendants libres chez eux alors qu’à ce jour, qui les peuples du sud pourront alerter quand les amis du tyran local seront exclusivement des chinois, des russes, des saoudiens et autres qui vivent actuellement les expériences démocratiques que l’on sait ?

Si les peuples du sud en savent autant sur les pratiques des puissances étrangères occidentales, c’est bien grâce à des études, des livres, des enquêtes, des reportages qui ont vu le jour en occident car cela est permis.

Il ne faut pas oublier tout ça et croire que les systèmes se valent parce que les dirigeants sont tous les mêmes de nos jours prêts à tout pour ne pas laisser une autre puissance s’approprier dans le tiers-monde ce à quoi ils tiennent aussi.

 

Quelle solution alors pour le sud comme pour le nord ? Voir renaître des citoyens engagés et lucides qui refusent de faire le jeu des lobbies pour le nord et des tyrans pour le sud et qui sont prêts à payer le prix de leurs convictions. Cela demande une mentalité qui n’est plus celle de cette époque des révolutionnaires du clavier.  Au nord la majorité ne vote plus par dégoût des politiques quand au sud, à quelques rares exceptions près, on vote comme un rêveur sans illusions conscient du sort du bulletin...

 

Quant à la France en Afrique : ce ne sont pas les petits tyrans africains qu’elle devra affronter pour sauver ses intérêts mais surtout l’appétit de plus grandes puissances qu'elle comme la Chine et les USA qui ne comptent pas donner de répit à l’Afrique pillée d’abord ses fils qui d’une main s’en mettent plein les poches et de l’autre indexent l’occident…

Cela dit la France de Coppolani n’a jamais été celle de l’algérie française ni celle de Thiaroye du Sénégal pour ne citer que nos voisins. Au contraire, la France, pour créer l’état mauritanien, a pacifié de nobles tribus précaires en guerre perpétuelle pour quelques pillages au milieu d’un ensemble féodal archaïque et ce sans martyriser les populations ni toucher à leur religion. 

Au contraire, de là qu’à l’époque les grands marabouts visionnaires, face à l’occasion d’être protégés contre la tyrannie des guerriers pillards et racketteurs, ont remercié le ciel d’avoir envoyé une force de justice dans Bilad Essayba.


Lire l'article complet, et les commentaires