Guerre à Goma : Kinshasa se trompe de cible
par Christ Exauce Marsala
jeudi 30 janvier 2025
L’offensive du groupe armé M23 et de ses avancées vers Goma, au Nord-Kivu, avec l'appui des Forces rwandaises de défense, ont suscité une vive tension au sein de la population congolaise. Ce 28 janvier à Kinshasa, la colère populaire a résonné à travers des slogans incendiant les murs de nombreuses ambassades. Même l’ambassade de la République du Congo n’a pas été épargnée.
« Voleurs, dégagez ». Ce message clair et direct cible non seulement les groupes armés responsables de la violence, mais également les puissances occidentales et les pays africains. Le climat de mécontentement a été observé sur le boulevard du 30 Juin, dans la commune de la Gombe, ainsi que sur l'avenue de la Libération (ex-24 Novembre), où les manifestants ont exprimé leur solidarité envers la population du Grand-Kivu, durement touchée par l'agression.
Ces jeunes qui ont laissé éclater leur colère dénoncent un manque d'engagement des pays européens et des États-Unis face aux combats dans l'est du pays", rapporte le correspondant de l’AFP en RD Congo, Aurélie Bazzara-Kibangula. Des combats qui font rage depuis lundi, 28 janvier à Goma, à la frontière du Rwanda dans l'est de la République démocratique du Congo, entre les forces congolaises et les combattants du groupe armé M23 alliés à des troupes rwandaises, faisant 17 morts et près de 370 blessés, selon l’Agence France Presse.
Des témoignages recueillis sur place à Kinshasa font état des ambassades du Congo Brazzaville, du Rwanda, du Kenya, de l’Ouganda, de la Belgique et de la France passées à tabac l’après-midi de la journée du mardi 28 janvier. Le ministère français des Affaires étrangères a dénoncé à la mi-journée des attaques « inadmissibles
Aucune intention pour Brazzaville de nuire à Kinshasa
Un artiste musicien disait que « Kinshasa et Brazzaville ne sont qu’un seul pays ». Mais, il est aberrant de voir le peuple kinois nourrir de rancune ou de rancœur contre leurs frères du Congo- Brazzaville. L’humeur joviale de Denis Sassou N’Guesso et Felix Antoine Tshisekédi, la chaleur et l’enthousiasme qui ont caractérisé la rencontre entre les deux chefs d’Etats au palais du peuple, en décembre dernier à Brazzaville, devraient suffire à décrisper l’atmosphère entre les deux peuples.
L’on se souviendra que, le Doyen du corps diplomatique à l’époque, Ambassadeur de la RDC au Congo, Christophe Muzungu, lors de la cérémonie des vœux du corps diplomatique pour la nouvelle année 2023, au président Denis Sassou N’Guesso, avait mentionné que le président congolais était toujours au-devant de la scène pour trouver des solutions idoines en vue d’une paix durable dans la région des grands Lacs, notamment en RDC.
Aussi, lors des violences intercommunautaires à Yumbi en février 2019, le site digitalcongo.net de Kinshasa avait-il écrit : « La République Démocratique du Congo a tenu à remercier le Congo-Brazzaville qui a accepté d’héberger et de venir en aide aux compatriotes congolais estimés à 16.000 personnes, dans un village qui en compte 2.000 ». Ces violences ont eu lieu les 15 et 16 décembre 2018 dans la province de Mai-Ndombe, au Nord de Kinshasa, suite au conflit entre les ethnies Banunu et Baténdé.
Saluant l’issue des élections générales en République démocratique du Congo, et félicitant le président Félix Antoine Tshisekédi Tshilombo pour sa réellection , Denis Sassou N’Guesso s’était exprimé en ces termes, le 5 janvier 2024 : « Notre intérêt commun et partagé, tant à Brazzaville qu’à Kinshasa, les villes capitales les plus proches au monde, réside dans la consolidation de la paix dans nos deux pays. La paix dans cette zone contribue à la stabilité de notre sous-région d’Afrique centrale ».
Dans une des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, un manifestant a justifié la prise à tabac de l’Ambassade du Congo en RDC par la prétendue vente des terres congolaises au Rwanda. Pourtant, le chef de la diplomatie rwandaise avait fait la lumière sur cette question. « Il y’a simplement eu des accords de partenariats économiques, des entreprises rwandaises sont venues explorer des opportunités d’investissement dans le domaine agricole, comme des entreprises congolaises pourraient aussi, venir au Rwanda, explorer les mêmes opportunités d’investissements dans le domaine agricole », avait-t-il martelé.
Tous ces exemples montrent que, le Congo n’a nullement l’intention de nuire à l’image de la RDC ainsi qu’à son peuple. Kinshasa et Brazzaville, deux capitales voisines qui ont toujours œuvré pour le renforcement de la coopération bilatérale. Les kinois ne doivent pas oublier que Denis Sassou-N’Guesso, fait partie des voix qu’il faut considérer, pour essayer de trouver, ensemble, des voies d’apaisement pour le continent.
Dans ses nombreuses interventions, le président congolais ne cesse d' affirmer que le Congo poursuivra sa « politique de bon voisinage, l’amitié entre les peuples, la non-ingérence et la coopération mutuellement bénéfique » qui, selon ses propos, « restent les maîtres mots intangibles » de son action à l’international.