Hausse générale des prix : le monde serait-il menacé par la famine ?

par Patrice Bravo
jeudi 24 février 2022

L'économie mondiale est confrontée à une pénurie et à une augmentation des prix des matières premières cruciales. Le coût élevé du gaz et du pétrole a entraîné un déficit sans précédent de métaux industriels et une hausse des prix des engrais. Ce qui accélère l'inflation. L'augmentation des prix de la nourriture est particulièrement dangereuse. Les mauvaises récoltes de céréales ont été l'une des raisons du Printemps arabe il y a 12 ans. 

Les réserves de certaines matières premières cruciales pour l'économie mondiale sont pratiquement nulles. Dans le même temps, le monde assiste à une pénurie des métaux industriels. Tout cela a coïncidé avec la hausse des prix des produits alimentaires, écrit le quotidien Financial Times. La demande de tous ces produits continue de grandir, accélérant l'inflation. 

Les investisseurs achètent tout, des métaux industriels aux hydrocarbures en passant par les produits agricoles. Cette course aux matières premières a mis au pied du mur les marchés à terme, où les contrats sur la plupart des positions ont atteint une structure tarifaire pointant un déficit. 

Les prix du pétrole et du gaz continuent de grimper. Le pétrole brut vaut déjà plus de 90 dollars le baril, soit le maximum depuis 2014. Et le baril pourrait poursuivre sa hausse, car les pays de l'Opep+ ne parviennent pas à rétablir la production, met en garde l'Agence internationale de l'énergie (AIE). La pandémie de 2020 et le penchant pour l'énergie verte ont poussé les investisseurs à moins investir dans les gisements pétroliers. Les problèmes logistiques d'acheminement continuent de compliquer les choses. 

Le prix du gaz en Europe reste à un niveau sans précédent, aux alentours de 1.000 dollars les mille mètres cubes. L'annonce de la réduction des réserves de gaz dans les réservoirs européens jusqu'à 35% (c'est le niveau d'avril, mais pas du milieu de l'hiver) et du refus de Gazprom de réserver des capacités de transit supplémentaires en mars via l'Ukraine et des capacités pour acheminer du gaz via le gazoduc Yamal-Europe ne font que jeter de l'huile sur le feu. La tension géopolitique autour de l'Ukraine aggrave également la situation. Même si l'Europe survivait à l'hiver avec de tels tarifs, il est d'ores et déjà clair qu'elle connaitra de sérieux problèmes avec la préparation pour la prochaine saison de chauffage cet été. 

Les problèmes sur un marché de matières premières engendrent des problèmes sur d'autres. La hausse des prix du gaz et de l'électricité a conduit aux coupures de courant dans les forges d'aluminium. L'augmentation des prix des métaux industriels augmente le coût d'un grand éventail de marchandises - des emballages aux voitures et avions. Le gaz cher a provoqué une montée en flèche record des prix d'engrais azotés, car c'est sa principale matière première. 

Cependant, la hausse des prix des métaux et des hydrocarbures n'est pas le pire des problèmes. C'est l'augmentation des prix des produits alimentaires qui représente une véritable menace. La hausse des prix est inévitable, il faut le prendre pour acquis. 

Les prix de la nourriture ont déjà crû à travers le monde. Et c'est une chose très dangereuse. La hausse des prix est due aux mauvaises récoltes. L'agriculture est le secteur le plus sujet aux changements météorologiques. 

La crise de ressources, climatique, démographique, puis financière et économique - voilà ce qui se passe dès à présent. Et ensuite, c'est l'inflation alimentaire et le nombre de personnes souffrant de faim qui augmentent. L'écart social qui se creuse conduira à une crise des systèmes sociaux, à une restructuration de la forme économique d'existence des gens dans le monde, car cela nécessitera une régulation ferme de la consommation et la répression de la colère civile de masse. 

L'augmentation des prix de la nourriture est la cause numéro 1 des troubles sociaux en tout genre : des manifestations aux renversements. La question est de savoir jusqu'où les prix augmenteront et comment les gouvernements retiendront leur croissance. Les plus vulnérables sont les pays qui n'arrivent pas à s'assurer en nourriture et dépendent des exportations. Par exemple, les mauvaises récoltes de céréales en 2010 ont été l'une des raisons du Printemps arabe.

Alexandre Lemoine

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3596


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