Henri Proglio (EDF) a été choisi parce qu’il était le meilleur (ah bon ?)

par Imhotep
mercredi 10 mars 2010

Cette affirmation nous a été serinée par tous les caciques du pouvoir, les Sarkozy, Fillon, Bertrand, Lefebvre, et autres Estrosi. Il suffisait de le dire pour que cette doxa du Sarkoland soit devenue un axiome, un postulat, une vérité élémentaire. Mais qui aurait eu l’auguste et imbécile idée d’aller vérifier ? La vérité tombe tout droit de l’Olympe. Confronter la réalité aux déclarations officielles serait œuvre impie et lourdement condamnable. Et bien évidemment aucun journaliste n’est allé regarder de plus près ce qui s’est passé à Véolia pendant le règne de l’homme au 1,6 millions d’euros annuels et à la retraite chapeau, genre Midas, qui va plomber un peu plus les comptes de son ex-entreprise.

 Il était extraordinairement insultant pour quelques milliers de cadres d’EDF de considérer qu’aucun, homme ou femme, - enfin pas femme car ce gouvernement soi-disant paritaire pour répondre aux promesses sarkosyaques (un pouvoir paritaire et irréprochable) n’aime pas trop les femmes puisque par exemple au hasard que ce soit au Conseil constitutionnel (trois places) ou à la Cour des comptes (une place) pas une femme n’a été nommée - ne fût assez compétent et informé et dynamique et visionnaire pour diriger EDF hormis Proglio, le Fouquet’s boy. Comme il est tout aussi extraordinairement dégradant et pessimiste de la part du pouvoir de considérer que parmi quelques millions de Français en âge de travailler et diplômés et expérimentés - ce qui veut dire en d’autre terme que le peuple français n’est composé que de minables et de médiocres hormis une élite d’une trentaine de convives nocturnes et élyséens du Fouquet’s - il aura été impossible d’en trouver un ou une qui puisse arriver à la cheville de Proglio (ou même d’être plus adéquat que lui à la tête d’EDF).
 
Qui donc est allé vérifier cette légende du patron providentiel que l’étranger nous envie tellement qu’il a fallu lui passer ses caprices de rémunération sinon le méchant worldwide nous le piquait ? Comme je le disais aucun journaliste n’a fait de commentaire ni de vérifications après chacune des déclarations tonitruantes (et proprement scandaleuses, notamment celle de Fillon justifiant l’extravagante augmentation de 145 % de Proglio pour faire le même job (mot du vocabulaire présidentiel, donc précieux) que Gardoneix) si réellement l’action de Proglio à la tête de Véolia était une telle réussite qui permettait de poser de telles couronnes de lauriers sur la tête du grand Patron comme l’on dit chez les couturières. Du reste en France on reconnaît un Grand Patron, non au résultat de son entreprise mais à son salaire et à sa morgue.
 
Il y a bien un journaliste à la retraite qui en a parlé. Il s’agit de JFK (pas celui qui fut flingué par la balle magique, mais le fondateur de Marianne). Sur son blog : Proglio était le meilleur
Pourquoi a-t-on placé Henri Proglio à la tête d’EDF ? Parce que c’était le meilleur a-t-on expliqué, son action à la tête de Veolia ayant été exemplaire. Or, son successeur vient de présenter les résultats 2009 de la présidence Proglio à Veolia. Et qu’apprend-t-on ? Que l’endettement est considérable (15 milliards d’euros), qu’il est nécessaire de vendre de nombreux actifs, que le chiffre d’affaire est en chute libre, que la rentabilité du groupe a été plombée par les acquisitions « malencontreuses » - certaines s’avérant catastrophiques, en particulier en Chine – que les contrats qui s’avéraient prometteurs, notamment dans les transports, on en revanche été perdus, qu’en conséquence l’année 2010 s’annonce très mal. Il y a des pays où, à la vue d’un tel bilan, on est [ait ndt] écarté. Proglio, lui, a été promu…. placé à la tête de l’empire EDF tout en gardant d’importantes fonctions chez Veolia.
 
Sans faire une analyse poussée on peu prendre parmi les éléments officiels ceux qui donnent une idée de la gestion Proglio (radioBFM) :
1- l’endettement est de 15,1 milliards pour un CA de 34,5 soit 45 %. Il était de 16,5 pour 35,5 (46,5 %) en 2008. Ce qui veut dire que la politique de Proglio était à l’endettement massif. Mais si cet endettement a été réduit c’est par la vente d’actif. 1,3 milliards en 2009 avec un objectif de vente d’actifs de 1 milliard par an sauf en 2010 où ce seront 1,7 milliards (objectif 3 milliards en 2009/2010). On peu facilement en conclure que ces achats ont été des erreurs puisqu’il faut s’en séparer. Dans le cadre d’une entreprise industrielle un achat ne peut se faire qu’à long terme et non à court terme. Ainsi les deux mamelles de Proglio auront été endettement massif (45 % ! du CA) et croissance externe inutile car à revendre dans le court terme.
2- la capacité d’autofinancement se dégrade de 1,7 % en monnaie constante mais 3,6 en monnaie courante à près de 4 milliards
3- il a fallu faire une dépression en 2008 de la bagatelle de 430 millions d’euros pour une acquisition en Allemagne (visionnaire le Proglio). Ce qui veut dire hors résultat exceptionnel que les bénéfices de 2009 ont baissé de 292 millions pour un résultat 2009 de 584 millions. Et le tout avec un plan d’économie de 220 millions d’euros qui sera de 250 en 2010. Et encore faudrait-il savoir de quelles économies il s’agit, je ne pense pas que ce soit la réduction des salaires des Grands Patrons.
 
Il faut savoir pour conclure que Véolia travaille dans l’eau, l’énergie, le transport et les déchets et que ces secteurs sont des secteurs quasi monopolistiques avec des contrats outrageux - et peut-être même outrageants, qui sait ? - avec les municipalités (souvent amies vous voyez ce que je veux dire) et qu’il est de ce fait pour le plus médiocre d’entre nous bien plus facile à gérer une entreprise quand celle-ci a une manne récurrente annuelle qui représente en pourcentage du résultat opérationnel 1,932 milliards sur 2,020 milliards c’est-à-dire 95,6 % ! Donnez moi une entreprise qui réalise 95,6 % de sa marge de façon récurrente sans lever le cul de son siège et je serais au moins aussi productif que Proglio. Et croyez-moi je ne demanderais que 10% de son salaire sans retraite chapeau et j’augmenterais ainsi le résultat opérationnel (de 30 millions en ce qui concerne la retraite chapeau).
 
Proglio était bien le meilleur, mais de quoi ? Certainement pas de la gestion d’une multinationale et donc encore moins d’EDF. L’Etranger aurait dû nous le piquer, cela aurait bénéficié à nos entreprises parce qu’alors ce sont nos concurrents étrangers qui auraient été plombés, et EDF aurait eu un patron maison bien moins rémunéré et plus enclin à travailler pour son entreprise sans ce scandaleux conflit d’intérêt de son actuel PDG ayant encore un pied chez son concurrent Véolia. Au fait Sarkozy, lui qui les distribue comme des bonbons à la sortie de l’école, la lui a-t-il accrochée, la breloque, au revers de son veston ? C’était déjà fait, on lui a donc donné celle du mérite en novembre 2009, juste 12 jours avant de prendre la direction de l’électricien, maintenant il en a 5 : 2 d’honneur et 3 du mérite - c’est vrai que c’est dur d’être au front dans les tranchées, crevant de froid, de faim et de peur, et cela en vaut la peine avec des étoiles aux revers de sa veste en soie naturelle ou en laine peignée catégorie 1.
 
Une autre question subsidiaire EFF va-t-il digérer Aréva quand sa patronne (une des rares ) va être éjectée sur ordre du château ? Tant qu’à mettre le plus brillant des patrons, comme le prouve son éclatante réussite à la tête de Véolia et ce d’autant que Véolia et Aréva ça rime, même si ce n’est pas une rime riche comme les pâtes aux œufs, à la tête d’une entreprise surendettée pourquoi ne pas augmenter son rayon d’action afin qu’il soit encore plus compétent ?
 

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