Hiroshima… « Apocalypse now », comme si vous y étiez !

par VICTOR Ayoli
jeudi 6 août 2015

Il faisait un grand soleil ce matin-là sur Hiroshima. Yoko venait juste de prendre son service à l’hôpital Shima, en plein centre ville. Ouvrant en grand les fenêtres du dortoir des contagieux, elle laissa aller un regard sur la ville puis, entendant un bruit d’avions, elle leva les yeux vers le gouffre du ciel. Un dernier regard… Alors, de la voûte azurée des cieux fondirent, en une explosion de mille soleils, les chevaux de l’apocalypse…

 

Dans le ciel radieux de ce 6 août 1945 autour de huit heures du matin, trois bombardiers américains B-29 Superfortress arrivaient sur la ville. « Enola Gay », « The great Artist » et « Necessary Evil ». Ils étaient partis vers 2 h 45 de l’île Tinian, occupée par les forces américaines, dans le Pacifique. Aux commandes du premier appareil, un solide gars de l’Illinois, Paul Tibbets, 40 ans. C’est lui qui avait baptisé son bombardier du nom de sa mère. Ça porte bonheur disait-il… Ça dépend pour qui. Dans sa soute : « Little Boy »… Un « petit garçon » ventru que le capitaine William Parsons arma précautionneusement dans l’heure suivant le décollage…

A 8 h 15, les trois appareils arrivèrent à la verticale de l’hôpital Shima, à un peu moins de 10.000 mètres d’altitude. Les équipages avaient chaussé des lunettes de précaution spéciales. Pour un dernier regard…

A 8 heures 16 minutes et 2 secondes, « Little Boy » était largué. Le « petit garçon » brillant fonça vers le sol. 43 secondes de chute puis des capteurs d’altitude et d’autres dispositifs automatiques déclenchèrent la mise à feu, à 580 mètres d’altitude.

Dans les premières microsecondes, l’énergie libérée par la réaction nucléaire se fit essentiellement sous forme de rayons γ et de neutrons. Ces rayonnements étant absorbés par l'air en quelques mètres, un dégagement de chaleur eut lieu, la température dépassant localement le million de degrés Celsius. Cet air surchauffé forma alors une "boule de feu" (masse sphérique de gaz incandescents) de quelques dizaines de mètres. Se comportant comme un corps noir, elle émit un rayonnement thermique intense, d’abord sous forme de rayons X. L’atmosphère étant peu transparente à ces derniers, ils furent réabsorbés en quelques mètres. Dans les millisecondes qui suivirent la boule de feu se dilata et se refroidit. Son rayonnement thermique « glissa » vers l’ultraviolet, la lumière visible et l’infrarouge. L'air étant transparent à ces longueurs d'onde, le rayonnement thermique pût alors se propager à plusieurs dizaines de kilomètres. En quelques secondes, la boule de feu qui continuait de se refroidir atteignit son diamètre maximal — autour de 2.2 km en 10 s pour 1 Mt. Cette dilatation ayant lieu initialement à vitesse supersonique, elle généra une onde de choc suivie d'un effet de souffle. Par convection, la boule de feu s'éleva rapidement du fait de sa chaleur. En se refroidissant, elle cessa d'émettre de la lumière visible et donc cessa d'être incandescente. L’explosion généra d’énormes quantités de vapeur d'eau, de poussières et de débris qui se condensèrent, formant le sommet du sinistre champignon atomique. Il atteignit la stratosphère, à environ 20 km d'altitude et s'écrasa horizontalement sur quelque 35 Km de diamètre…

Au sol, là où était quelques secondes plus tôt la ville de 350.000 habitants, de dessous une lourde dalle, un gros scorpion sortit, queue recourbée et dard tendu. Il avait résisté sans encombre à la Bombe, lui…

Ouais, dit la propagande des vainqueurs, mais le feu atomique a permis de terminer très vite la guerre avec les Japonais, évitant ainsi des milliers de vies (sous-entendu « de soldats étazuniens »). Sauf que c'est loin d'être vrai.

Il est exact que le projet Manhattan lancé par Roosevelt dès 1942 pour mettre au point l’arme nucléaire était le pendant des travaux des nazis, eux aussi lancés dans une opération similaire. La capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945 a eu lieu alors que les derniers travaux et essais de « Manhattan » avaient lieu à Palo Alto. Le projet n’a pas été stoppé pour autant.

 

A Yalta, Staline et Roosevelt avaient convenu en secret que l’Armée Rouge se retournerait contre le Japon 3 mois après la capitulation allemande. Ce qui fut fait le 2 aout 1945.

Dès lors, était-il nécessaire de larguer non pas une mais deux bombes atomiques sur le Japon pour le forcer à capituler ? Ces carnages ont probablement hâté la capitulation, mais de quelques jours ou semaines seulement. En effet, Hiro Hito, l’empereur du Japon, hanté par la menace de l’arrivée des troupes soviétiques qui signifiait la fin de sa dynastie, préférait capituler devant les États-Unis, qui lui aurait laissé entendre qu’ils ne toucheraient pas à la dynastie impériale, par crainte de la menace communiste.

Le président étazunien Truman, en pleine conférence réunissant les alliés (États-Unis, Grande-Bretagne, URSS) à Postdam, dans l’Allemagne vaincue, donna secrètement l’ordre de larguer la bombe « Little Boy » sur Hiroshima. Raison réelle mais non avouée : démontrer au camarade allié Staline la suprématie militaire des États-Unis ! Une démonstration – Hiroshima et Nagasaki – à 250.000 morts…

 

Massacrer des centaines de milliers de civils, pour rien d’autre que montrer sa force, ça s’appelle un crime de guerre.

Mais le vainqueur n’est jamais jugé pour crime de guerre…

 

 

 

Photos X - Droits réservés


Lire l'article complet, et les commentaires