HOLD UP : La pensée calcifiée

par alinea
mercredi 18 novembre 2020

 

Je ne suis pas la première à penser ni la première à voir que tous ceux qui sont intégrés dans une société, via leur classe sociale, ne sont pas appelés à remettre en cause leurs fondamentaux.

Mais on voit guère, pour ne pas dire jamais, chez un journaliste, un écrivain, un politique, un artiste parmi ceux qui peuvent être vus et écoutés dans le cénacle médiatique, de pensée réellement déconstrutrice de la pensée dominante.

Ceci nous arrive, avec de plus en plus de force, tout simplement parce que la pensée dominante sous-tend une structure sociale à bout de souffle et qu’avant de détruire il faut en sentir la nécessité, il faut donc n’y être pas très à l’aise, et puis pouvoir étudier puis dénoncer, peu à peu s’imprégner de la glaciale horreur, avant de diffuser pour que la population ligotée soit de plus en plus nombreuse à ouvrir les yeux.

C’est dans cette phase que se situent les tentatives de vulgarisation, c’est-à-dire une simplification du fait pour le rendre audible par tous, même par les moins instruits, les moins informés. Cette simplification peut bien sûr grossir en caricature frisant la falsification, résonner comme une rumeur qui effraie, et, en dévoilant des pans entiers de mensonges, provoquer chez l’auditeur une tétanisation qui l’invite au mutisme, le conduit au dégoût ou, plus banalement au déni.

Et c’est à l’endroit de ce déni que se niche la violence, germe de guerre civile.

Les dénégateurs ne se contentant pas de refuser un réel démasqué mais s’appliquent à rabaisser, ridiculiser les fauteurs de troubles, car certes, pour eux, bousculer un si bel ordre devrait être pénalement puni tandis qu’il ne faudrait pas que la lèpre se contagionne. Il faut dire que dans nos sociétés modernes, pourvoyeuses de classes moyennes, l’intelligence est instruite puis récompensée par des postes d’autorité, à tous niveaux de spécialisation. En dessous de ces récompenses méritées, le magma d’indifférenciés que l’on s’évertue aujourd’hui à remplacer par des robots, avec des subsides charitables, et encore, pas partout.

L’indifférencié est indifférent, il n’a pas de visage, ou sur une vidéo vite effacé par un autre ; les dénégateurs, même quand ils sont militants d’un parti dit de gauche, n’ont même plus conscience du mépris latent pour le sans visage, le non spécialiste, le pas beau, l’ordinaire, le con.

Celui qui se croit au dessus du panier n’a, de fait, pas de miroir possible, ce qui limite l’empathie – ne se retrouvant jamais dans l’autre il ne peut rien partager, au mieux, il compatira— donc il n’est pas si étonnant que ça qu’il ne se voit pas sans visage quand il est masqué ; il ne souffre pas, pour lui ou par empathie, de cette entrave incroyable à notre humanité, animale.

Les dénégateurs ne savent pas que le pouvoir est une perversion de la puissance, qu’il n’est jamais satisfait et que son ultime drogue est de donner la mort. L’Homme a depuis le début des civilisations élaboré mille tours subtils pour faire durer la souffrance ; aujourd’hui, le même, puisque notre espèce évolue très lentement, possède les moyens technologiques qui le font rêver du pouvoir mondial, de vie, et de mort. Mais ils semble que le déni soit un refuge d’où ces gentils ne veulent pas sortir, à moins, à moins qu’ils pensent sérieusement que seul, notre occident soit au dessus de la violence des dictateurs sanguinaires qu’ils combattent de toute la force de leur âme ?

Les dénégateurs possèdent le langage très codé du pouvoir : les ellipses, les tenus pour dit, les approximations dites pour faire passer les mensonges, le quant à soi dans un langage commun qui va de soi, devrait être étudié dans ses éléments les plus probants. Que font les linguistes ?

Par exemple, on pourrait écouter et regarder Hold Up, et puis lire et écouter les critiques qui lui sont faites.

Voici par exemple la critique lue sur Libé, en réponse à l’insertion : « on leur a préparé une seringue de Rivotril, avec un décret à la clé, pour les achever complètement » :

« Mais il ne visait pas à rendre possible l’euthanasie - illégale - mais à pallier la pénurie de midazolam, une autre molécule pour laquelle les hôpitaux craignaient une érosion des stocks, utilisée pour endormir les patients en réanimation, mais aussi en soins palliatifs, pour adoucir la fin de vie des malades. »

C’est une évidence n’est-ce pas, de donner ce genre de molécule à des personnes âgées en maison de retraite ? ! Aussi si l’idée vous vient qu’on veut endormir les vieux pour qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils sont abandonnés, mais que beaucoup mourront d’abandon quand même, sans compter les comptés Covid, morts ou pas de ça on ne le saura jamais, vous êtes traités de conspirationnistes. Et ils vous donnent en critique, des : « considérez le port du masque comme normal quand vous êtes avec d’autres personnes », ce qu’ils font sans barguigner et si on barguigne, on est un très mauvais élément.

Je me demande si la peur qu’ont provoquée les Gilets Jaunes, et aujourd’hui les fachos anti-masques ( en un seul mot, leurs approximations, généralisation, mépris leur sont tout à fait légitimes et n’acceptent ni nuances ni contrariétés !) n’est pas si grande qu’ils sont contraints pour se rassurer de sortir l’artillerie lourde du jugement autorisé de l’autre, un peu comme à la cour d’école ils pouvaient dire : oui mais mon papa il est gendarme ! Sous-entendu, je suis dans le bon camp, le camp du plus fort, un peu comme le Préfet de Paris s’adressant à une femme en gilet jaune. J’exclue le titillement qui les renverrait à leur couardise, à leur banalité, parce qu’ils sont si souvent convaincus d’être uniques et extraordinaires que l’idée ne leur vient même pas. Surtout quand ils ont un petit bout du pouvoir des médias entre les mains.

Et aussi parce qu’ils exhalent une véritable haine, comme à l’encontre des Gilets Jaunes qui comme par hasard étaient extrêmement fachos aussi, d’après eux.

Il s’agit donc bien d’une guerre entre la gauche progressiste mondialiste nantie de pouvoir, et la populace - avec maints professeurs, médecins ou autres scientifiques avec un pedigree de diplômes long comme le bras du pouvoir, pas le nôtre, des spécialistes, anthropologues, sociologues, psychologues, en son sein - un petit peuple aux mains nues et fortunes diverses, mais sans excès. Ce petit peuple plus intelligent le plus souvent parce que pas inhibé d’obligations de classe, fouille et trouve les informations sur les dessous de notre système capitaliste.

Nos dénégateurs de plus haut ont l’air d’ignorer que la politique, les médias et les lobbies sont les trois faces d’un trièdre en aucun cas séparables. Aussi jouent-ils aux cons, avec leur voix mièvre, leurs écrits mous d’hypocrisie, et leur allant de soi qu’ils espèrent, chaque matin, encore suffisant pour bluffer le lecteur. Ce lecteur encore flatté « d’en être ». Tout autre lecteur ayant déjà lâché le canard. Faire croire que la, Le et les politiques sont au moins aussi fiables qu’ils le furent, cela dépasse l’entendement, et ce qui dépasse l’entendement davantage encore c’est bien la condescendance de leur regard sur les plus éclairés qu’eux, dont certains certes, pour débusquer les mensonges, illuminer la scène politique, se contentent de rendus compte dont la vulgarisation peut être une extrapolation dramatisée.

On peut penser qu’à l’heure du mensonge organisé, les éclairés se doivent d’être exemplaires, ne s’autorisent aucune facilité… pour en revenir au film Hold Up, je ne l’ai pas vu comme un film à thème mais comme un bilan provisoire, une compilation choisie de tout ce qui s’est dit, écrit ou filmé, en dehors de la pensée dominante, depuis le début de l’année 2020.

En ce cas, c’est un constat qui y est fait, et lui faire le procès de ne montrer qu’une seule face est ridicule : non seulement cette face s’oppose à la face officielle rabâchée nuit et jour depuis neuf mois, avec la caractéristique de ne laisser aucune place à la controverse ! Cependant, comme nous vivons dans une société dont les valeurs se délitent depuis plusieurs lustres, du fait des pouvoirs hégémoniques de l’économie spéculative, et des lobbies avec la politique à leurs bottes, voir tout en noir et passer plus de temps à savoir comment faire pour redonner Vie à notre société plutôt que pinailler, est un acte politique : nous savons désormais que rien ne peut plus se rattraper, soit le système s’écroule sur lui-même comme les tours de Manhattan - mensonge originel - soit c’est le peuple qui grimpe aux grilles du château pour en virer le roi.

En tout état de cause il nous faut nous débrouiller pour ne pas subir une fin inéluctable si on ne fait rien.

Ce qui nous tient : personne n’a jamais vu un empire éternel, ce qui ne nous empêche pas de former le vœu que la folie du pouvoir ne soit pas suicidaire !!


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