Hollande au passé décomposé
par Elliot
jeudi 1er septembre 2016
Montebourg poussé à la porte après sa saillie sur la cuvée du redressement, Hamon, Filipetti, Duflot démissionnaires après une indigestion de soupe à la grimace, Christiane Taubira claquant la porte sur une question de principe dont on apprend aujourd’hui qu’il était partagé par François Hollande : le Président s’est donc fait violence pour proposer la déchéance de nationalité avec le succès que l’on sait, et maintenant Macron...
Après avoir laissé du temps au temps pour dévoiler son secret de Polichinelle, Macron a donc tiré sa révérence.
Avec une certaine élégance, il n’a pas trop insisté sur le fond des divergences qui l’opposaient à l’action ou à l’inaction gouvernementale.
Fort d’une couverture médiatique qui prend parfois les couleurs de l'hagiographie, Macron aurait presque pu reprendre à son compte tous les titres de la collection des Martine et n’était-ce la concurrence déloyale du burkini opportunément tiré de l’obscurité pour faire la Une des journaux et offrir aux politiciens une belle occasion de réaffirmer haut et fort leur incompétence et leur appétence pour la sottise, c’est lui Macron qui eût été la vedette de l’été.
On sait qu’il bénéficie de soutiens dans les médias qui voient en lui le merle blanc à même de relever l’assaisonnement de la future campagne présidentielle et qu’il a la sympathie plus ou moins affirmée d’une galaxie de chefs d’entreprise réputés.
Ores donc pour Cambadélis, fin analyste de la situation politique, Macron n’a pas de programme : la belle affaire !
Macron n’aurait pas de programme…
Alors là, si il faut maintenant un programme pour être candidat !
D’ailleurs, c’est faux ! Macron a un programme.
Etre adoubé par Gattaz, c’est tout un programme et pas à la portée du premier Mélenchon venu.
En tout cas, si l'apparence ne suffit plus et si en plus il faut donner du contenu au vide, on n'est pas sorti de l'auberge…
Sauf à considérer qu’un inventaire à la Prévert de lieux communs usés jusque à la corde représente la quintessence de la pensée politique, auquel cas il y aura pléthore de candidats dignes de considération, y compris les plus improbables ou calamiteux comme un certain Nicolas Sarkozy qui a déjà fait, si l’on peut dire, ses preuves et qui, toute honte bue, se présente aux suffrages d’une primaire ( bien nommée ) à Droite en espérant bien rassembler une majorité de nigauds, ce qui n’est pas exclu vu l’état de la France en proie à des délires obsessionnels de haute volée.
Sarkozy qui a pourtant plus ou moins raté la mise en scène de la chronique de son retour annoncé : il n’a guère rassemblé au-delà des rangs de ses partisans dont la masse tonitruante ne doit pas faire illusion et il aurait fait pschitt dans les sondages.
Si tant est que l’on peut se fier à ce qui apparaît de plus en plus comme un instrument de manipulation. Heureusement les sondages ne font pas encore l’élection même s’ils aident à la propulsion de certains médiocres .
En tout cas, Macron a un agenda pas si caché que cela : il ne veut pas être le dernier à prospérer sur les ruines du hollandisme et, gros avantage, il ne porte pas le péché originel d’être membre du parti socialiste comme il s’est plu à le rappeler au Puy-du-fou.
S’il se lance réellement dans l’arène après une étude de marché ( c’est comme ça qu’on appelle la mesure sondagière de l’attente populaire ), l’obtention des 500 signatures ne sera pas un handicap et je ne pense pas non plus que les moyens financiers lui feront défaut car il y aura suffisamment de personnes prêtes à investir sur sa bonne fortune si le risque en vaut la chandelle.
Il n’a certes pas de parti derrière lui, mais est-ce un si grand désavantage, il n’aura donc pas de temps à perdre pour rassembler les débris de la Grande Armée.
En tout cas, il porte beau, n’est pas vilain garçon, il correspond en tout point à la figure emblématique du Français de sang contrairement à un autre à tête de métèque qui, ayant bénéficié du droit du sol, s’imagine en condition ou en droit d‘abolir de droit du sol qui fonde la citoyenneté.
Macron manie, paraît-il, une certaine forme d’ironie, genre persiflage bon chic et parfois mauvais genre quand il dérape sur l’illettrisme de certaines sans-dents mais il s’adresse naturellement à un auditoire policé, aussi lisse que lui , une élite auto-proclamée ou le paraître est plus important que l’être, où le néant est sanctifié au même titre que le tout, où le réformisme tient lieu de boussole qui perd le nord.
En outre il peut se targuer de posséder une culture certaine : il n’a peut-être pas lu « la Princesse de Clèves « mais il s’abstiendra de la dénigrer et les « Mémoires d’outre-tombe « sont plus susceptibles de se trouver sur sa table de chevet que chez tant d’autres qui s’en vantent.
Tandis que Sarkozy, Sarközy ! cabotine comme un acteur de quatrième zone, il grimace, cligne de l’oeil, extrait un sourire faux de sa bouche en coin, fait dans l’humour salace, la vanne bien grasse adaptée à son auditoire dont on peut apprécier à l’occasion l’affligeant spectacle lors de ses séances de dédicace.
En effet, le coquin commet des livres où il rassemble la substantifique moelle de son indigence intellectuelle et où il compile, les baptisant programme ( voire projet car le bougre ne doute de rien ), les vociférations qu’il relève à la fréquentation des beaufs qui courent à sa rencontre : un vrai cirque humain, un étalage de flagorneries réciproques et des dialogues d’une platitude qui ferait crier au génie chez un scénariste capable de reproduire avec une telle vérité une aussi consternante vacuité !
En tout cas voilà une élection présidentielle qui s’annonce riche en virevoltes, en métaphores poussives ( genre pain au chocolat ), en variations creuses sur un même thème, l’Islam, en cabrioles pour songe-creux, en arabesques ( les mal nommées ), en changements de pied selon la qualité de l’auditoire, en chassés- croisés, en contretemps et en grands écarts.
Décidément si l’on voulait un moment cesser d’être accablé par la situation et, prenant de la hauteur – puisque manifestement on perçoit déjà les figures imposées ( comme en patinage ) qui ne seront pas celles que la nation serait en droit d’attendre mais qui se perdront dans des arguties dont le débat sur le burkini montre la philosophie chagrine - on devrait pouvoir savourer le futur spectacle qui s’annonce en avant-première à l’occasion de ces primaires à Droite ( celles de Gauche sont suspendues à un fil ) et ensuite pendant la campagne présidentielle.
Pour obtenir le droit d’affronter de l’héritière !
Car mieux vaut en rire qu’en pleurer nous conseille Voltaire.