Hollande, enfin un président qui répond

Je m’explique :

1 - pour ce qui concerne son esprit charitable

• Quel autre président d’une nation européenne a autant pris fait et cause pour les victimes civiles tuées au moyen de gaz neurotoxique au cours de bombardements sur Damas par les armées de Bachar Al-Assad courant de l’été dernier ?
• Quel autre président d’une nation européenne a immédiatement rallié le président justicier Obama pour aller, avec lui, pourfendre les armées du tyran Al-Assad ?

Et il avait bien du mérite, notre président Hollande, de vouloir se joindre à son collègue pour aller fesser l’affreux Bachar. Parce qu’il semble bien que le président étoilé ne lui a rien demandé.

« J'ai décidé que les Etats-Unis doivent mener à bien une action militaire contre des cibles du régime syrien", a affirmé Barack Obama. "Il ne s'agit pas d'une intervention, il n'y aura pas de militaire sur le terrain, mais le régime d'Assad doit être puni. »

« Je vais demander l'autorisation pour utiliser la force militaire auprès du congrès américain", a ajouté Barack Obama. "Ils vont tenir un vote dès qu'ils reprendront leurs travaux. »

D’ailleurs, qu’on ne s’y trompe pas, notre président n’offrait pas allégeance au justicier américain. Cette guerre, il était prêt à l’aller faire, seul si nécessaire - et sans rien demander, ni à son peuple, ni à ses députés - pour sauver les enfants syriens des émanations empoisonnées de Bachar El-Assad.

Si ce n’est pas de l’altruisme, ça !

Seuls des individus mesquins - et je reconnais en avoir fait partie - étaient capables de suffisamment d’indécence pour critiquer un tel élan de générosité.

Et qu’étaient-elles ces critiques ?

• que le président prenait une décision sans avoir de preuve s’agissant de la responsabilité du dictateur syrien ?
• qu’il se montrait irresponsable en agissant sans se donner le temps de la réflexion 
• qu’il n’agissait que par souci de gloriole sans se préoccuper des problèmes des français (manque de logements, taux de chômage alarmant, soins médicaux en berne, taxations délirantes,...)

Bien sûr, tout cela était fondé mais qu’allait-on lui chercher chicanes !

2 - pour ce qui concerne son pragmatisme économique

Si le président avait été de même pinailleur, il aurait fait valoir que tout en accomplissant une belle et bonne action, il agissait pour le bien de l’État et de son économie.

Les esprits chagrins oubliaient un peu vite que la France compte au nombre des cinq premiers pays exportateurs d’armes et donc, bombarder la Syrie, c’était

• utiliser des produits fabriqués en France et donc
• fournir de l’emploi aux citoyens français,
• bénéfique pour le commerce français,
• une manne pour les caisses de l’État français. 

Astucieux, notre président, hein ? Talleyrand n’aurait pas fait mieux.

Bon, toujours est-il que le résultat est là, moi et d’autres pisse-vinaigre n’avons peut-être pas contrecarré les objectifs guerriers de notre président (parce qu’il n’en avait rien à fiche de notre opinion. Ce qui peut se comprendre, vu que nous ne sommes que de la graine d’électeurs dont l’importance ne vaut qu’au moment des élections) mais la guerre de Syrie n’aura pas lieu.

Enfin, pas ces prochains jours.

S’il y a une chose que l’on ne peut dénier à notre président Hollande bien aimé, c’est d’avoir le sens des priorités.

Il l’a d’ailleurs prouvé dès le début de son mandat.

Alors que le pays était traumatisé par la crise économique grecque qui gangrenait l’Espagne, le Portugal et l’Italie, cette crise économique qui nous menaçait, il a pris une première mesure d’importance pour distraire les français de leur angoisse. Il s’est préoccupé de faire voter le droit au mariage des couples gays.

Donc la guerre en Syrie étant reportée, notre président Hollande se soucie désormais d’une autre priorité qui intéresse tous les français (ou presque) : établir enfin l’équité hommes/femmes.

3 - pour ce qui concerne sa manière de procéder afin que devienne concrète l’égalité hommes/femmes

Pas question de s’attacher à un détail aussi insignifiant que l’équivalence des salaires pour un même travail demandé, un même poste à responsabilité ; c’est là affaire des patrons d’entreprises et pas celle d’un chef de gouvernement.

Non, nous pouvons faire confiance à notre président pour avoir le souci du symbole. Et est-il symbole plus frappant de l’égalité enfin reconnue de la femme par rapport à l’homme que l’entrée d’une femme au Panthéon ?

Bien entendu, les français ont été consultés pour donner leur avis (enfin, les français importants, bien sûr : les internautes)... Non pas sur l’intérêt du projet mais sur la personnalité qui leur semblait représenter le mieux l’image de la femme méritant d’être honorée. 

Et il est bien certain que, comme à son habitude, le président Hollande tiendra compte de leur avis. Comme il ne fait non plus aucun doute que la cérémonie aura lieu en 2014 qui verra sans nul doute une femme déterrée du lieu de repos qu’elle occupe actuellement sans rien demander à personne pour être trimballée en grandes pompes, et par porteurs aux pompes bien cirées, jusqu’au Panthéon où elle sera exposée.

Une cérémonie dont le coût serait, paraît-il, estimé à un peu plus d’un million et demi d’euros. 

(Nota : Comme quoi l’os a une valeur bien souvent trop sous-évaluée lors des défilés. En témoignent et les défilés vers le Panthéon et les défilés de mannequins)

Je suis certaine qu’il va encore s’en trouver d’aussi acrimonieux que moi qui vont s’indigner d’une telle préoccupation de notre président Hollande alors que tant de gens s’inquiètent, eux, de trouver à se chauffer pour certains, un abri pour d’autres, de trouver à se nourrir suffisamment pour un grand nombre, afin d’affronter un hiver proche dont on ignore si la rigueur ne coûtera pas encore une fois la vie de pauvres hères.

Encore une fois, me voilà, nous voilà obnubilés à chercher « la petite bête ». Or, si nous lui en faisions part, notre président saurait faire valoir comme cette dépense est amplement justifiée. Saurait nous faire valoir que l’argent distribué pour secourir quelques individus pour une durée provisoire serait gâchis alors que le symbole d’une femme reposant au Panthéon est pérennisé. 

Il aurait même l’élégance, soyons en assurés, de ne pas même rappeler aux grincheux que nous sommes, dont je suis, que tout français aura la possibilité d’aller visiter ce symbole de la parité pour moins de dix euros.

Qui a dit que ça ne nous fera jamais qu’un os de plus à ronger ?