Hollande, pas assez « storyteller » ?

par nabab
jeudi 28 février 2013

Plafonnant à 39% d'opinions favorables moins d'un an après son élection, François Hollande peine à séduire les Français. Une côte de popularité en berne sans-doute due au manque d'efficacité relatif dont il témoigne, comme avant lui tous ses prédécesseurs, mais pas que. L'opinion publique se préoccupe moins de comprendre qu'on lui a raconté des histoires que de se rendre compte qu'on ne prend pas la peine de lui raconter UNE histoire.

De la science politique, le philosophe Alain disait qu'elle consiste à "refuser au détail ce qu'on avait promis en gros". Manière de dire qu'il existe toujours un fossé énorme entre les promesses de campagne et leur (non-)application. Ce constat s'applique en tout temps, tout bord politique. Il est bien entendu à l'origine de déceptions des électeurs, qui se sentent trahis, roulés dans la farine. Pourtant, cette déception reste relative, précisemment parce que, quelles que soient les lattitudes sous lesquelles il se trouve, le citoyen du monde est habitué à ce que son élite lui survende un peu les choses. Autrement dit, on ne la lui fait plus.

Aussi, difficile de mettre la mauvaise côte de popularité de François Hollande sur le seul compte de promesses non tenues. A fortiori, 10 mois à peine après son accession au pouvoir. Si le septième président de la Cinquième République ne parvient pas à grimper dans les sondages, c'est aussi beaucoup en raison d'un certain déficit de charisme. C'est du moins l'idée la plus communément admise dans l'opinion. Mais que veut-on dire par là ?

François Hollande possède forcément une certaine aura, faute de quoi il n'aurait pas été élu, qui plus est face à un candidat réputé pour sa forte personnalité. Par ailleurs, si ténu soit son programme aux yeux de certains observateurs, il véhicule une certaine vision du vivre ensemble, de la démocratie. Là où le bas blesse, c'est davantage au niveau de la communication. Hollande ne parvient pas à inventer sa propre terminologie, sa petite musique, son ton à lui. A l'heure actuelle, il n'a pas encore réussi à créer un langage qui lui soit personnel et transporte, bon gré mal gré, l'opinion dans son sillage.

Une absence de singularité qui lui porte préjudice, à en croire Arnaud Dupui-Castérès, président de Vae Solis Corporate, qui analyse la chose ainsi : « On est passé au quinquennat, et sous ce régime, où les législatives procèdent de l'élection présidentielle, le mâle dominant, c'est le chef de l'État. L'Elysée doit inventer sa narration, imaginer un nouveau storytelling sans tomber dans les excès et les stigmatisations de Nicolas Sarkozy ».

Le mot est laché : "Storytelling". A l'ère du tout communication, créer sa propre marque de fabrique orale est essentiel. Il s'agit de dérouler une structure narrative qui tienne autant de la déclaration politique que du récit. Un récit si possible trépident, ou à tout le moins qui ne laisse pas indifférent, qu'on l'approuve ou le réprouve.


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