Hollande, un Président pour la sixième république

par bernard29
jeudi 28 mars 2013

J’ai voté, moi aussi, Hollande pour faire disparaître Sarkozy, et peu d'électeurs se faisaient des illusions sur le vainqueur des primaires socialistes. C'est sûr qu'un ancien premier secrétaire du parti socialiste dont l'effacement a fait que son parti au bout d’une dizaine d’année a pu être comparé à « un cadavre à la renverse », ne pousse pas à l'enthousiasme. Souvenons-nous de l’état du PS à l'époque du congrès de Reims !! C'est vrai que la seule manière de rester premier secrétaire du PS était de ne rien faire et de faire l’anguille entre les corporatismes et les grands élus de son parti. La seule, à cette époque qui voulait sincèrement rénover le PS était Ségolène Royal, (malheureusement !!!!!), qui a dit de lui, selon les rumeurs, qu’il ne prenait jamais aucune décision.

Monsieur le président Hollande n'est pas adapté à la Cinquième République.

Il est donc clair que le Président Hollande n'est pas un président pour la république "hyperprésidentialiste" d'aujourd'hui, dans laquelle chacun attend le président sur tout et n'importe quoi. D'ailleurs les médias ne sont pas en reste dans ce besoin irraisonné de personnaliser toute les responsabilités sur le seul président.

Hollande ne voulait pas être ce personnage hyperactif, hyper responsable, il veut être un "Président Normal". Mais être un "président Normal" dans la cinquième République actuelle, ça veut dire être "le chef", "le leader".

Et Hollande a fait un contresens, lui il voulait dire " simple, honnête, commun, humble, modeste...". Et ça, ça ne se peut pas dans la cinquième république.

La chose la plus difficile est de changer le caractère d'un homme. La personnalité du président Hollande ne peut s'adapter à "la présidentialisation renforcée" actuelle du régime politique. Par conséquent, il est nécessaire de changer de changer les contours de la fonction présidentielle, pour adapter les institutions à la volonté du titulaire du poste, qui était une promesse de sa campagne électorale ; "être un président Normal".

De fait il s'agirait

d'une part de revenir un peu aux sources de la cinquième république, avant cette course à la présidentialisation excéssive, qui voulait un chef d'Etat "arbitre au dessus des partis", qui soit un peu le digne représentant d'une certaine sagesse du peuple français, garante de la probité publique, protectrice de l'intérêt public, soucieux de l'intérêt général.

et d'autre part de limiter les fonctions du président à certaines compétences primordiales mais qui sont la conséquence de sa légitimité due au suffrage universel national.

Ce qui veut dire que le Président devrait être à l'abri des combats politiciens, en choisissant délibéremment une orientation primo-ministérielle à notre régime politique. Tant qu'à ironiser perpétuellement sur le caratère monarchique de notre système, autant l'accepter carrément et doter notre Président d'un statut clair et net de "monarque en CDD".

Ainsi la personnalité de Monsieur Hollande pourrait trouver son plein épanouissement dans le cadre de cette fonction redessinée. Et d'ailleurs son véritable acte présidentiel réussi, n'est-il pas le déclenchement de l'opération au Mali ?

De fait, un Président Normal tel que se définit Monsieur Hollande, est le candidat idéal d'une République Revisitée.

Mais osera-t-il franchir le pas. ? la conférence qu'il va donner ce jeudi soir pourrait être l'occasion d'enclencher un débat public sur des évolutions majeures pour notre démocratie, sur des revitalisations nécessaires de nos contre pouvoirs institutionnels, sur la moralisation de la vie politique... Les propositions citoyennes ne manquent pas. Les citoyens attendent aujourd'hui d'être entendus.

Malheureusement on peut en douter, alors que c'est sans doute le seul sujet, qui pourrait réveiller un certain esprit civique, susceptible de mobiliser une responsabilité citoyenne, de faire participer les français à un objectif commun, le seul sujet sur lequel le Président peut vraiment quelque chose.

On peut en douter aussi, si on en juge par les atermoiements pénibles et lassants, sur la seule et pauvre question des cumuls des mandats, qui traîne lamentablement en longueur, pour satisfaire un petit lobby d'élus privilégiés.

Monsieur Hollande vous êtes fait pour une Sixième République, il faut l'assumer en tant que Président Normal. Maintenant il faut que vous marquiez votre territoire en le redéfinissant avec clarté et détermination.


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