Homard et à bientôt

par olivier cabanel
mercredi 17 juillet 2019

La farce n’aura duré que quelques jours, la pression trop forte, et lâché de toutes parts, le ministre de l’environnement a finalement quitté la scène, par la petite porte...

La dernière goutte qui a fait déborder le vase est peut-être l’information du jour...

En 2013 et 2014, François Goullet de Rugy avait utilisé ses frais de mandat pour payer ses cotisations d’élu à son parti, EELV, entretenant une confusion entre dépenses personnelles et frais de député...ce qui ne se fait pas...et de plus, il s’est autorisé à déduire les versements du calcul de son impôt sur le revenu en 2015. lien

Il s’agit de 9200 € d’indemnités de frais de mandats qui ont été utilisés pour alimenter la caisse des Verts, ce qui a scandalisé Charles de Courson : « se servir de son IRFM pour payer sa cotisation d’élu ? C’est totalement irrégulier et ça l’a toujours été. (...) de l’argent public ne peut pas être dérivé vers un parti politique  » a-t-il ponctué. lien

Auparavant, dans la journée, le ministre avait promis de s’expliquer devant la presse à 13h... repoussant l’explication à 14h... pour finalement annoncer sa démission à 14h40.

Embourbé dans les affaires sur ses diners fastueux, l’appartement HLM de Nicole Klein, sa directrice de cabinet, qu’il a poussé à démissionner, (lien) son propre appartement à vocation sociale, l’élu écolo avait pourtant bâti sa carrière politique sur le principe de la transparence des dépenses des élus...

L’effet Cahuzac en quelque sorte.

C’est en effet bien lui qui, avec 3 autres députés, avait proposé une loi, retoquée par la droite, dans laquelle était écrit : « toute absence de transparence, tout refus de divulguer des informations précises et complètes sur la situation personnelle des élus (...) renforce des soupçons le plus souvent injustifiés ».

C’est le 10 juillet 2019 que Médiapart avait lâché la première info, grâce à l’enquête méticuleuse de Fabrice Arfi, en soulignant « la vie de château sur fond public des époux de Rugy  ». lien

Pourtant, c’est en septembre 2017 que l’ancien élu écolo, rejoignant la REM, dénonçait un certain laisser-aller de l’assemblée, et martelait au micro de l’émission « Quotidien » : « je veux qu’il y ait une comptabilité analytique, transparente, et qu’on sache bien, à l’Assemblée nationale, qu’est-ce qui coûte quoi. Aussi bizarre que ça puisse paraitre, aujourd’hui, ce n’est pas le cas ».

Dans un premier temps, devant les révélations de Médiapart, le ministre s’était battu comme un beau diable, affirmant qu’il ne démissionnerait pas et dénonçant : «  la volonté de nuire de Médiapart, sur la base de photos volées, de ragots, d’approximations, d’éléments extérieurs à sa fonction ». lien

Que les photos aient été volées, ou non, n’en faisait pas pour autant des non-preuves...

D’ailleurs, il y a peu, il affirmait, droit dans ses bottes : « je n’ai rien fait qui soit en dehors des clous ». lien

Ces fastueux repas, Médiapart en a dénombré une dizaine entre octobre 2017 et juin 2018, regroupaient des amis, de la famille, des copains de la communication et du journalisme, des producteurs, des financiers, différents artistes...et son épouse a assuré que l’immense majorité des invités appartenait à son cercle amical, ajoutant : « certes, ça appartient à un cercle amical, mais on n’est pas là pour se taper la cloche...  ».

Jean-Michel Aphatie, dont l’épouse est une amie de celle de De Rugy, s’était rendu à l’un de ces diners, déclarant « ce n’était pas un diner de travail. Et si c’était à refaire, non, je ne le referais pas  ».

Ajoutons pour la bonne bouche que lors de l’un de ces repas, en mars dernier, François de Rugy avait invité des lobbys du monde de l’énergie, si l’on en croit Ouest France... et quelques autres médias. lien

Lors de ces diners, des vins rares (et chers)...étaient servis dans le cristal : Mouton-Rotschild 2004... au minimum 500 € la bouteille... du Château Cheval Blanc 2001... du Château Yquem 1999... Champagne...etc...

Pourtant selon un expert, aucun grand cru ne peut sortir des caves sans une autorisation particulière...

Il y avait aussi les homards géants, servis en décembre 2017, aux convives dont des membres de sa famille, et comme l’a déclaré un participant : « ce n’était pas vraiment le genre à la bonne franquette, ça c’est sûr ! ».

Mais comme l’a déclaré Séverine de Rugy dans les colonnes de « Femme actuelle » le 5 septembre 2018 : « être femme de ministre, c’est être au service de la France, Cela donne des devoirs d’exemplarité ». lien

Et ne parlons pas des 60 000 € dépensés pour refaire les appartements du couple. lien

Il a en tout cas le mérite d’avoir relancé la mode des tee-shirts, avec 2 modèles originaux.

Étonnant aussi de découvrir que « l’écolo » de Rugy ignorait que ce brave homard était une espèce qui pour les Suisse, ne peut plus être ébouillantée sans auparavant l’avoir étourdi...la loi helvète interdit aussi le transport dans la glace, ou même dans de l’eau glacée. lien

Encore plus surprenante la défense de l’ex-ministre, prétendant détester le caviar, le champagne, et avoir une intolérance aux crustacés. lien

On ne demande qu’à le croire...

Les français, Gilets jaunes en tête, à qui Macron demande toujours plus sacrifices, sont partagés entre le dégoût et la colère, colère qu’ils ont manifesté bruyamment lors du 14 juillet, en huant le chef de l’état, lequel a fait semblant de croire que « c’était adressé aux militaires, à la police... ». lien

En tout cas, à l’Assemblée Nationale, les Insoumis ont salué la peu glorieuse démission de De Rugy.

Est-ce pour se rassurer ? Toujours est-il qu’un député LREM assure «  il n’était pas, loin de là, le ministre le plus bling-bling de la République  »... ce qui n’est pas rassurant, et on ne peut que languir d’apprendre qui est encore plus bling-bling que lui. lien

Quant aux réseaux sociaux, ils ne manquent pas d’imagination, évoquant « les français qui s’homard  », ou de « larguer les homards »... et reprenant bien évidemment le célèbre « Homard m’a tuer »...

Une chose est certaine, ce « homard-gate » laissera des traces...

Finalement, pour éviter le syndrome Benalla, Macron s’est empressé de nommer à sa place Elisabeth Borne, déjà ministre des transports.

Et on en vient à se demander si tout le monde a la même définition du mot « exemplarité », car comme dit mon vieil ami africain : « le poulailler reste un palais doré pour le coq, malgré la puanteur des lieux  ».

L’image illustrant l’article vient de grazia.fr

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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