Hommage aux gueules noires... mais honte aux journalistes !

par Papybom
lundi 23 février 2009

En parcourant la presse, j’apprends la mort de soixante-treize mineurs qui ont été tués dimanche dans un coup de grisou dans une mine de la province chinoise du Shanxi (nord), a annoncé l’agence Chine Nouvelle. Naturellement, ancien mineur de fond, je m’informe un peu plus.
Sans beaucoup d’espoir que cet article soit publié sur Agoravox, ce n’est qu’un coup de gueule (noire). Bienvenue chez les Ch’tis, c’est aussi ce coté, moins médiatique.
 
Je n’ai pas envie de vous résumer Germinal. Emile Zola nous a écrit ce roman prémonitoire, vingt ans avant la catastrophe de Courrière. 1099 morts. Mais le film de Claude Berri est remarquable. Magnifique également, l’interprétation de ce loubard de Renaud, dans le rôle d’Etienne Lantier. 
 
Le 8 août 1956, 275 mineurs ont perdu la vie à Marcinelle en Belgique.
 
Le 9 novembre 1963, 458 morts à Mikawa au Japon. J’ai appris ce drame en remontant des 856 mètres sous terre, à la fin de mon poste. « Travail en jargon minier ». J’avais 16 ans !!
 
Aujourd’hui, encore, les journalistes font des « Une », sur des sujets qu’ils ne maitrisent pas.
 
C’est vrai, le grisou est un gaz qui explose au contact d’une étincelle. Mais le grand nombre de morts vient du coup de poussière.
Je m’explique :
 
Au moment de l’explosion de la poche de grisou, la déflagration soulève la poussière de charbon. Celle-ci, en suspend dans l’air, s’enflamme et provoque une explosion. Qui soulève à nouveau… Cette chaîne d’explosion peut parcourir des kilomètres. Et c’est la chaîne des coups de poussière qui feront tant de morts. Elle s’arrêtera souvent grâce aux sas qui régulent la circulation d’air, dans les labyrinthes de galeries.
Les victimes sont soit ensevelies par les éboulements, soit brulées par les flammes, soit noyées par les poches d’eau qui éclatent ou encore, par asphyxie.
 
En France, pour éviter les coups de poussière, les « murs » (Mézières en patois du nord) étaient chaulès. Des projections de chaux et d’eau, mais cela avait un coup ! Les « Bowettes »(Galeries) ainsi traitées ne risquaient plus le coup de poussière. De plus, le blanc ainsi projeté, amélioré la luminosité de la lampes de casque.
 
Pour détecter le grisou, la lampe de mineur restera toujours, l’outil le plus efficace. Petit problème, son entretien devait être minutieux. Pour l’ouvrir, il fallait la passer devant des électro-aimants. Les tamis devaient être impeccables. Ce travail était confié à des femmes, puis aux anciens et handicapés des mines. Gage de confiance, car eux, savaient l’importance de cette lampe. Comme les marins pour leurs phares.
Les mineurs n’ayant qu’une faible confiance au « Grisoumètres ». Appareil complexe, mis au point par le Centre d’études et de recherches des Charbonnages de France (CERCHAR).
 
A la lecture de la presse, on recherche vainement un journaliste qui possède son sujet. Nous aurons des images des familles sur le « carreau », (l’accès au puits de descente). Des veuves et des orphelins, mais pas un mot sur la véritable cause. Passer les murs, la voûte et le sol (que l’on appelle le « Daine » car le sol, c’est là haut, au jour !) à la chaux représente un coût.
  
En décembre 1907, en Amérique : 936 morts.
En décembre 2007, en Chine 100 morts….
 
Renseignez-vous, messieurs, par respect pour eux ! Ne cherchez pas toujours le « scoop ». Creusez vos articles, donnez nous une approche de la vérité !
 
Vous aviez oubliez, mais Marcinelle, ce n’est pas que l’affaire Dutroux. C’est pour moi, la mort de 275 collègues.

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