Homme-nature une relation bouleversée

par Roland Gérard
jeudi 15 février 2018

Tout est là. La qualité de la vie de la population humaine toujours plus nombreuse dépend de la relation que nous entretenons avec la nature. C’est le sujet et cela est résumé de la meilleure des façons quand on dit : « Nous sommes de la nature et pas dans la nature ». Quand nous disons que nous sommes dans la nature, nous faisons de la nature un objet séparé de nous même, mauvaise idée.

Nous sommes elle

Nous nous retrouvons alors nous même plaqués sur elle comme une puce sur un chien, un parasite. Quand nous disons que nous sommes de la nature alors nous nous confondons avec elle, nous participons d’elle, nous sommes elle. Ce qui lui arrive alors nous arrive à nous de la façon la plus certaine et quand nous mettons des pesticides dans un champ, c’est comme si nous avalions un poison qui va dans les heures qui viennent porter atteinte à notre santé et même à notre vie.

Principe d’interdépendance

La conséquence de cela c’est que le principe écologique le plus important à faire ressortir de nos expériences pédagogiques est celui d’interdépendance. Nous, tous les vivants nous dépendons les uns des autres, ce qui arrive à l’un de nous, nous arrive à tous. Nous sommes de cette trame chamarrée. Nous sommes de ce tissu aux fils variés et serrés les uns les autres. C’est ça le vivant. Il se présente hélas à notre esprit aujourd’hui avec des trous et de multiples déchirures. Il est urgent d’agir.

Nous faisons vivre l’horreur aux bêtes, c’est indigne.

Volkswagen a testé l’effet des gaz d’échappement de ses voitures sur des singes condamnés à les respirer, le mot « abattoir » est en train de trouver une résonnance étrange en nous, cette résonnance nous rend mal à l’aise, les images de poules en cage, d’oies gavées, de cerfs pourchassés jusque dans les villes, de taureaux meurtris dans l’arène … nous impactent régulièrement. Chaque année, 60 milliards d'animaux terrestres et plus de 1 000 milliards de poissons sont tués pour être consommés par les humains. Ces chiffres sont en pleine croissance, ils atteignent des sommets dans les prévisions pour 2050. Le compteur des mises à mort tourne sous nos yeux. En quelques années L214 est devenue une des associations les plus médiatisée en France. Le bien-être animal est dans toutes les bouches, l’homme a honte de lui-même. Nous faisons vivre l’horreur aux bêtes, c’est indigne.

Le changement

Volkswagen, qui s’est si mal comporté avec les singes, présente ses excuses, le bien-être animal est affiché en toutes lettres dans le projet de loi issu des états généraux de l’alimentation, les cantines sont de plus en plus nombreuses à proposer des repas végétariens, la chasse à courre désormais abolie en Angleterre, est dénoncée en France par des militants de plus en plus engagés qui n’hésitent pas à se mettre en danger, les abattoirs sont équipés de cameras clandestines quand ils ne sont pas carrément pris d’assaut par des commandos de militants déterminés. Un livre sur l’intelligence des arbres devient un best seller. Les partis animalistes surgissent dans de plus en plus de pays, c’est à parier qu’ils font de moins en moins rire les « professionnels de la politique ». Une frange de plus en plus large de la population sensible au bien-être animal entre en action.

Le cœur

La raison n’a pas grand-chose à voir avec ces changements fulgurants. Ce qui agit ici c’est la compassion. Ce qui opère le changement c’est le sentiment. Un homme peut aujourd’hui publiquement s’émouvoir du fait qu’on sépare un veau de sa mère à la naissance. On va trouver sur Youtube nombre de vidéos sur le sujet et à plus de un million de vues où l’on parle d’un veau « arraché  » à sa mère. Ces scènes sont bouleversantes, c’est ainsi. Ces scènes nous touchent au plus profond de nous même n’en déplaise aux beaux esprits planificateurs de la France agricole. Ils ont perdu la partie. Ils ont le choix entre changer ou laisser la place à plus humain qu’eux ! Parce que ce qui se passe là c’est bien une question d’humanité.

Nous sommes ensemble

L’avenir de l’humanité n’est pas une affaire de spécialistes, l’avenir de l’humanité concerne tous les humains et c’est l’action de l’ensemble qui est déterminante. L’éducation à l’environnement a pour objectif de participer à la transformation culturelle du corps social. Il s’agit pour l’éducateur à l’environnement de rapprocher les humains des bêtes et des plantes. Comment opérer ce rapprochement ? A chacun de trouver sa réponse, mais aujourd’hui mettre la science en avant à tout prix, sourire à l’évocation de l’émotion d’une personne pour un lapin, pour un agneau, pour un veau ou pour un orang-outan auquel on fait du mal, c’est vouloir persister dans l’erreur. C’est l’heure de faire la paix avec les bêtes et les plantes. L’heure qui a sonné c’est celle du respect.

RG

 


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