Houellebecq Sérotonine, l’incipit...

par rosemar
vendredi 1er mars 2019

 

Comment lire l'incipit du roman de Houellebecq Sérotonine ?

 

Comme souvent l'incipit annonce les thèmes principaux de l'oeuvre : le recours à des drogues qui permettent de mieux supporter le quotidien, la solitude du narrateur qui parle à la première personne, le coté dérisoire de la vie, la critique de la modernité et de la société de consommation.

 

La première phrase fait référence au Captorix : "C'est un petit comprimé blanc, ovale, sécable." Mais on ne sait pas encore quels sont les effets de cette substance. Le nom est à la fois amusant et révélateur, il a sans doute un effet addictif, il doit capter et capturer celui qui le consomme.

 

Le réveil du personnage s'organise autour d'un rituel qui semble invariable : "mettre en route la cafetière électrique, boire une première gorgée de café, allumer une cigarette, puis deux, puis trois, et enfin prendre le Captorix, avec un verre d'eau minérale."

Au passage, Houellebecq commente les effets de la cigarette sur son organisme : elle apporte un soulagement, elle est d'une violence stupéfiante". Et il précise : "La nicotine est une drogue parfaite, une drogue simple et dure, qui n'apporte aucune joie, qui se définit entièrement par le manque."

On peut remarquer l'ironie et l'ambiguïté de l'expression "une drogue parfaite", car on en perçoit les effets négatifs et néfastes. C'est bien là une critique de ces drogues modernes à laquelle se livre Michel Houellebecq.

Il évoque d'ailleurs "un besoin qui est à son comble, c'est le moment le plus douloureux de la journée." On perçoit là une véritable addiction.

 

La solitude du narrateur apparaît dès les premières lignes du roman : Michel Houellebecq évoque une scène de réveil où le personnage est seul : "vers cinq heures du matin, parfois six je me réveille".

Un peu plus loin, il se présente : "J'ai quarante-six ans, je m'appelle Florent-Claude Labrouste", comme si dans sa solitude, il s'adressait directement au lecteur.

Il n'a, à côté de lui, personne à qui parler. Il se confie au lecteur, lui révèle qu'il déteste son prénom et le juge ridicule.

 

Houellebecq excelle surtout à décrire le quotidien dérisoire du personnage : un rituel invariable, le matin. Les gestes se succèdent invariablement dans une monotonie acceptée.

On relève dans cet extrait deux marques, pour le café "Malongo", et pour l'eau minérale "la Volvic" : on est là dans un univers moderne de consommation, le narrateur est attaché à certains produits dont il ne peut se passer : on n'est pas dans l'addiction mais presque.

 

Cet aspect dérisoire transparaît aussi dans la façon dont le personnage s'impose de ne pas allumer de cigarette, avant d'avoir bu une première gorgée de café : il parle alors de "succès quotidien qui est devenu sa principale source de fierté." Voilà une victoire bien dérisoire ! Et le narrateur devient ainsi un anti-héros.

 

Cet incipit annonce une histoire qui s'inscrit dans la modernité, le réalisme : Houellebecq décrit un personnage ordinaire qui nous ressemble.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2019/02/houellebecq-serotonine-l-incipit.html

 


Lire l'article complet, et les commentaires