HSBC : Arte sombre dans le complotisme anti-chinois

par Roosevelt_vs_Keynes
mercredi 20 décembre 2017

La bande annonce était prometteuse. Tout comme le texte annonçant l’émission « Les gangsters de la finance » sur Arte le 12 décembre .

Fort utilement, l’émission conforte le spectateur dans ses intuitions sur l’existence d’une oligarchie financière, d’une finance folle et délinquante échappant à la loi. Et s’il y a une banque dont les dirigeants méritent bien la prison, c’est HSBC.

Qui Bon Dieu protège cette banque ?

Le spectateur finit alors par se poser la question fondamentale : qui Bon Dieu protège cette banque ? La réponse, vous auriez pu la lire dans le bestseller Dope Inc., publié en 1978 par une équipe internationale de journalistes d’enquête sous la direction de l’économiste américain Lyndon LaRouche.

Dans ses termes propres, le cœur de cette analyse fut confirmé en France en octobre 2001 par le Rapport parlementaire n° 2311 « La Cité de Londres, Gibraltar et les Dépendances de la Couronne : des centres offshore, sanctuaires de l’argent sale » de MM. Vincent Peillon et Arnaud Montebourg. Or, aujourd’hui, avec les Paradise Papers, l’on prétend « découvrir » que la Reine, O my Lord, planque son argent dans les îles Caïman et que HSBC n’est pas très propre !

Mais les auteurs du documentaire réussissent un tour de magie extraordinaire en faisant disparaître le rôle des Britanniques. Au lieu de démasquer la nature de la bête impériale en braquant la lumière sur sa queue, c’est-à-dire HSBC, le documentaire, à 1h26, affirme soudainement qu’aujourd’hui, HSBC « navigue sous pavillon rouge » , c’est-à-dire chinois !

Premier « preuve », le fait qu’en 2009, lorsque HSBC est touchée par la crise des subprimes, elle préfère se recapitaliser auprès de ses propres actionnaires (« les capitaux chinois ») au lieu d’accepter un renflouement par l’Etat anglais.

Or les principaux actionnaires de HSBC ne sont pas chinois mais anglo-américain :

Ensuite, et surtout depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, la banque restée « trait-d’union entre l’Orient et l’Occident » sert désormais de « pipeline pour les centaines de milliards d’euros de capitaux chinois partant à la conquête des marchés occidentaux… ».

Bizarrement, aucun dirigeant politique ou financier de haut niveau chinois n’est invité à répondre à des accusations aussi graves.

Interrogé à la fin de l’émission, Marc Roche, souvent présenté comme un grand « expert » de la haute finance, a été décevant. A la question de la présentatrice s’il ne fallait pas enfin séparer les banques de marché des banques de dépôts, c’est-à-dire adopter un Glass-Steagall à la française, Marc Roche n’a pas lancé un appel à la séparation bancaire mais simplement suggéré que les citoyens n’avaient qu’à retirer leurs deniers des banques universelles en les plaçant dans des structures « plus petites qui ne jouent pas sur les marchés ».

Or, personne n’ignore que justement, ces petites banques indépendantes et plus sûres, ont disparues depuis belle lurette de nos contrées par un système fait par, et pour les banques de marché...

Et Marc Roche n’ignore pas non plus qu’en France, c’est Jacques Cheminade et S&P qui, armés d’une proposition de loi, se battent pour les recréer.

 

Source : Solidarité & Progrès

 


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