Hunger Games : attention, danger !
par zic_quili
lundi 15 octobre 2012


Je regarde ce film bien après sa sortie, je déteste voir les films qui ont un tel succès en même temps que la publicité/le marketing se déchaîne et nous fait sentir que nous serions de bons gros losers de ne pas nous précipiter et suivre le move « fashion » du moment.
J’arrête de le visionner au bout de 55 minutes exactement, avec le show de l’héroïne et sa robe parée de flammes.
Pourquoi ?
Très simple.
L’héroïne est censée représenter une personne bien, pure, courageuse (elle se porte volontaire pour sauver sa petite soeur), intimidée (face à ce public romain grotesque) donc censée porter des valeurs fortes à l’opposé de la superficialité et des froufrous du monde réel tel que décrit dans le film.
Que se passe-t-il ?
Petit-à-petit, les repères tombent, les valeurs s’obscurcissent, l’impitoyable et le ridicule s’imposent et deviennent la normale.
Par exemple, lorsque l’héroïne demande au garçon de son district de lancer la boule massive, elle sort de son retrait de cette compétition stupide et cruelle, et, par sa demande (tel un ordre), elle rentre de plein pied dans ce jeu sordide.
Auparavant, le fait de prendre la main du garçon sur le char pour plaire à la foule est encore pire.
Pour quelle raison ?
Pour survivre, les participants doivent gagner les faveurs du public et des sponsors, donc de leurs bourreaux.
Beau message véhiculé par ce biais : si tu fais la forte tête et t’opposes au système, tu périras car il ne t’appréciera pas assez pour t’aider à gagner, à t’en sortir.
Il faut donc nécessairement courber l’échine et, en plus de faire ce que les puissants te demandent, s’appliquer à gagner leur estime, leur intérêt.
C’est une logique parfaite de suicide de ses valeurs, de son moi, au profit du plus fort, de la caste dominante.
Ce qui m’a ouvertement déplu à cette 55ème minute, c’est que la fille, en faisant tournoyer sa robe et voyant les réactions enchantées du public, semble y prendre plaisir et ressentir de la joie, comme si elle prenait confiance en elle de se prêter aussi bien à ce jeu servile.
Elle franchit ainsi un nouveau pas que je ne tolère pas : son instinct de survie lui avait fait prendre la main de son camarade sur le char, sa fierté et solidarité lui avait dicté l’éclat de la boule volumineuse, mais elle semblait n’y retirer aucune satisfaction.
Désormais, la roue a tourné, les valeurs se sont abaissées, abimées, elle plaît au public et elle aime ca.
Ce n’est donc plus par obligation, contrainte, qu’elle participe à cette mascarade idiote.
Elle ne simule plus, elle s’adapte, elle évolue et semble s’épanouir par la même, tel un processus d’asservissement et de corruption assumé.
Peut-être devrais-je avoir la patience de regarder ce film jusqu’à la fin avant de le juger.
Je ne peux et ne veux pas. Aucune envie de perdre plus de temps. Ca m’énerve de suivre le cheminement de ces imbécillités.
Merci à notre élite de nous enseigner par le truchement du 7ème art comment il nous faut agir, réagir, nous comporter et nous mouvoir dans un système qui écrase et corrompt son contributeur moyen chaque jour davantage.
Retenez bien la leçon :
Face au pouvoir, ne faîtes pas les fiers, ne vous rebellez pas, ou vos chances de survie sont nulles.
Au contraire, si vous oubliez, reniez les valeurs propres à l’humanité, alors vous avez une chance de réussir, de vous sortir de la mouise ambiante et de décrocher le gros lot : l’offrande devient le vainqueur, le « minable » (qui est en fait l’individu ordinaire) devient un puissant - en ayant tué tous les autres autour de lui, il va sans dire -.
Belle leçon de vie, belle mentalité, superbes valeurs.
Une bien belle manière d’éduquer la population cible de ce film : les pre-pubères, adolescent et jeunes adultes évidemment.
Et ce film qui me rend mal-à-l’aise au bout de quelques minutes, qui m’insupporte en moins d’une heure par sa philosophie (si je puis dire) en toile de fond, a connu un succès phénomenal, planétaire.
Loool
On est bien parti, je vous le dis ...