Identité nationale : les vraies et fausses menaces

par monpetitavis
samedi 2 janvier 2010

Durant encore deux mois, notre cher ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du développement solidaire, Eric Besson, invite tous les Français à participer à un grand débat sur ce qu’est l’identité nationale française. A l’instar du dicton sur la culture et la confiture, je suis porté à croire que le degré d’utilité de son ministère est surement inversement proportionnel à la longueur de son intitulé et que son véritable nom devrait être Ministre de la Récupération de l’Electorat Populaire en Veille de Scrutin. Cependant ne boudons pas notre plaisir et puisqu’il est de mauvais gout de refuser l’invitation d’un ministre, je compte par cet article apporter ma pierre à l’édifice.


Un faux débat pour un vrai objectif électoral


Ne tournons pas autour du pot, l’objectif de ce débat est cousu de fil blanc ; tout comme le gouvernement a ressorti l’espoir d’une Europe qui protège lors des Européennes, aux Régionales, le gouvernement compte bien récupérer les voix de l’électorat populaire qui s’est naturellement dispersé suite aux scandales de l’affaire Jean Sarkozy puis Frédéric Mitterrand. La question de l’Identité Nationale est une posture que prend le gouvernement pour envoyer comme signal que l’UMP est le seul parti qui se soucie du sort de la nation à la différence, vous l’avez bien compris, de l’ensemble de la gauche. Le débat sur l’identité nationale est donc focalisé sur les populations immigrées.

La question me semble donc biaisé car le débat n’est malheureusement pas de savoir qu’est-ce qu’être français et quels sont les éléments menaçant cette identité française ? Ici tout le monde se pose la question de savoir si les populations immigrées et en particulier les communautarismes qu’elles engendrent sont une menace pour l’identité nationale.

Bien évidemment, le sujet est complexe et la tentation de se jeter dedans est grande (je développerai surement ce point dans un futur article). Néanmoins, il ne répond que très partiellement à la question car la réflexion se porte sur le degré d’intégration de ces populations et n’aide en rien le français moyen à savoir ce qu’implique le fait d’être français.


La France, un pays, une histoire, une constitution


Du haut de mon jeune âge, la France, que j’ai découverte dans mes livres d’histoire, est un pays unique par son destin. Si chaque pays est unique, la France peut se prévaloir d’être la fille ainée de l’Eglise, le pays des lumières, le foyer de la révolution, et l’inventeur de la laïcité. Tout comme un croyant se réfère à ses dogmes pour définir précisément sa croyance, le citoyen dispose de sa constitution, véritable héritière de toute l’histoire de France, pour savoir ce qu’est être français.

Etre français aujourd’hui, c’est donc affirmer haut et fort, sans la moindre retenue que :

- Je suis solennellement attaché aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale

- Mon pays est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale

- Je suis pour l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion

- Je respecte toutes les croyances

- Ma langue est le français

- Mon emblème national est le drapeau tricolore

- Mon hymne national est la Marseillaise

- Ma devise est Liberté, Egalité, Fraternité

- Mon principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et avec le peuple


Contester l’une de ses affirmations, c’est contester directement l’identité nationale de la France. Refuser une de ses propositions, c’est refuser d’être pleinement français dans son âme.

Je pourrais bien évidemment continuer l’exposé en me lançant dans une envolée lyrique, si coutume dans tous les articles traitant de ce sujet, dans laquelle je raconterai avec ma plus belle prose quelle est ma France à moi. Seulement ma France à moi, gaulliste, fils de père pied noir, de mère espagnole et opposé au principe de double nationalité, je la sais bien différente du militant d’extrême-gauche qui en aura une toute autre vision sans pour autant être moins français que moi. C’est pourquoi, il me semble essentiel, dès lors que l’on expose le fondement de l’identité nationale, rappeler son ossature et non s’épandre dans une dissertation autant personnelle que limitée dans le temps afin que l’on puisse exposer aussi clairement que possible pourquoi la France a une identité propre.


La véritable menace pour l’identité nationale : la perte de sa spécificité


En 2001, Jean-Marie Messier, ancien PDG de Vivendi, déclarait que « L’exception culturelle française est morte ». A l’époque, cette déclaration avait suscité un tollé général dans le monde politique. Aujourd’hui en 2009, seulement 8 ans plus tard, quel homme politique fait encore appel à la notion d’exception culturelle pour défendre les principes de notre pays ?

Voyez-vous, ce constat me parait bien plus grave à l’heure de mesurer les menaces qui pèsent sur l’identité nationale française.

De la même façon que j’ai grandi en voyant dans mes parents des êtres uniques et non des parents comme les autres et donc interchangeables, je vois dans la France, un destin unique qui réunit tous ces citoyens et qui ne saurait être le destin d’un autre pays. Par conséquent, les personnes ou les institutions qui veulent réduire sa spécificité et la réduire à un simple pays dans lequel nous sommes nés par hasard et qui ferait bien de s’aligner sur le modèle dominant me semblent être les plus grands fossoyeurs de l’identité nationale.

En reprenant ma constitution, fidèle boussole si peu sensible aux aléas du zapping médiatique permanent dans lequel nous vivons tous, moi y compris, je mets pèle-mêle parmi les dangers qui menacent l’identité nationale française à long terme :

- les signataires du protocole de Londres n’obligeant plus la traduction systématique des brevets en Français

- la mode qui tend, dans les entreprises, à systématiser les anglicismes et ringardiser les équivalents français

- toute attaque contre la souveraineté nationale, seule garante de l’esprit démocratique

- la volonté de passer outre la voie du peuple exprimée lors du référendum de 2005.

- les atteintes contre la laïcité tout comme les attitudes agressives à l’égard des religions

- les sifflements contre la Marseillaise

- les institutions qui ne respectent pas l’égalité devant le droit des citoyens français, comme par exemple le gel électoral en Nouvelle-Calédonie

- l’abandon des services publics, véritable maillage territorial garantissant l’égalité de traitement en tous lieux et en toutes circonstances, c’est-à-dire garantissant un état social


La liste n’est pas exhaustive…



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