Il faut redémarrer les réacteurs nucléaires de Fessenheim

par JMBerniolles
lundi 1er novembre 2021

 

La crise actuelle de l’énergie dans les pays de l’Ouest et particulièrement ceux de l’UE est le résultat fatal du fiasco de ce que l’on qualifie de « transition énergétique », qui dans les fait est avant tout une « transition énergétique idéologique » sans fondement scientifique.

Malgré les multiples tentatives déployées pour détourner de cette réalité l’attention des peuples qui en seront les premières victimes, l’idée que l’orientation idéologique de la politique énergétique est responsable de cette situation de crise profonde émerge.

En France le pouvoir est ainsi conduit à allumer un contre feu politique autour du nucléaire appuyé sur la technique émergente des petits réacteurs nucléaires modulaires, les SMR.

Ceux-ci ont naturellement beaucoup d’intérêt pour des applications particulières comme les russes viennent de le montrer avec leur plate forme marine nucléaire l’akademik Lomonosov pour alimenter en électricité une ville isolée. Mais les réacteurs nucléaires actuels, notamment de type EPR, dont la sûreté a été porté à un niveau maximum, restent, en France, la solution à forte densité de puissance la plus adaptée à notre réseau électrique existant.

Notre nucléaire en suspens, l’EPR de Flamanville bloqué à nouveau pour un problème pour le moins obscur de soudures sur un circuit secondaire et les réacteurs nucléaires de Fessenheim qui viennent d’être arrêtés pour un motif purement politicien alors qu’ils pouvaient encore fonctionner jusqu’à 20 années supplémentaires dans de bonnes conditions de sûreté, constituent une forte potentialité pour le renforcement de la puissance électrique du réseau européen connecté. Ainsi que pour sa stabilité, - rappelons qu’à la suite du Black out élecytrique partiel de fin 2006 sur un sous réseau européen, le rétablissement du réseau électrique assez rapide a été mené grâce à la puissance électrique d’origine nucléaire française -.

 

L’immense fiasco de la « transition énergétique idéologique »

 

La « transition énergétique » idéologique, parce qu’elle ne se base pas sur des considérations scientifiques et technologiques mais sur l’utilisation d’une idéologie servant un projet politique favorisant des intérêts privés, s’est traduit par des Lois et textes de loi, tel que la LOI n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

Un des axes majeur de cette politique est l’anti nucléaire. Qui est une constante dans la politique gouvernementale depuis des dizaines d’années avec la succession de ministres de l’écologie depuis Corine Lepage à Barbara Pompili en passant par un maximum de « cas » comme D Voynet, C Duflot,.. l’éco businessman N Hulot, tous incompétents en matière d’énergie. On a ainsi eu un moratoire sur les projets de réacteurs nucléaires électrogènes de 1991 à 2006, date de l’engagement de l’EPR de Flamanville dont le chantier a fait l’objet de multiples blocages de la part de l’Autorité de Sûreté, sous la tutelle du ministère de l’environnement, toujours pour des problèmes contestables qui se sont révélés avoir été grossis un maximum une fois la question analysée. Puis l’abandon et le sabotage du prototype, qui reste encore aujourd’hui à l’avant garde de la technologie nucléaire, Super Phénix. Enfin nous venons de subir l’arrêt arbitraire de la centrale de Fessenheim dont les réacteurs nucléaires auraient pu fonctionner encore 20 ans dans de bonnes conditions de sûreté.

Ces attaques n’ont évidemment pas été sans conséquences sur les capacités de l’industrie nucléaire et sur la maîtrise d’œuvre des construction de réacteurs nucléaires. Néanmoins on soulignera le succès des EPR chinois de Taishan qui ont été construits avec des matériels lourds forgés par Areva, sous la maîtrise d’œuvre principale de l’EDF. Ces réacteurs nucléaires tout à fait semblables à l’EPR de Flamanville fonctionnent bien depuis plus de deux ans. Ce qui soulève plusieurs questions dont la principale : que se passe-t-il avec l’EPR de Flamanville  ?

Enfourchant cette idéologie dénuée de base réaliste dans le domaine de l’énergie, les pays de l’union européenne, hormis la Pologne peut-être qui se prononce en faveur du nucléaire, mettent en pratique depuis des années ces orientations idéologiques en matière d’énergie. Le cas des pays baltes est particulier puisqu’ils sont encore raccordés à l’ancien réseau électrique soviétique et dépendent ainsi encore fortement pour leur électricité de la Biélorussie et de la Russie.

Ce que l’on qualifie aujourd’hui de crise énergétique n’en est en fait pas une parce que c’est tout simplement la conséquence logique des politiques énergétiques bâties sur cette ligne idéologique.

Persister dans ce voie, ce que notre pouvoir au service des grands intérêts financiers du « green business » tente de faire sur la base d’études grossièrement bidonnées promettant un 100% éolien et PV en 2050 approfondirait gravement la crise énergétique.

Le Climat

Depuis les années 70, sur la base d’un réel réchauffement à la surface du Globe terrestre, la propagande du système dominant, i.e le néo libéralisme, notamment par les grands médias qu’il contrôle, développe le catastrophisme climatique, mettant en cause les activités humaines. Cela repose sur l’hypothèse, - on oublie que c’est dès le départ une hypothèse dont la démonstration est très complexe et à vrai dire hors de portée des moyens actuels des sciences du Climat -, d’un effet anthropique majeur par l’intermédiaire d’émission de gaz à dits à effet de serre [effet qui contrairement à ce que l’on pense reste aussi largement à démontrer], en particulier le CO2. Dans les faits cette hypothèse sur l’effet anthropique a été complètement désavouée au tournant des années 2000, particulièrement parce que les prédictions réalisées dans les années 90 sur cette base hypothétique ont été largement désavouées[1]. La propagande du système s’est d’ailleurs adaptée à cet échec en basculant sur le « changement climatique ». La rigueur scientifique n’étant pas l’apanage des journalistes et politiciens le « réchauffement climatique » est encore mis en avant à toute les sauces.

Depuis les années 2000 le Climat global est déterminé par les phénomènes El Niño et La Niña, rien à voir avec le CO2 atmosphérique. Cela donne des pics de températures ( + 0.2 degré environ avec El Niño ) ou un refroidissement. Fin 2021 début 2022 il est prévu un phénomène La Niña qui risque de provoquer un hiver froid sous nos latitudes et qui interviendrait dans cette phase de crise énergétique.

La COP26 qui vient de s’ouvrir à Glasgow est bien représentative de cet échec sous-jacent du catastrophisme climatique. Malgré les appels de Boris Johnson à la Russie et à la Chine, ces deux pays majeurs, qui sont émetteurs de CO2 mais développent aussi le nucléaire civil, sont absents. Ce n’est pas d’aujourd’hui que les recommandations des COP successives sont ignorées par les états membres, mais là avec la crise énergétique nous sommes à un tournant. Cela n’empêchera pas les pays européens qui relancent des chaudières à charbon de ressortir à nouveau un discours encore plus alarmiste, mais la crédibilité du discours dominant, ainsi que du Giec, est très largement remise en cause.

Le nucléaire

Dans le contexte de la crise énergétique, le nucléaire dont les tenants de la limitation des émissions de CO2 découvrent soudain qu’il est justement très peu émetteur de CO2, moins que l’éolien à cause de sa forte densité de puissance notamment, émerge officiellement comme une solution.

Cela suscite naturellement des combats d’arrière garde. Ainsi dans le récent rapport RTE nous avons droit à un couplet relatif à la soi-disant incapacité de l’industrie nucléaire française à assurer la réalisation d’un parc limité de réacteurs nucléaires, il s’agit de six EPR compte tenu de la prolongation à 10/20 années de la vie des réacteurs nucléaires REP actuels. Donc d’une ampleur qui est bien loin de ce qui a été réalisé à la fin des années 70 pour le parc des REP.

C’est dans la ligne de manipulations qui ignorent le succès de la réalisation de deux EPR à des milliers de kms, à Taishan en Chine, qui fonctionnent bien depuis plus de deux ans. Et cela prétend s’appuyer sur les blocages par l’ASN du chantier de l’EPR de Flamanville, qui ont bien révélés des problèmes au niveau industriel et de management essentiellement dus au quasi moratoire sur les réalisations et projets de réacteurs nucléaires de 1991 à 2006, mais n’ont nullement mis en évidence de problèmes majeurs contrairement à ce que l’on voudrait faire croire aux gens.

Dans la propagande qui nous est servie depuis des dizaines d’années de concert par les mouvements anti nucléaire et par la propagande officielle des grands médias, le nucléaire est l’objet d’une foule de contrevérités que l’on ne peut totalement citer ici. On se contentera d’en démonter quelques unes.

_ La tenue vis à vis du risque sismique des réacteurs nucléaires est un élément de sûreté parmi les mieux établis. Lors du grand séisme du 11 mars 2011 au Japon, 13 réacteurs nucléaires répartis sur trois sites, Onagawa, Fukushima Daini et Fukushima Dai-ichi, ont été exposés à de fortes sollicitations. Leurs bâtiments réacteurs ont subi de très grandes accélérations dont l’ampleur a atteint le niveau du séisme de sécurité pris en compte, c’est à dire deux degrés logarithmiques au dessus du séisme estimé sur ces sites (30% du territoire japonais est en zone à risques sismiques). Ce grand séisme était provoqué par la relaxation de contraintes dues à l’affrontement de plaques tectoniques et continentales. Sa période est de l’ordre de 1000 années et sa probabilité d’occurrence a été mal pris en compte par la Tepco.

Malgré cela tous les réacteurs nucléaires et leurs équipements ont tenu le choc. Et notons qu’un tel séisme ne peut survenir en France.

_ Il y a des exemples aux USA de démantèlement de réacteur nucléaire jusqu’au retour à la pelouse. Le cœur partiellement fondu du réacteur accidenté à TMI a été extrait de la cuve primaire au milieu des années 80. Dans le cas de Super Phénix le sodium primaire a été totalement vidangé et le démantèlement malheureux est bien avancé. Le cas des corium sur trois des réacteurs nucléaires de Fukushima Dai-Ichi est évidemment plus complexe, mais des robots sont en cours de développement et cela fera avancer la technologie du démantèlement.

_ Les déchets nucléaires qui représentent un volume relativement faible à cause de la très grande densité de puissance émanant des fissions du combustible nucléaire, font depuis assez longtemps l’objet de conditionnement et de contrôle. Leur gestion est encadré par des lois dont celle de 1991, la Loi Bataille. Cette Loi prévoit même le développement de techniques d’élimination des déchets nucléaires. Dont il faut noter qu’une part serait déjà transmutée dans des réacteurs rapides type Super Phénix. Alors que la Chimie occasionne des contaminations mortelles, Bohpal en Inde avec des milliers de morts, ou des explosions, AZF soit malheureusement 31 morts et beaucoup de blessés, le Port de Beyrouth où une masse de nitrate d’ammonium dix fois plus importante, on n’a pas constaté de contaminations ou d’irradiations civiles dues aux déchets nucléaires.

Conclusion

Puisque pour résoudre une partie essentielle de la crise énergétique actuelle la solution du nucléaire s’impose, il faut aller au bout de cette idée.

En France cela veut dire lancer résolument le programme de construction d’EPR et dans l’immédiat mettre rapidement en service l’EPR de Flamanville et prendre la décision de relancer les réacteurs nucléaires de Fessenheim. Par décision légale également prise arbitrairement et uniquement sur une base idéologique, l’Allemagne est censée arrêter ses derniers réacteurs nucléaires en 2022. Le nucléaire a encore une part supérieure à 10% dans sa production de courant électrique et surtout apporte encore une certaine stabilité aux réseaux électriques allemands souvent soumis à l’instabilité de la production électrique d’origine éolienne. L’Allemagne a largement démontrer que le remplacement du nucléaire ne pouvait être assuré que par le charbon et le gaz. Si l’Allemagne met en application l’année prochaine ses décisions légales vis à vis de son nucléaire, la stabilité du réseau électrique européen risque d’en être affectée d’une manière majeure.

Potentiellement la crise énergétique actuelle est déjà susceptible de faire exploser l’Europe des traités européens (il est à noter que le traité relatif à l’Euratom n’est déjà pas respecté). Des problèmes majeurs sur son réseau électrique mettrait en jeu l’existence même de l’UE. Dont la politique énergétique imposée bureaucratiquement par la commission européenne est contraire aux intérêts des peuples de la communauté des pays adhérents à cette UE. Quand on pense que cette bureaucratie bruxelloise, confortée par l’Allemagne en l’occurrence, impose à la France de lier le prix de son électricité à majorité d’origine nucléaire, au prix du gaz naturel, on mesure la nocivité de l’action de la commission européenne dans ce domaine.

1. Climat  : l’hypothèse anthropique est morte JMB  Agoravox janvier 2019

 


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