Il faut sauver la vache Hermien : « #MeKoe » !
par velosolex
mardi 20 février 2018
Parfois à la lecture de la triste lecture des nouvelles du monde, l’une d’entre elle vous fait relever le sourcil. « Une vache refuse d’aller à l’abattoir et part en cavale ! »
Toute votre journée, au boulot, vous y repenserez, un peu envieux. .. Forcément, vous n’avez pas pu garder le secret.
« Quand même ! Ah la vache ! Fallait le faire quand même !. »
« Tu parle de Martin Fourcade ! » Vous a demandé un collègue.
« Non, non...D’Hermien ! »
« Hermien ?….Connaît pas ! Une descendeuse ?Une slalomeuse » ?
Extraordinaire !
Si cet événement avait eu lieu il y a encore dix ans, sans doute n’en aurait on pas parlé. Pour qu’il soit tout à coup à la une, c’est qu’il est signifiant. Hermien est juste la bonne vache, au bon moment, au bon endroit. « The good cow at the right place ! » L’objet signifiant arrivant à point nommé.
Et si la libération de l’homme passait par la celle de la vache ? On n’avait pas vu, c’est vrai, le grand soir à venir comme ça ! Se pourrait-il que notre émancipation suive un parcours aussi étonnant que la boule d’herbe dans l’estomac d’un bovidé, ressemblant aux rebonds insensés d’une balle de squash d'un mur à l'autre ?
Une vache a refusé l’inéluctable, la mort proclamée. Elle a filé en douce, quand elle a saisi l'abomination ! On est là c’est vrai à cent lieux de la gestuelle révolutionnaire, des effets du che avec son béret étoilé. Mais allez savoir si demain un poster d’Hermien ne sera pas épinglé dans la chambre des ados, avec cette moue romantique faite d’exigence et de recherche d’absolu dans le regard qui vous fait fondre ? .
Hermien est un mystère ! Comment se fait-il qu’un paquet de nerfs et de viscères, qu’on n’a même pas jugé digne d’être une usine à lait a-t-elle pu avoir conscience de l’horreur de sa mort programmée... Et qu’elle se soit rebellée, et prenant « la fille de l’air »…..
Question fille, j’ai pensé bien sûr à notre Jeanne d’Arc. S’il avait fallut attendre que les autorités autorisent les filles à prendre armure et épée, je vous le dis Orléans ne serait pas encore délivré des anglais. Le clergé s’est longtemps demandé si Jeanne n’avait pas été gouverné par le démon. Hier on niait aux femmes la possibilité d’abriter une âme.
Les bovidés, aux dernières nouvelles, n’ont encore officiellement aucune conscience de leur existence propre !
Alors comment voudriez-vous qu’elles en aient une au sujet de leur propre fin ?… Cette vache grille toutes les étapes. Nos savants et nos directeurs de conscience on le voit ont toujours une longueur de retard sur le troupeau qui prend la tangente.
La preuve : Tout un pays s’est dressé d’un coup pour sauver cette vache zadiste.
Première urgence, lui donner un nom. Ce sera « Hermien ». Dès que vous avez un nom vous sortez du troupeau, vous avez un visage, vos cornes deviennent uniques et remarquables. Défense de toucher !
Descartes, pensait globalement qu’on pouvait vider sa hargne sans retenue sur un chien, pour la raison qu’il n’était qu’un paquet de nerf, très semblable au punching-ball ball. Animal-machine — Wikipédia
Le fameux doute cartésien commençait donc à exclure de son système de pensée tout ce qui était à quatre pattes. Ce n’est pas une philosophie humaine, mais de maquignon, avec un bâton dans une main, et sa bourse dans l’autre ! On est loin, avec cette thèse de l’animal-machine, de la loi morale et du ciel étoilé de Kant….
D’une façon générale nos théories et notre religion servent souvent à protéger, voire à légitimer nos intérêts. Et notre poche portefeuille dicte ses lois à nos émotions autant au moins que notre cerveau. Il faut diaboliser et transformer en matière vile ceux qu’on veut asservir. C’est la seule façon de garder la tête haute. On a fait comme cela pour les gaulois, les peaux rouges et les colonisés. Ç’aurait été une discrimination infamante de ne pas faire pareil pour les animaux, je veux dire les bestiaux ; la viande sur pieds, quoi...
Quelques progrès d’évaluation ont été accomplis : Il est admis maintenant que des animaux prétendument supérieurs, tels que le dauphin, la baleine, les singes, les éléphants, et les corvidés auraient droits à quelques considérations. Les animaux ont-ils conscience de leur propre existence ?
Pour le reste du troupeau, tout cela ne fut que beau discours de préfet aux champs. Et d’ailleurs les champs ont évolué, voire disparu, pour de tristes aires cimentées. Le sort des animaux de ferme a empiré comme jamais.
C’est chose curieuse de s’apercevoir que si notre intolérance à la violence a augmenté, il n’y a guère que les animaux de compagnie, qui ont gagné à ce vernis d’humanité. Pour les autres, que ce soit les espèces sauvages, où celles soumis à un schéma d’exploitation, l’horreur est inédite et totale !.
Ces animaux programmés pour être engraissés et abattus le plus vite possible portent eux aussi un numéro. La vache Hermien n’avait pas de nom, pas d’identité, avant que les Hollandais ne se passionne pour cette fugueuse. On l’a chargé dans un camion plombé du limousin à un de ces centres d’abattage, lui faisant faire ainsi pas loin de 1000 kilomètres. Un itinéraire du stress et de la mort ordinaire pour cette race de bovidés qui n’ont pas été consacrés « pisseuses de lait ». Depuis 2000, la production moyenne par vache a augmenté de 20 %. De plus en plus de lait produit par de moins en moins de vaches : la ...
Si le sort de cette vache est emblématique de sa condition, il en va de pair pour évidemment la filière viticole, celle dite « en batterie » représentant un omega. Un malheur qui va donc à chaque fois du producteur au consommateur.
Qu’aurait fait un taureau ? Ces bêtes couillues et remplis à ras bord de testostérone ont le sang chaud, et un courage et un poids certain. On ne les balance pas aussi aisément qu’un porc ! Un taureau qui fait du body building fait sans doute un carton ! Mais son malheur vient précisément de sa force, comme celui du hérisson vient de ses piquants. Ces pauvres bêtes qui se mettent en boule, et sortent leurs dards pour se protéger des voitures n’ont pas appréhendé notre modernité automobile et ses hécatombes.
Les hollandais prenaient chaque soir des nouvelles d’Hermien. « Plus vache la vie ! » Un feuilleton qui n’en finissait pas. Une souscription en ligne fut lancée et récolta une somme ahurissante. De quoi lui payer une retraite dans une petite maison à l’orée des bois, comme l’avait vécu avant elle les musiciens de Brème.
Restait à l’approcher. La bête se méfiait à juste titre, et se risquait juste la nuit à piquer du fourrage dans les étables voisines.
Je dois le dire, j’ai passé une vilaine semaine, m’en faisant pour Hermien comme si c’était ma fille. Un vétérinaire avait en effet peur qu’elle ne traversa l’autoroute. « Il faut la laisser tranquille, attendre les beaux jours et la sortie des troupeaux dans les prés. Elle devrait alors se rapprocher des siens d’elle-même »
"Hermien est enfin à la maison, après un chemin long, solitaire et stressant vers la liberté", a écrit la maison de repos sur son site internet, saluant le courage de la vache qui "s'est battue pour sa vie" et qui a fini par décrocher un "ticket en or" pour une fin de vie paisible.
Hermien, la vache super star échappe à l'abattoir | Euronews
Une précision : Hermien n’a que trois ans. C’est donc une avancée considérable pour notre système de retraite qui doit s’en inspirer, dans les plus brefs délais.
La jurisprudence « Hermien » et ses retombées n’ont pas fini de faire parler d’elles. En attendant, devant le risque d’avoir des problèmes avec les futures instances internationales, je déconseille à tous ceux qui me liront de faire attention à ce qu’ils mangent.
Personnellement, pour revenir à « La vache et le prisonnier » un film qui minot, m’avait beaucoup ému, j’irais plus loin la promesse faite par Fernandel à sa vache Marguerite de ne plus manger de veau !
L’avenir sera un plat de lentilles somptueux ou ne sera pas !
PS : Cerise sur le gâteau ; Sa copine "Zus" a désormais rejoint. "Hermien".