Il n’y a plus de solution. En 2017, Marine le Pen à l’Elysée ?
par Bernard Dugué
jeudi 19 janvier 2012


Le sommet social tenu à l’Elysée ne restera pas dans l’histoire. Juste un effet d’agitation pour montrer que le capitaine est sur le navire. Le capitaine a en effet reçu les partenaires sociaux et rien de tel qu’une série de clichés flashés sur le perron de l’Elysée pour convaincre les Français que le chef d’Etat est parfaitement opérationnel pour gérer la crise de l’emploi car la question du chômage sera présente et du reste, elle inquiète à juste raison les Français. Nicolas Sarkozy a même tenté d’associer les syndicats pour prendre des décisions importantes, surtout cette fameuse TVA sociale qui, même dans le camp de l’UMP, ne fait pas recette et semble inquiéter les députés, qui comme Lionel Luca, sont préoccupés de leur réélection et se font peur en rappelant le mythe de cette TVA sociale qui, lancée dans l’air médiatique en 2007, aurait coûté à la droite 50 sièges. On notera au passage ce bel exemple de morale républicaine. Monsieur Luca est contre cette mesure non pas parce qu’elle est antisociale mais parce qu’étant impopulaire, elle place les députés de l’UMP sur un siège d’autant plus éjectable que le FN s’apprête à trianguler dans l’hexagone. Il faudra réfléchir un jour sur le naufrage moral et culturel de la France, un naufrage qui n’est pas étranger à la crise sociale que ce pays traverse depuis quelques années. Ce n’est pas le style de Sarkozy que de paniquer mais cette comédie des sommets successifs traduit bien une impasse et sans doute, les chiffres du chômage de décembre, janvier et février seront mauvais, pour ne pas dire abominables. Le chômage de mars ne sera dévoilé que dans l’entre deux tours.
Le président Juncker de la zone euro vient d’annoncer une récession technique. Autrement dit une croissance négative sur deux trimestres consécutifs, le dernier de 2011 et le premier de 2012. Autant dire que c’est assez mal barré pour le chômage et les déficits. Plus de possibilité de relance par un fond d’investissement spécial. Et quand bien même se serait envisageable, il faudrait voir si le fond décidé en pleine crise financière de 2008 a porté ses fruits ou bien a servi à engraisser quelques officines et autres parties prenantes ayant bénéficié des subsides. En 2012, l’impasse est assez visible et comme l’a signalé Juncker, c’est un véritable problème que d’être en récession alors qu’il faut réduire les déficits publics, ce qui ne peut qu’altérer les ressorts de la relance par la croissance de la consommation, laissant augurer un scénario à la japonaise, autrement dit, une décennie foutue.
Quelques observateurs pensent que la voie est ouverte pour François Hollande. Un responsable politique de droite a judicieusement suggéré que l’élection de 2012 se dessine avec comme ressort principal le vote de rejet. Quel est le candidat suscitant le plus de rejet ? Il semble que ce soit le président en exercice, ce qui est logique après tout. D’ailleurs, la tactique des deux camps consiste à dépeindre en teinte sombre l’adversaire, quitte à le transformer en épouvantail et même, lorsque la ligne de déontologie est allègrement franchie, en capitaine de croisière Costa. Ces petits détails s’ajoutent aux autres en révélant une France en mauvais état politique. Le déroulement de la campagne n’indique pas de crise politique au sens passionnel du terme mais plutôt un collapse, un effondrement de l’élan, du ressort, de l’énergie sociale. L’équipe de campagne de Sarkozy s’applique à trouver un slogan incantatoire susceptible de conjurer le marasme. Mais c’est peine perdue. Ensemble, les forces avec Sarkozy se traduit par, tous ensemble et déprimés, rien n’est possible. Quant à l’espérance portée par Sarkozy, elle contraste avec l’esprit actuel et les Français sauront mettre en opposition l’espérance illusoire du président face à une espérance lucide portée par Hollande, mais qui s’avère être tout aussi illusoire. La différence étant qu’il faudra attendre le futur pour statuer sur le passé d’une illusion. 5 ans pour redresser le pays, autant dire une mission impossible, quel que soit le candidat. Rien ne sert ce corriger le pays, car le navire a pris un mauvais cap depuis 30 ans.
L’hypothèse d’une Marine le Pen parvenant à l’Elysée ou du moins, au second tour de 2017, n’est pas à exclure. N’étant pas idiote, Madame le Pen sait bien qu’elle échouera cette année mais elle savoure déjà la perspective et s’applique avec passion à effectuer ce rodage, sachant que son âge lui offre un boulevard pour les élections suivantes et que deux grands présidents de la cinquième ont réussi à la troisième tentative. En l’état actuel des choses, la perspective sociale pour la France est celle de la croissance antisociale. L’économie risque en effet de croître d’un demi-point ou un peu plus après 2012, ce qui signifie un chômage en augmentation constante. On imagine le tableau en 2017. Double rejet de l’UMP et du PS et donc, devinons qui attend en embuscade ? Marine le Pen.