Indécent le mot « race » ?
par NAMASTE
mercredi 30 septembre 2015
SUITE A LA DECLARATION DE NADINE MORANO AU SUJET DE LA RACE BLANCHE
La levée de boucliers suscitée par quelques paroles de Nadine Morano au cours de l’émission "On n’est pas couchés" du 26 septembre 2015 révèle l’inquiétante progression des métastases du politiquement correct dans le tissus français. L’eurodéputée a donc osé déclarer « La France est un pays de race blanche ». La belle affaire : nos compatriotes guadeloupéens encore épargnés par la langue de bois parisianiste s’offusqueraient-ils d’entendre « La Guadeloupe est une île de race métissée » ?
Ayant écrit ici une fois pour toutes ce que je pense du racisme (1), pardonnez-moi de me sentir à l’aise pour traiter de cette affaire.
La suppression du mot "race" de la Constitution était l’un des grelots du hochet de la dernière campagne présidentielle destiné à caresser le Front de Gauche dans le sens du poil. Se croit-on vraiment capable d’éradiquer la lèpre raciste en brisant un thermomètre sémantique ? Au cours de l’émission sus-citée, Yann Moix, hypocritement courroucé, n’hésita pas à lancer « Le mot " race " est indécent ! ». Ici, comme moi, vous pensez sans doute à Tartuffe :
« Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées »
A l’instar de la couleur des cheveux, la race n’est pas grand-chose mais elle est quand même quelque chose. Hélas, elle a servi et sert toujours de base à des idéologies criminelles, aux esclavages, à des conquêtes, à des exactions et à de multiples guerres (2). Mais la tragédie humaine n’a pas besoin du prétexte de la race pour se développer : qu’on se souvienne de la haine entre Français et Allemands, tous Européens blancs, en 14/18. J’insiste : la race d’un être humain n’est vraiment pas grand-chose devant l’esprit de cet être (3). Exemple concret : il y a quelques jours, un nouveau prêtre d’origine coréenne vient d’arriver dans notre paroisse. Je me fous de sa race et je me sens infiniment plus proche de lui que d’un bouffeur de curé de race blanche d’ici ou de Pétaouchnok !
La sortie de Morano donne lieu à de nombreux débats. Par exemple, au cours de "Grandes gueules" (4) , Charles Consigny, généralement mieux inspiré, parle de "race humaine" ce qui, bien évidemment, n’a aucun sens. Mais que ne dirait-on pas pour rester dans la course n’est-ce pas … Aux dernières nouvelles, NKM a déclaré « Les propos de Morano sur la race blanche sont exécrables ». A toutes ces attitudes hâtives des politiciens qui cherchent à se border un coup à gauche puis un coup à droite, je préfère le professeur Jérôme Lejeune lequel répondit « Couleur d’homme » lorsqu’on lui demanda de quelle couleur était la peau d’Adam.
Si un jour, un tribunal révolutionnaire me demandait (afin de jauger ma dangerosité) quel mot j’aimerais supprimer du vocabulaire des hommes et des machines, je répondrais "la fierté". Le plus souvent, nos réussites les plus flatteuses ici-bas résultent de multiples contingences qui nous échappent totalement. La fierté auto-flatteuse de quelques-uns écrase ceux, nombreux, dont les mérites restent invariablement dans l’ombre. Louons donc la modestie plutôt que de chercher vainement à éliminer la notion de race. Bien que la fierté soit nauséabonde - terme familier à ceux-là même qui veulent éliminer la race d’un tour de passe-passe – je sauverais peut-être ma couenne devant le tribunal mais, hélas, la fierté ne disparaîtrait pas.
Subrepticement, certains cherchent à supprimer des mots et à en imposer d’autres. Parmi les premiers, on peut citer "race" et "sexe" (5) ; parmi les seconds on trouve, par exemple, "moisi", "amalgame" ou encore "stigmatiser". Tout se passe comme si un certain moralisme voulait imposer à la population une novlangue étriquée et prête à l’emploi, un paquet des seuls mots autorisés par un Big Brother en gestation. On veut d’abord tuer la réflexion des gens pour les gouverner sans contrainte. Il s’agit tout simplement de la socialisation des esprits, thème cher à Berdiaev.
Pensons-y pour ne pas nous laisser manipuler, que nous soyons croyants, agnostiques ou athées.
(1) Voir " Le racisme comme non-sens ontologique " ( 8 novembre 2013)
(2) « Ô Races, que de crimes on commet en vos noms ! »
(3) A dessein, je n’utilise pas "culture" ou "civilisation" de moins en moins corrélées aux races
(4) RMC, émission du lundi 28 septembre 2015
(5) Par le truchement du genre