Industrie nucléaire : et en plus, ils mentent !

par VICTOR Ayoli
mardi 3 mai 2016

Oui. Non content de se révéler incompétents, ils mentent ! Pour entrer dans les clous, ils auraient falsifié les documents concernant les essais exigés par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) suite à des anomalies de résistance de la cuve de confinement, composant essentiel du réacteur EPR de Flamanville.

 

Cette cuve pèse 425 tonnes, mesure 11 mètres et ne peut pas être changée une fois le réacteur en marche à cause de la radioactivité énorme qu'elle contient et qu'elle confine. C'est pour cela que les exigences réglementaires appliquées aux équipements sous pression nucléaire d'un réacteur, comme la cuve ou le générateur de vapeur, sont particulièrement contraignantes. Or les essais ont révélé que certaines zones du couvercle présentaient une capacité à absorber les chocs inférieure à la limite réglementaire. En cas d'incident nécessitant d'injecter de l'eau froide dans le réacteur, cela pourrait provoquer une rupture de la paroi et donc l'écoulement de liquide hautement radioactif. Bonjour les dégâts !

Rien n'est encore irrémédiable tant que l'EPR est en construction. Il suffit de changer cette cuve ! Facile à dire… En France, seule l'usine Areva du Creusot est capable de fabriquer un tel équipement. Celle-là même qui est soupçonnée de falsification. A l'étranger ? Les Japonais savent faire. Mais font-ils mieux que nous ? Sont-ils plus « fiables » ? Les malversations et magouilles autour de Fukushima permettent d'en douter. Les Chinois ? Est-il raisonnable d'y penser ?

Et une cagade de plus pour ce cher, ce très cher EPR ! C'est vrai qu'on est habitué et donc ça ne choque plus personne. Mais ça donne encore plus de poids à LA question : on arrête là les dégâts où on continue les konneries ? Ouarf ! Les drogués aux neutrons doivent s’étrangler de rage !

Non mais, on croit rêver ! On cauchemarde plutôt ! Si nous, Français, arrêtons la construction de ce « machin » qu'est l'EPR, qui va nous en acheter ? Et ces belles centrales que fabriquent (mal !) Aréva et EDF, qu’est-ce qu’on va en faire ? A qui va-t-on les fourguer ? Aux Chinois ? Mouais… On leur en vend deux, ils les décortiquent et les refont à l’identique, en changeant seulement la couleur des rideaux. Et on l’a dans l’oigne. Comme Siemens pour ses TGV, comme EADS pour ses Airbus ! D’accord, on a vendu un EPR à la Finlande. Mais alors là, c’est la honte ! Des années de retard, des problèmes à n’en plus finir et un coût qui passe de 3 milliards d’euros à…9 milliards (pour le moment !), la différence étant par contrat à la charge des fabricants.

Les fabricants, en France, ce sont Aréva et EDF. Les « fleurons » de l’industrie nucléaire françouaise ! Fleurons ? Plutôt fanés… Aréva est en faillite. Ses choix en matière de recherche de sites uranifères se sont montrés hasardeux, voire scandaleux d'incompétence. Le retraitement des déchets ? Plus de contrats sauf ceux d’EDF imposés par l’Etat. Construction de centrales ? Voir l’EPR de Finlande. Un bide et un gouffre financier. Mais ça ne défrise pas nos nucléocrates qui ont réussi à se mettre dans la poche Hollande et Macron pour jeter 24 milliards d'euros (pris par EDF dans la poche des Français) dans un projet dingue chez les Anglais ! Aux fous ! Fabrication du combustible ? Les commandes ne se bousculent pas, d’autant plus que le fameux Mox (mélange d’uranium enrichi et de plutonium de récupération) a montré à Fukushima sa nocivité redoutable.

La France fait dès à présent figure de dinosaure ringard en Europe avec son industrie du passé ! Nous gaspillons des montagnes de pognon à maintenir en place un parc de centrales nucléaires dépassées, vieilles, devenues très dangereuses comme l’a révélé Fukushima, non seulement pour nous, mais aussi pour nos voisins Suisses, Allemands, Luxembourgeois qui montent au créneaux. Nous construisons à coups de milliards toujours plus nombreux un EPR ringard puisque n’étant que le prolongement technologique même pas amélioré des centrales existantes. Tout le pognon que notre pays jette dans le gouffre du nucléaire ne serait-il pas plus utile en matière d’éoliennes, de photovoltaïque, de géothermie, d’économie d’énergie, de bâtiments à bilan énergétique neutre, etc. ! Toutes matières neuves, d’avenir, pourvoyeuses d’emplois et de devises à l’exportation. C’est le choix qu’ont fait les Allemands depuis des années. Et nous nous essouffleront à leur courir après dans l’avenir à cause de la lâcheté de gouvernants inféodés au lobby des nucléocrates…

 Sauf que...le décret d’autorisation de l’EPR expire en avril 2017. Si le réacteur ne peut être mis en service à cette date, le gouvernement pourra annuler son cadre réglementaire ! Publié le 10 avril 2007, le décret n° 2007-534 prévoit en son article 3 que « le délai pour réaliser le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur est fixé à dix ans à compter de la publication du présent décret ». Soit le 11 avril 2017. Le problème, c’est qu’il semble fort improbable qu’à cette date le réacteur Flamanville-3 puisse être mis en service. Car il faut d’ici là que l’ASN autorise le chargement des combustibles, décision que la cascade de problèmes rencontrés rend plus qu'aléatoire. « Si l’EPR n’est pas mis en service en avril 2017 se pose la question du statut juridique de l’installation, écrit la commission parlementaire d’enquête sur les coûts du nucléaire, pilotée en 2014 par les députés François Brottes et Denis Baupin. Le gouvernement aurait la possibilité d’annuler le décret, obligeant EDF à reprendre la procédure. » Concrètement, l’EPR ne serait pas jeté à la poubelle comme un gigot ayant dépassé sa date de péremption, mais il entrerait dans une séquence juridique difficile... Avec – enfin – la possibilité juridique de fermer ce chantier dangereux et d'arrêter de creuser ce gouffre financier.

 

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