Infanticides encore : quid de la responsabilité du géniteur ?

par pigripi
samedi 31 juillet 2010

Une femme est accusée d’infanticide. Elle reconnait avoir étouffé 8 nouveau-nés. Son mari est tout de suite mis hors de cause. Comment est-ce possible ?

Non seulement c’est impossible à croire sauf à considérer que le mari est handicapé sensoriel, hypothèse dans laquelle une expertise médicale devrait confirmer le handicap avant de mettre le mari hors de cause.

Pourquoi une telle précipitation à innocenter d’office et officiellement un géniteur qui est biologiquement responsable à 50% de la conception des bébés ?

Une telle attitude encourage les hommes à ne pas assumer les conséquences de leur activité sexuelle et ramène les femmes à ces ventres que l’on veut féconds et jouissifs sans vouloir respecter la personne dont ils sont partie constituante.

Dominique avait élevé avec amour deux filles. L’une d’elle, encore très jeune avait accouché d’un enfant auprès duquel elle avait parfaitement tenu son rôle de grand-mère. Le père du bébé avait abandonné la fille et le bébé. Encore un géniteur irresponsable. Douleur pour la grand-mère.
 
Dominique ne voulait pas d’autre enfant. C’est son droit. Elle avait eu de mauvaises relations avec les médecins, ce qui n’est pas exceptionnel. Sans relation de confiance, elle ne pouvait pas aborder les questions de contraception avec des professionnels. Il est possible aussi qu’elle ait été très mal dans son corps obèse, qu’elle ait porté en elle toutes sortes de traumatismes physiques et psychologiques transformés en inhibitions, qu’elle n’ait eu personne à qui se confier à commencer par son mari. Il est difficile d’imaginer qu’une femme puisse décider en toute liberté intime de se faire féconder, de mener les grossesses à terme et d’étouffer le bébé une fois sorti de son ventre.
 
Il est plus vraisemblable qu’une femme soit dans le déni de la fonction reproductrice de son corps, qu’elle fasse comme si de rien n’était, qu’elle n’ait pas suffisamment de recul pour faire une demande d’avortement, voire en prendre la décision et qu’elle laisse courir jusqu’à ce que au moment de l’accouchement dans des conditions de désespoir et détresse extrême elle étouffe le nouveau né qui n’ayant été ni désiré ni porté spirituellement ne représente pour elle qu’une masse de chair encombrante.
 
Tous les psychologues expliquent que le désir d’enfant vient avant la conception, que l’embryon, le fœtus, le nouveau né prennent existence dans le désir de la mère et du père d’avoir un enfant. Un enfant non désiré est un fardeau qui sera voué à une non-vie, qui se trainera dans un chemin douloureux de comportements suicidaires parfois dangereux aussi pour autrui. Combien de criminels, combien de délinquants, combien de drogués et d’alcooliques, combien de SDF, combien de dépressifs ont été des bébés non désirés et abandonnés de facto, confiés à l’adoption ou placés par la Ddass dans des familles dont ils étaient le gagne-pain et traités en conséquence ?
 
Il est trop facile de faire porter sur la responsabilité des seules femmes l’infanticide, l’avortement ou l’abandon. Il faut être deux pour faire un enfant. Ne pas le rappeler, c’est encourager les hommes, déjà trop nombreux à le faire, à copuler sans assumer leur responsabilité. Oui, quand on copule, on peut attraper des maladies mais aussi et surtout des bébés. Un homme qui ne veut pas d’enfant, c’est son droit, utilise systématiquement un préservatif et ne se réfugie pas derrière des arguments aussi lâches que : elle m’a dit qu’elle prenait la pilule, elle m’a fait un enfant dans le dos, elle avait ses règles, elle m’a dit qu’elle était stérile, etc.
 
Le mari de Dominique devait être sacrément sensoriellement handicapé. Il n’a pas senti que la poitrine de sa compagne gonflait et durcissait-peut-être que du liquide en jaillissait, il n’a pas vu qu’elle était fatiguée ni que son humeur changeait, il n’a pas senti qu’elle changeait d’odeur ni que sa température se modifiait, il n’a pas perçu que son bassin se transformait, il n’a pas senti les contractions de son utérus, il n’a pas vu qu’elle n’avait plus de règles, il n’a pas compris qu’elle était soucieuse et ne lui a pas posé de questions, il ne s’est pas soucié de savoir si elle était sous contraceptifs et il n’a pas utilisé de préservatif.
 
Beaucoup de gens sont pudiques et inhibés pour parler de leur corps et de leur sexualité du fait de leur éducation, de leur religion, de leur personnalité. C’est une réalité qui mérite de l’indulgence et de la compréhension. Dominique et son mari étaient sans doute dans ce cas.
 
Mais condamner Dominique à la prison à vie pour avoir étouffé des morceaux de chair, ces non-enfants qu’elle ne désirait pas et écarter d’office la responsabilité de son époux qui avait participé à la création de ces chairs est une aberration, une injustice et la marque du mépris profond dans laquelle notre société tient ses femmes.
 
Soit on inculpe aussi le mari au titre de sa responsabilité de géniteur, soit on décide d’un non-lieu pour le couple.
Toute ma sympathie va à ce couple, à ses enfants, à ses petits enfants et leurs amis qui les soutiennent.

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