Interdire AWS dans le secteur public
par Denis Szalkowski
samedi 28 décembre 2024
Quel impact ont pu donc avoir l'émergence des GAFAM et la lex americana dans l'effondrement de notre industrie ? Le numérique et le WWW sont la grande oubliée du rapport Louis Gallois de 2012 sur la productivité de l'économie française.
Alors que nous disposons d'acteurs majeurs au niveau de l'Internet français avec OVH, Gandi, Free et Murena, les entreprises françaises notamment achètent à tour de bras les services de Cloud Computing auprès des GAFAM... américaines. J'éviterais soigneusement de vous parler de Orange du fait des partenariats noués avec Microsoft ou encore avec Google. Ce n'est guerre mieux chez Bouygues ou encore chez SFR.
Dans le rapport Gallois de novembre 2012 sur l'effondrement de la compétitivité française, l'ancien PDG d'EADS n'a jamais parlé dans son constat de l'émergence de ces GAFAM et le pillage en règle des données circulants et stockées sur les serveurs du World Wide Web. Or, il suffit à titre d'exemple de lire les règles de confidentialité et les conditions d'utilisation des services, des systèmes et des appareils made in Google pour comprendre la nature totalisante de la collecte des données. Cela vaut également pour Microsoft qui, avec Cortana et les services de télémétrie associés à ses logiciels et ses systèmes, est un autre partenaire majeur du pillage de nos données et celles de nos entreprises. Avec le vote du Cloud Act en mars 2018 qui institue le principe d'extraterritorialité, les autorités américaines sont en capacité d'aller rechercher toutes les données partout dans le monde d'un résident américain. Or, la plupart des entreprises françaises exposées à la concurrence internationale disposent de filiales outre-atlantique et tombent de ce fait sous les fourches caudines du renseignement de l'Oncle Sam. Et les GAFAM sont désormais tenus par la lex americana de fournir les données qui leur sont demandées.
Prenons l'exemple des services AWS fournis par Amazon qui seraient utilisés par 80% des entreprises du CAC 40, selon son CTO. Sur une des pages y présentant son Cloud sécurisé, vous pourrez y lire ceci, je cite :
"Amazon Web Services est fier de soutenir les besoins uniques et la mission vitale de la communauté du renseignement des États-Unis, qui consiste à fournir des informations essentielles pour protéger les intérêts de notre nation."
Dans ces conditions connues de tous, comment est-il possible que l'UGAP et Cap Gemini fassent de la retape pour les services AWS dans le secteur public ?
Les solutions existent !
Les entreprises pourraient pourtant se passer des GAFAM, de leur Cloud et de leurs logiciels. Avec la démocratisation de la fibre et la montée des débits, rien n'empêche de remettre les machines des salles blanches dans les locaux des entreprises, des associations, des collectivités et des services de l’État. Plutôt que de dépenser ce pognon de dingues contribuant à l'effondrement de notre balance commerciale, nous serions mieux inspirés à embaucher et à réinternaliser nos systèmes d'information en nous appuyant sur les systèmes Linux et les logiciels libres. Citons NextCloud, concurrent Open Source de Microsoft 365 et Google Workspace. Et, même en matière de téléphonie mobile, les solutions alternatives à l'Android et à l'iPhone existent, même si elles restent un peu chères !
Les autorités françaises doivent réagir vigoureusement et au plus vite, en poussant notre système de formation et toutes les chambres consulaires vers ces solutions souveraines. Nous avons déjà perdu beaucoup trop de temps.