Islam/isme : les illusions d’un débat

par Lucien-Samir Arezki Oulahbib
vendredi 1er décembre 2006

Est-ce que les Turcs musulmans n’avaient ni compris ni lu le Coran épris de paix lorsqu’ils assiégèrent violemment Byzance, et ceci au moment même où l’empereur cité par le pape liait islam et violence ? Pas sûr...

Lorsque l’Arabie saoudite, l’Algérie, la Somalie, le Soudan, par exemple, font de l’islam une religion d’Etat, et ainsi interdisent un certain nombre de libertés et de droits, en particulier le droit des femmes, le droit de choisir une autre religion, est-ce que ces pays ont mal lu, pas lu du tout le Coran, ou alors pas compris l’islam ? Une telle affirmation serait sujette à caution... et à juste titre. Et que dire de cette prétention à faire croire que l’islam est lié à une race et que dans ce cas-là, tout Nord-Africain, voire tout Arabe serait nécessairement musulman de naissance ? A-t-on "vu à la télé" un débat, sur tous ces sujets, entre Boubakeur, Redeker, Ramadan, un membre de l’UOIF, et certains musulmans qui veulent mettre de côté certains versets controversés du Coran ? Jamais. Pourquoi ? Parce qu’il a été décidé dans "les milieux autorisés" (comme disait Coluche) que seule la version plausible de l’islam serait celle qui se rapproche le plus possible de la vision raisonnable du politiquement correct ; celle qui stipule, comme l’avance ce philosophe-algérien-qui-a-vu-le-pape (et qu’Elkabbach a interviewé lundi 27 novembre), que le Coran c’est le grand et petit Djihad, le grand ou la sagesse, le petit ou la guerre juste de St Augustin... Sauf que l’on peut être sage et violent (la philosophie des arts martiaux nous l’explique bien) et que la notion de guerre juste peut devenir vague lorsqu’on suppute que la meilleure défense c’est l’attaque, et qu’il est préférable dans ce cas de s’étendre jusqu’à l’Espagne à l’Ouest et l’Inde à l’Est... ce qui est là une singulière conception de la guerre défensive.

En fait, le débat est biaisé par avance si l’on n’explique pas que loin de mal lire le Coran, les islamistes l’appliquent à la lettre. On peut certes reprocher à quelque occidental de ne pas savoir lire ce texte (et dans ce cas la réciproque est vraie, aucun musulman n’a vraiment lu les Evangiles, la Bible, les sages grecs...), mais si l’on dit de même, pour quelque théologien proche des Frères musulmans, du wahhabisme, du khomenisme, il faut le prouver, il faut débattre avec eux et devant nous, si ignares, pour observer s’il s’agit d’une différence de degré ou de nature.

Par ailleurs, on ne voit pas au nom de quoi il ne serait pas possible de confronter les religions et d’observer ce qu’elles ont à dire pour le bien de l’humanité en général, des humains en particulier.

Tant que le cadre d’un débat authentique et multiforme ne sera pas pensé, toute tentative de faire croire qu’il s’agit seulement d’une question d’interprétation sèmera seulement l’illusion.


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