Islamisme et Nationalisme français : Misère et schizophrénie de l’engagement

par AMTGR
jeudi 25 août 2016

Un constat, le djihadisme est désormais le meilleur allié du nationalisme français. Le cynisme de ce constat est total, mais implacable. Notre objet n'est pas de les renvoyer dos à dos mais de considérer que l’islamisme est de toute évidence la meilleure chance, pour les nationalistes français, d'arriver au pouvoir.

Observons en effet que le terrorisme islamiste crédibilise et renforce le discours nationaliste de rejet de l'immigration. De même concernant la défense de la souveraineté nationale considérée par une part grandissante de l’opinion comme le meilleur rempart face à cette menace.

Cette situation n'est aucunement inédite mais bien au contraire très liée à l'histoire du nationalisme français. Ainsi, l'Action française faisait jadis ses choux gras de chaque scandale politico-financier qui permettait de dénoncer le parlementarisme corrompu. Que ces affaires les rebutaient réellement, c'est certain, mais qu'ils en arrivaient à souhaiter qu'il en surviennent le plus grand nombre possible afin de décrédibiliser la République est tout aussi probable. Le paradoxe étant donc que les militants des mouvements nationalistes, de tous temps, ne peuvent, stratégiquement, que souhaiter qu'advienne ce qu'ils condamnent car cela leur donne raison et ainsi les rapproche du pouvoir.

Si un attentat augmente les scores du FN, est-ce qu'une centaine ne lui permettrait pas de prendre le pouvoir ? C'est une probabilité raisonnable. Par conséquent, les militants nationalistes doivent-ils souhaiter que les attentats se multiplient pour voir le succès des idées nationalistes ? Cela serait immoral, et pourtant, suite à une attaque islamiste les sentiments d’un nationaliste sont pour le moins partagés car à la tristesse succède rapidement la colère ne pas avoir été entendu mais aussi l’excitation et la satisfaction d’avoir eu raison. Certains se lamentent, regrettent, s’agacent, mais en privé exultent, parfois sans même oser se l’avouer à eux-mêmes tant cette réaction serait jugée abjecte.

Or, la population française est désormais trop éloignée du nationalisme pour pouvoir y souscrire sans la multiplication d’événements tragiques, majeurs et durables. Voilà l'impasse, voilà ce que sait pertinemment un nationaliste français.

Conscient de cette aporie, et pour s’y soustraire, il peut considérer comme nécessaire qu’un certain nombre d’événements tragiques surviennent afin de provoquer une réaction rapide et salvatrice du peuple pour que cela cesse définitivement. Un mal pour un bien, un mal nécessaire diront même les plus cyniques, mais comment concilier ces pensées au quotidien ?

Il apparaît que le nationaliste français, plus que jamais, est soit un immonde salaud, indigne des valeurs qu'il prétend porter, soit un naïf, soit, pour les plus droits et les plus lucides d’entre eux, un schizophrène car il déplore sincèrement certains événements tout en étant conscient de leur aspect positif, à terme, pour les idées qu’il porte.


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