Israël face à Barghouti
par teddy-bear
mercredi 4 avril 2012
Alors que la situation au Proche-Orient est toujours dans l'impasse, l’actualité internationale est muette. Les tentatives de rapprochement n'existent plus, la diplomatie semble tourner en rond.
Seul, depuis sa cellule dans une prison israélienne, Marwan Barghouti l’une des figures les plus respectées de la politique palestinienne, un personnage de premier plan dans le mouvement du Fatah, a appelé lundi à une nouvelle vague de résistance civile pour l’indépendance. Il a également invité à couper tous les liens avec Israël.
« Le lancement d’une large résistance populaire aujourd’hui sert la cause de notre peuple »[...], « Arrêtez de vendre l’illusion qu’il existe une possibilité de mettre fin à l’occupation et de construire un Etat à travers des négociations après que cette vision ait lamentablement échoué » a-t-il déclaré dans un communiqué marquant la dixième année de son emprisonnement. Cet appel est lancé au moment ou le marasme économique est ravageur dans les territoires occupés et où le peuple gronde à nouveau.
Les autorités palestiniennes de Cisjordanie tout en soutenant les manifestations, ont cherché une reconnaissance auprès de la communauté internationale et tout fait pour éviter une confrontation politique avec Israël. Malgré la victoire symbolique des Palestiniens en persuadant le Conseil des droits de l’Homme de l'ONU à enquêter sur la politique de colonisation d’Israël, Barghouti estime qu'il est nécessaire d'aller plus loin. Redoubler d'efforts pour parvenir à la reconnaissance d’un Etat palestinien au Conseil de sécurité, malgré le veto des USA, même dans de piètres conditions, par exemple en saisissant l'Assemblée générale de l'ONU.
A plusieurs reprises il a été question de sa libération. En août 2009, il était question de sa libération alors qu'il est en prison à perpétuité en Israël après avoir été jugé coupable de multiples assassinats en tant que chef des Brigades des martyrs d'Al Aksa. Héros du Fatah lors de la seconde Intifada il semble être le plus sérieux candidat à la succession d'Abbas.
Israël se trouvait et se trouve encore devant un dilemme, libérer un terroriste pour pouvoir négocier une paix si fragile soit-elle et admettre ainsi du peu de sérieux de sa justice militaire. Il suffit d'entendre un ministre à l'époque le qualifier de « modéré » et dire : « Il nous faut évaluer la possibilité de le libérer pour favoriser l'émergence d'une direction politique palestinienne forte et modérée.", épaulé par Binyamin Ben Eliezer qui déclarait de son côté « Il faut le libérer immédiatement et s’asseoir avec lui, personne d'autre que lui n'est capable de prendre des décisions difficiles ». Mais avec la composition du gouvernement israélien actuel, sa libération est impossible. « Nous ne devons pas vérifier l'état d'avancement des négociations avec les Palestiniens en libérant un tueur, cela ne nous amènera pas à la paix », affirmait un ministre.
Je considère cet homme comme un leader que n’a pas oublié le peuple palestinien, un sérieux obstacle au Hamas et un interlocuteur redoutable du gouvernement israélien. C’est le seul homme capable d’être un véritable interlocuteur face à Israël. Très populaire dans l’opinion palestinienne en Cisjordanie et à Gaza Sa crédibilité auprès des Palestiniens est née de son action dans l’Intifada, mais aussi à sa réputation d'intégrité. Il a tenté aussi de sa prison, une médiation entre le Fatah nationaliste et laïque et le Hamas islamiste. Une rapide bio :
Il entre au Fatah à l'âge de quinze ans, arrêté et condamné par Israël en 1976 à 18 ans pour avoir participé à une révolte. Il apprend l’Hébreu pendant sa détention et libre, il s’inscrit à l’Université de Beir Zeit où il représente les étudiants au conseil. Maîtrise en histoire et en sciences politiques puis un diplôme de troisième cycle en relations internationales. C’est l’un des principaux chefs de la lutte de Gaza pendant lors de la première l’Intifada. Arrêté une nouvelle fois par l’armée israélienne, il est expulsé vers la Jordanie. Il ne rentre chez lui qu’après les accords d’Oslo en 1994 et sera élu au Conseil législatif de Palestine en 1996, où il prône la nécessité d’un accord de paix avec l’occupant. Combattant, excellent orateur politique, il monte dans les rangs du Fatah et en devient secrétaire général pour la Cisjordanie.
Dès la seconde intifada, indispensable par sa capacité d'organisation, il devient chef du Tanzim-Fatah, la branche armée du Fatah, qui via un sous-groupe, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, a exécuté des attentats-suicides sur le territoire israélien et contre les colonies israéliennes. Combattant, il nie toutes implications dans ces actes terroristes et les attentats contre lui se multiplient, notamment en 2001, où est déjoué une tentative d'assassinat préparé par l'armée d’occupation.
Il est arrêté en avril 2002 et inculpé par un tribunal civil pour meurtres et tentatives de meurtres dans une entreprise terroriste sous son commandement et sera jugé en mai 2004 pour cinq meurtres par l'intermédiaire d'un groupe armé (dissident. Note de Teddy) Il sera acquitté de 21 chefs d'accusation de meurtre au cours de 33 attentats. Le 6 juin, Marwan Barghouti est condamné à cinq peines de réclusion à perpétuité pour les cinq meurtres et 40 ans d'emprisonnement pour tentative de meurtre.
Au cours du procès il utilisa le prétoire comme tribune politique au cours de laquelle il a dénoncé le caractère illégitime de la cour et a refusé de se défendre juridiquement, tout en affirmant qu’il n’approuvait pas les attaques contre les civils israéliens.
Il déclarera dans la Tribune dans le Washington Post en 2002 : « Je ne suis pas un terroriste, mais pas non plus un pacifiste. Je suis simplement un gars normal de la rue palestinienne défendant la cause que tout autre oppressé défend : le droit de m'aider en l'absence de toute aide venant d'ailleurs ».