J’ai lu le nouveau Houellebecq... et j’ai aimé...

par rosemar
vendredi 8 février 2019

Drôle, bouleversant, pathétique, le nouveau roman de Houellebecq est arrivé... Un roman qui reflète les réalités de notre temps : le capitalisme qui génère incertitudes et angoisses, les autoroutes et leurs défilés de camions interminables, l'agriculture en perdition, les paysans en détresse, l'horreur des élevages en batterie, la mondialisation, la solitude de l'homme moderne... et bien sûr l'usage d'antidépresseurs dont les effets peuvent être délétères, ce qui donne son titre au roman Sérotonine, l'hormone du bonheur.

 

Non, ce n'est pas un roman à suspense, mais on ne le lâche pas : Houellebecq pratique l'esthétique de la surprise, de l'étonnement, un humour constamment décalé dans des situations douloureuses et difficiles.

Il dépeint le dérisoire de la vie. 

 

Non, ce n'est pas un roman de style classique : on suit les méandres de la pensée du narrateur dans de longues phrases sinueuses. Ce n'est pas un hasard si on parle de style Houellebecquien : le style de cet auteur est bien caractéristique.

 

"Montrer la médiocrité du monde, sur le fond d'une aspiration à l'infini...", c'est ainsi qu' Agathe Novak-Lechevalier définit le style de Houellebecq.

 

Alors bien sûr, on retrouve sous la plume de Houellebecq un langage cru, parfois choquant : on y parle de "bite", de "chatte", et les aventures sexuelles du personnage principal Florent-Claude Labrouste jalonnent le roman.

Houellebecq n'oublie pas de passer en revue toutes sortes de déviances sexuelles : zoophilie, pédophilie, nymphomanie...

 

Le monde qu'il décrit est assez désespérant, mais la figure de Camille vient apporter un réconfort au narrateur : une image de jeunesse, de pureté et d'innocence.

Camille est un personnage lumineux, plein de générosité et d'empathie.

Et c'est à cause d'une banale "histoire de cul" que le narrateur perd celle qu'il aime.

 

On est ému aussi par le personnage d'Aymeric, ce fils d'aristocrate devenu agriculteur qui ne parvient plus tout simplement à vivre de son travail... il s'exprime ainsi : "Moi j'essaie de monter quelque chose, je me crève au boulot, je me lève tous les jours à cinq heures, je passe mes soirées dans la comptabilité- et le résultat, en fin de compte, c'est que j'appauvris ma famille."

Triste constat ! Le travail ne parvient plus à rémunérer correctement les gens, le travail ne fait qu'appauvrir ceux qui triment. 

L'agriculture est sacrifiée, "pour arriver aux standards européens... ce qui se passe en ce moment avec l'agriculture en France, c'est un immense plan social, le plus gros plan social à l'oeuvre à l'heure actuelle, mais c'est un plan social secret, invisible, où les gens disparaissent individuellement, dans leur coin, sans jamais donner matière à un sujet pour BFM.", déclare le narrateur.

 

Certains portraits de personnages sont particulièrement savoureux, par exemple, le docteur Azote dont les prescriptions sont pour le moins étonnantes...

Le narrateur Florent-Claude Labrouste est un anti-héros souvent pris en défaut, un être humain avec toutes sortes de faiblesses et de manques.

Pourtant, c'est souvent avec humour qu'il révèle ses failles, ses difficultés.

 

Houellebecq rend compte de notre monde : c'est un auteur réaliste qui se livre à une satire acerbe de notre société libérale, égoïste, veule, trop repliée sur elle-même.

 

Houellebecq voit, malgré tout dans l'amour la possibilité d'une transcendance, d'un bonheur que souvent l'on ne sait pas saisir et comprendre.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/j-ai-lu-le-nouveau-houellebecq-et-j-ai-aime

 

Une émission sur France Culture :

https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/le-mystere-houellebecq

 


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