J’ai pensé à ceci...

par Frimas
mardi 28 janvier 2020

Voici ce que j’ai pensé d’autre par cette matinée déplorable à contempler leurs nouvelles statistiques aux élans de désespoir des nouveaux records battus des carcinomes malins : D’instinct je me condamne à penser à strictement rien par dessus la pollution urbaine dans laquelle des millions ne se souviendront plus d’avoir vécu dans leur anonymat douloureux à n’être rien, d’être intégralement perdu dans la pendaison sociale, de se réunir sous le joug commun de la vie pressée en l’observant derrière d’obscures pensées qu’on hâte à voir disparaître assis derrière un écran à contempler la perte de sa personnalité, mais peu importe…

Il y a ce à quoi nous aspirons, il y a autrefois et la réalité atrabilaire souhaitée comme contexte justifiant notre vie industrielle : nos films et séries télévisées représentent de tout ce qui peut être débarrassé d’un sens quelconque à poursuivre ce que nous faisons quotidiennement, etc… Je voudrais, me suis-je dis, me concentrer sur l’exécrable puanteur des habitudes quotidiennes qui définissent notre vie sur terre à divaguer dans ce cocon débectant à crédit en sillonnant les venelles à circonlocutions… Il me semble que ce chaos ultime, sans retour possible, s’enroule autour des gorges de nous tous et la domination économique aura finalement ce qu’elle aura voulu depuis le début : un épilogue aveugle.

Je suis de retour au bureau. Les chimères me font la bise, m’embrassent après le congé de maladie d’une spectaculaire longue durée ; aux sourires béats, se consumant sous la publicité pernicieuse qu’ils encodent d’une joie aux longs corridors à l’air empoisonné satisfaisant et sans entraves de cet open-space (il faut rechercher à améliorer les visages) et puis m’est arrivé une invention toxique, une sorte d’effondrement métaphysique de je ne sais quel syndrome funeste faisant son petit parcours de recherche en faisant perpétuer cet avenir à moeurs figé calculé aux horoscopes ou cancers ou statistiques (au choix). Voici ce que j’ai pensé de ce crime qu’est d’être entre les mains de l’autorité : il y avait une existence universelle sans uniforme qui ne démembrait pas la biologie et qui n’a pas encore connu les embouteillages annoncés à la radio pendant qu’on y ait, ou l’électricité nucléaire ou le confort désabusé qu’est d’avoir les vitrines électriques dans son automobile aux quatre roues motrices ou ces journées entières à passer dans un bureau aux multiples pulsions, conséquences de l’enfermement permanent (pendant qu’on y est, on peut y compléter sa police d’assurance), consenti… Une existence universelle à traverser des nuits glauques, décorés d’urines dessous des crépuscules reposées, hors de son pavillon ou rien ne semble fichu d’avance, une existence scrupuleuse, un dehors, peut être une vie sur une plage ou sur les flancs d’une montagne aux promesses ordinaires, là à déambuler sans but, sans clause, sans mélangé d’hydrocarbures, sans devis psychiatrique, sans notre présente obligation à vivre cette vie industrieuse imposant sa pornographie et ses analyses ; une existence à se bombarder d’un bonheur sans vindicte, sans salle d’attente ou d’aéroport avec ses vestibules et ses casiers avec des objets de valeur à l’intérieur, une existence à s’offrir un présent aux étendues sans chimie de synthèse ou à devoir abréger la souffrance de celui qui reste encore à convaincre, des femmes et hommes en plan fixe alimentés à l’élevage absurde et superflu de leur stérile servitude à l’état moderne des choses, confort abruti, en l’air, impitoyablement nul, substance pourrissante de ce qui reste encore à expédier en orbite urbaine, à tourner en rond et à définir fou sans en comprendre le sens des gestes, une existence sans cimetière soumis aux plans d’aménagements, sans ascenseurs qui parlent, qui vont vite afin d’y pas perdre trop de temps, sans soues où tout crève d’emblée, sans ces milliers de kilomètres à faire sur une autoroute afin de faire gémir la progéniture en déperdition, en famille où l’on réjouit de ces petites choses que les milliardaires névrotiques ont fabriqués pour eux, sans cauchemars uniformisés ; un équipage qui coule, sombrant sous la cloche en verre du marché mondial, où tout s’accumule, sans sortie, sans issue, seulement le travail, vicissitude invasive, bucolique façon pour verrouiller des portes de l’extérieur et d’y exécuter à l’intérieur toutes sortes de dégueulasseries salvatrices ; s’y adonner aux oiseuses tendances à être l’inemployable inutilité telle qu’elle est inscrite dans les codes de conduite, une existence qui régit tout ; l’atroce se réveille au même son au même moment, etc… Je retourne m’assoir.

L’orthographe souterraine se traduit par un chemin pris indiqué avec des panneaux. Sans même remarquer le vulgaire de la chose suspendue au service de ce qui est depuis longtemps consumé, le travail contemporain ici bas me semble se traduire par un camp gazeux, vasoconstricteur, démoniaque, où on s’ennuie à faire mutiler la conscience, c’est vain, c’est gênant et profondément réjouissif pour celui qui s’exécute au service de la tromperie ; la qualité de l’enfer ; garni de voyageurs allergiques à leur système nerveux (c’est relativement simple d’ignorer quelque chose quand on est sûr de pouvoir bénéficier d’un quelconque suivi post-pathologique) qui prennent du poids tout en se plaignant de l’anonymat de leurs dépressions grandissantes ou des envies soudaines de suicide (c’est passager) ; d’une condition servile, d’une imagination dégoûtée et peut être aussi à prostrer devant une peur éternelle ; un bétail en somme, un bétail qui paie à crédit son plafond avec des lampes tamisées dans lequel il s’occupe à s’oublier devant l’horizon détraqué de ses excémas, ses cheveux qui chutent, ses pertes de goût, ses myopies incurables ; déclinaisons nerveuses, visibles ; c’est être entièrement cantonné aux faux plaisirs d’apprécier une certaine morale, à songer à ce qui va suivre, après, à s’absenter de son anatomie en la faisant réparer avant la mort ; mais d’abord occupons-nous des convoitises pourrissantes fournies aux satiétés sous psychothérapie… Voici ce que j’en pense face au délire qui engloutit le campos de l’âme : en transformant ce globe en code-barre avec des lignes dessinées de haut en bas, vanté pour sa simplicité d’usage, qu’on pose et impose partout où le produit d’usine prévoit d’y installer une habitude, l’esprit se vante en s’étouffant en attirant l’attention car il me semble quand le malade aura finalement perdu toute dignité à concevoir une description inaliénable de son existence ici sur terre, alors il pourra peut être dompter son appétit superflu à mener son existence à quelque chose de plus onéreux…


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