Jacqueline Sauvage : pas de permission pour Noël

par Fergus
lundi 19 décembre 2016

Karine Plassard, à l’origine de plusieurs pétitions et proche du Comité de soutien à Jacqueline Sauvage, nous a appris ce week-end que la détenue serait privée de permission durant les fêtes de fin d’année. Pour la première fois depuis 3 ans, Jacqueline Sauvage restera incarcérée à Noël...

Une preuve supplémentaire de l’instrumentalisation de cette détenue emblématique dans le bras-de-fer qui oppose la magistrature au politique et à l’opinion publique vient en effet d’être apportée par les juges de l’application des peines : contrairement à ce qui s’était passé les deux années précédentes, la détenue ne bénéficiera pas d’une permission de sortie pour passer Noël en famille. En agissant ainsi, les magistrats continuent de faire souffler le chaud et le froid sur Jacqueline Sauvage.

Tout le monde – magistrats compris – s’accorde pourtant à reconnaître que cette condamnée de 68 ans ne présente strictement aucun danger pour la société. De son côté, l’administration pénitentiaire considère comme exemplaire la conduite de la détenue en détention. Une non-dangerosité et une exemplarité qui pèsent en l’occurrence de fort peu de poids en regard de considérations à l’évidence plus politiques et corporatistes qu’humanistes et compassionnelles.

Jacqueline Sauvage ne pourra pas bénéficier cette année d’une permission pour fêter Noël en famille comme cela avait été le cas en 2014 et 2015. Les juges, faute d’un personnel suffisant pour traiter sa demande, nous dit Karine Plassard, n’auraient pas eu la possibilité de traiter son dossier à temps alors que la demande de permission avait été sollicitée dans les délais impartis, avant la date limite imposée par le règlement pénitentiaire. On ne sait décidément plus si l’on est dans l’univers de Courteline ou dans celui de Kafka !

En réalité, comment ne pas considérer cette décision comme une nouvelle mesquinerie imposée à cette femme en souffrance depuis plus d’un demi-siècle, d’abord dans le cadre familial où elle a vécu un calvaire de 48 ans, puis en prison où elle purge sa peine depuis 4 ans ? Difficile, dans de telles conditions, de ne pas voir dans la froide inhumanité des juges une forme d’acharnement de l’appareil judiciaire à son encontre.

Un acharnement auquel François Hollande peut mettre un terme définitif en accordant, comme il aurait pu le faire dès le mois de janvier 2016, une grâce totale à Jacqueline Sauvage. Contrairement à ce qui a été affirmé par quelques médias, la porte n’a en effet pas été définitivement fermée par l’Élysée : le dossier a été transmis par la présidence à la Chancellerie qui remettra un avis au président de la République. Ainsi va la procédure...

Et, pendant ce temps, Jacqueline Sauvage voit défiler les jours, les semaines, les mois dans sa cellule. Loin de ses filles et loin de ses petits-enfants qui, cette année, seront privés de sa présence. Et cela parce qu’un obscur magistrat n’aura – officiellement – pas peu le temps d’apposer une signature sur une demande de permission. Sans doute avait-il la tête ailleurs, peut-être à l’organisation de son propre réveillon en famille, au pied d’un sapin illuminé, et peut-être sous le regard des santons de la crèche...

La pétition en ligne Libération immédiate de Jacqueline Sauvage compte désormais près de 380 000 signatures et reste bien entendu ouverte à de nouveaux soutiens.

 

Précédents articles consacrés au cas de Jacqueline Sauvage :

Jacqueline Sauvage : pour une « grâce totale » (8 décembre 2016)

Affaire Sauvage : la scandaleuse décision du TAP de Melun (18 août 2016)

Jacqueline Sauvage : la honteuse inertie du président (25 janvier 2016)

Femmes battues : un choquant verdict (6 décembre 2015)


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