Jacques Chirac : un mauvais procès dans une drôle de république

par Pierre Alain Reynaud
mercredi 7 septembre 2011

Maladie réelle ou comédie ? De toute manière, Jacques Chirac est dispensé de comparaître devant ses juges.
Pas de surprise dans le procès des emplois fictifs de la Mairie de Paris : Jacques Chirac n’assistera pas aux débats. Ce scénario était prévu bien à l’avance, même si certains pouvaient croire encore voici quelques semaines à sa comparution devant les juges de la XIème Chambre du Tribunal correctionnel.
 
Chirac malade ? Personne ne peut le contester, faute de véritables preuves. Mais cependant, il faut admettre qu’il existe un épais brouillard sur sa maladie qui paraît avoir été taillée sur mesure afin d’éviter à l’ancien Président de la République de répondre de ses actes devant les tribunaux.
Aujourd’hui, Jacques Chirac a 79 ans, et il est vrai qu’à cet âge, les problèmes de santé deviennent fréquents. Ce qui ne veut pas dire que les prévenus ayant le statut de seniors peuvent se soustraire à la justice sous prétexte d’une affectation quelconque ou d’une altération de l’état général.
A noter que Monsieur Chirac avait naguère tous ses sens pour écrire ses longues mémoires, pour présider et diriger une fondation, comme pour assurer ses responsabilités au sein du Conseil Constitutionnel.
 
L’évolution du procès. Inutile de préciser l’euphorie des avocats de la défense, et notamment de Maître Georges Kiejman, l’un des conseils de Jacques Chirac qui, non content de se réjouir de la décision du tribunal dispensant leur client de toute comparution, s’en prend aux parties civiles présentes dans la salle d’audience qu’il qualifie pour certains de « paranoïaques narcissiques » et pour d’autres de « mouvements politiques » !...
Dans ce contexte, le procès ne sera qu’une parodie.
Contrairement aux habitudes d’un procès correctionnel où la non comparution est toujours préjudiciable pour le prévenu absent, la défaillance de Jacques Chirac permettra à ce dernier de se soustraire de toutes les poursuites engagées à son encontre.
En fait, on a fortement l’impression que le procès tournera court, l’accusation faisant gravement défaut par l’absence même du principal prévenu. Et par un tour de passe-passe, on peut donc s’attendre à ce que le parquet demande la relaxe de Chirac, mettant un terme définitif à l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris … par un coup de baguette magique, les autres prévenus bénéficiant également de leur côté de la discordance qui domine ce dossier.
 
La justice aurait pu faire mieux. Soyons humains et logiques. Admettons que l’état de santé de Jacques Chirac soit précaire. La justice pouvait se comportait autrement. Pour éviter un déballage public des tractations malhonnêtes qui ont constitué l’affaire des emplois fictifs, le tribunal correctionnel aurait pu organiser les débats à huis clos, de manière que l’ancien président puisse s’exprimer librement et paisiblement hors des foules curieuses qu’attire ce genre de procès. Pour éviter une fatigue possible à Jacques Chirac, ce dernier aurait pu être autorisé à répondre aux questions du tribunal, assis sur un fauteuil, de manière à lui éviter certains désagréments physiques en raison de son état de santé. Une telle situation aurait été acceptable pour tout le monde.
Le système judiciaire complice du système politique. Au final, il faut comprendre que personne n’avait envie de voir l’ancien Président de la République s’expliquer dans le dossier des emplois fictifs. Très certainement, les autres prévenus eux-mêmes, mais sans doute également, certaines personnalités politiques d’aujourd’hui qui ont trempé à l’époque dans cette misérable affaire.
Qui a dit que la France n’était pas une République bananière ?
 
Pierre-Alain Reynaud
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