Japon : écologistes et partisans de la peine de mort, mêmes méthodes de démagogues ?

par Paul Villach
mercredi 16 mars 2011

On ne vaut bien souvent que ce que valent les procédés qu’on emploie, disait Albert Camus. La précipitation des écologistes, comme Mme Duflot et M. Cohn Bendit, à vouloir profiter de l’horreur sans nom où a été subitement plongé le Japon, vendredi 11 mars 2011, pour promouvoir leurs thèses, les catalogue.

Une admiration pour la noblesse du peuple japonais
 
Voici un pays qui, malgré une science consommée pour lutter contre une nature inhospitalière, vient de connaître un des pires séismes de son Histoire suivi d’un tsunami dévastateur. Il est en proie à un désastre inouï que, de surcroît, une catastrophe nucléaire menace de rendre encore plus effroyable. Et c’est l’instant que ces écologistes civilisés choisissent pour faire leur propre promotion. Une catastrophe, quelle aubaine ! Il faut en profiter : on est à quelques jours des élections cantonales et l’élection présidentielle de 2012 est lancée depuis plusieurs semaines.
 
Qui a pu voir les images de ces cataclysmes successifs qui se sont abattus sur le Japon, sans contenir ses larmes devant ce peuple submergé par la fureur de la terre et de la mer, mais tranquillement courageux face à une nature déchaînée que depuis des siècles son génie tente sinon d’apprivoiser du moins de contenir. Non seulement il a survécu, mais il a réussi à construire sur ces îles volcaniques, secouées d’incessants tremblements de terre, la deuxième économie du monde, en se relevant même d’une aventure guerrière insensée qui l’a laissé exsangue et livré en août 1945 à la dévastation des deux premières et seules bombes atomiques lancées à ce jour, l’une sur Hiroshima et l’autre sur Nagasaki.
 
Le monde entier est admiratif devant le sang-froid dont ce peuple fait preuve, malgré les forces naturelles qui l’écrasent. On songe à la confrontation entre l’homme et l’univers décrite par Blaise Pascal dans ses « Pensées » en des termes qui paraissent avoir été conçus de façon prémonitoire pour saluer la grandeur des Japonais : « Quand l’univers l’écraserait, écrit-il, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui ; l’univers n’en sait rien ».
 
La stratégie méprisable des démagogues
 
On communiait donc silencieusement dans le deuil que vit ce peuple, quand il a fallu que des écologistes bondissent sur la scène et se ruent sur les micros et devant les caméras pour faire leur promotion. L’occasion leur a paru trop belle. Ils n’ont pas pu résister : « Vous voyez, hein ! les a-t-on entendu clamer en substance infatués d’eux-mêmes. On vous avait prévenus ! Si le nucléaire est aujourd’hui un danger bien réel pour les Japonais, il l’est aussi pour les Français. Cette catastrophe peut aussi arriver en France. Des centrales nucléaires sont construites sur des zones sismiques comme en Alsace ou dans la vallée du Rhône. Exigeons de « sortir du nucléaire » » ! Il n’est pas exclu non plus que les médias inféodés au pouvoir aient de leur côté saisi l’occasion de cette fougue écologiste bienvenue pour diviser la Gauche dans la perspective d' élections proches et lointaines. Socialistes et écologistes ont, en effet, fait entendre des avis différents.
 
Qu’il n’y ait pas de malentendu ! On ne conteste pas la nécessité de débattre des risques de l’énergie nucléaire, de la remplacer par des énergies plus sûres. On est acquis à ce projet d’ avenir, mais qui, pour être mis en œuvre, demande du temps. On ne passe pas de 80 % d’électricité produite par l’énergie nucléaire à d’autres sources d’énergie du jour au lendemain. Mais, de grâce ! est-ce que le malheur qui submerge ces jours-ci le Japon est un moment bien choisi pour mener le débat en toute sérénité.
 
Ces écologistes usent des mêmes méthodes démagogiques que ces charognards partisans de la peine de mort sautant sur les crimes abominables perpétrés pour faire des sondages qui exigent aussitôt son rétablissement par référendum immédiat, surtout quand la victime est un enfant. On a entendu ces Écolos réclamer eux aussi un référendum ! Peut-on franchement régler le problème complexe de l’énergie nucléaire en répondant à une question par oui ou par non ?
 
L’exhibition du malheur d’autrui présente l’avantage de capter l’attention comme nulle autre mise en scène en simulant le réflexe de voyeurisme. Il déclenche simultanément un réflexe de compassion envers la victime et un réflexe de condamnation envers le bourreau. Les leurres de la prise de décision précipitée et de la mise hors-contexte achèvent de paralyser toute exigence de rationalité pour rendre l’individu prisonnier de ses réflexes. Ainsi, veulent faire croire ces forcenés, si la peine de mort existait, elle ferait réfléchir les assassins en puissance. Or, on sait qu’il n’en est rien. Sous l’emprise de irrationalité, qu’il s’agisse de la peur ou de la colère, non seulement on ne cherche pas à comprendre, on ne peut plus comprendre. Voilà la stratégie enfourchée par ces écologistes sans scrupule pour, croient-ils, faire avancer leur cause en surfant sur le désastre qui frappe aujourd’hui le Japon.
 
Décidément, M. Cohn-Bendit et Mme Duflot sont de plus en plus sympathiques : on les savait islamistophiles, les voilà qui partagent avec les partisans de la peine de mort les mêmes méthodes démagogiques de manipulation des esprits par paralysie sous l’emprise des réflexes stimulés de façon intensive. Il reste à souhaiter que leur conduite méprisable les discrédite sans nuire à une écologie qui doit savoir s’adresser à la rationalité des citoyens et non à leur irrationalité. L’écologie n’est pas une affaire de démagogues. Paul Villach

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