Je hais l’Amérique !

par Mengneau Michel
jeudi 6 novembre 2008

Du moins, je devrai dire : « Je hais les Etats-Unis », ce qui aurait différencié ce pays du continent sur lequel il s’étale, mais il s’étale tellement de sa puissance qu’il est coutume de le confondre avec.
N’a-t-on pas entendu clamer d’indignation, de compassion, le 11-Septembre : « Nous sommes tous Américains », ce qui on en conviendra est foutrement générique. Je dois avouer que ce jour-là je ne me sentais pas plus Américain que la veille, et que s’il n’y avait pas eu les victimes de cet attentat, j’aurais « biché » dans mon for intérieur en pensant que c’était du pain bénin. Enfin on osait ébranler le géant. Enfin on avait fait douter ce pays qui se veut le plus puissant de la planète. Et ça, que l’on bouscule les valeurs établies, cela ne m’a jamais laissé indifférent.
 
Que voulez-vous, j’ai un faible pour celui qui est au fond de la classe, le coude sur le radiateur. J’ai même une sorte d’indifférence très nette envers le premier en tout, alors que j’ai une sorte de tendresse, de respect pour celui qui ne fait pas comme tout le monde, et qui pour cela est voué aux gémonies comme l’est trop souvent Cuba. Donc, je hais l’Amérique !
Je sais, ça ressemble à de l’anti-américanisme primaire, peut-être, et pourquoi pas…
 
Cela dit, un pays où les bureaux de vote sont installés dans les églises, ça me fait flipper de dégoût, et en tout cas ce serait un bon moyen pour m’empêcher de voter. Je n’ai aucun regard de compassion pour ce mélange des genres qui est à bannir.
 
Seulement voilà, l’Amérique nouvelle est arrivée. Je savais que c’était la saison du beaujolais nouveau, mais je n’aurais pas imaginé que cela puisse être le cas aussi des Etats-Unis. Bref, c’est la formule consacrée avec l’avènement d’Obama…
 
Certes, après bien des années où le racisme fut une constante dans les rapports de force entre les communautés de ce pays, voir un président de couleur il y a effectivement de quoi se réjouir, mais c’est tout. En fait, il n’y a pas de changement en profondeur, on va déplacer la guerre d’Irak en Afghanistan, et si l’Iran nous casse trop les pieds avec son armement atomique, eh bien, Obama, tout noir qu’il est, ira en découdre avec ces olibrius qui ne veulent pas se plier au diktat de l’hégémonie états-unienne. Rien n’a changé.
 
Et que dire de la pensée unique qui va suivre son petit train-train, on va faire semblant de replâtrer et d’assainir le capitalisme. Ne nous y trompons pas, Obama est un pur représentant de l’ultralibéralisme débridé. Si quelques « mémères » états-uniennes et particulièrement imbibées de religion ont failli tomber en syncope du fait qu’ait été élu un président à leurs yeux socialiste ; c’est simplement qu’elles n’ont aucune culture politique, et qu’elles ne connaissent aucunement le vrai sens du mot socialiste. Non, le capitalisme a encore de beau jour devant lui. Et n’oublions pas la peine de mort qui va encore traîner sa charrette de cadavres, la prolifération des armes qui n’a pas été contestée, rien n’a changé, je hais cette Amérique-là !
 
Et on nous parle de symbole, quelle allégorie cela est !
 
Le vrai symbole, c’est le jour ou l’on verra un « Indien » pacifiste et anticapitaliste à la tête de ce pays. Ce jour-là, j’aimerais les Etats-Unis d’Amérique.
 

En attendant, la fumée du calumet de la paix du grand manitou s’envole en volute incertaine vers un avenir qui n’est pas celui dont il avait rêvé pour sa terre originelle.
 
 

Lire l'article complet, et les commentaires