Je ne veux pas payer votre dette

par Yohan
vendredi 2 novembre 2007

Le ras-le-bol des jeunes.

Qui des deux, citoyen lambda de la génération papy boomer ou homme politique, se montre le plus irresponsable face à la dette ?

Celui qui, voyant les nuages s’amonceler au dessus de lui, continue avec une belle inconscience de penser qu’il vit dans un pays assez puissant pour se relever, fort de ses prétendues richesses accumulées et ceci, sans la moindre concession et contrepartie exigible de lui

ou

Celui qui se répand en digressions sur les conséquences de la dette en différant l’urgence à préparer l’avenir.

Tous irresponsables, évidemment.

La volte-face récente des syndicats sur le dossier des régimes spéciaux devant la quasi unanimité du front du refus est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Une partie de la jeunesse se dit consternée devant les atermoiements lâches de la représentation syndicale, elle qu’on disait prête à consentir enfin aux sacrifices nécessaires pour préserver l’avenir des retraites et les principaux acquis sociaux.

Une génération se bat actuellement pour défendre des privilèges, qui pour avoir été chèrement acquis, n’en constituent pas moins une hypothèque que les générations futures auront à lever seules. La dette publique que nous sommes susceptibles d’abandonner en héritage à nos enfants est estimée à 40 000 € par habitant ou encore, entre 60 000€ et 120 000 € par actif, selon les modes de calcul.

Premiers de cordée à gravir la montagne de dettes, les jeunes actifs, les primo entrants sur le marché du travail qui ne trouvent que des salaires toujours plus insignifiants et des loyers toujours plus élevés, tarif syndical 2007 pour comportement irresponsable des aînés.

Malgré les évidences, cet héritage empoisonné promis aux générations futures est encore chez nous contesté par certains avec force arguments déconcertants.

Parmi ceux que l’on voit fleurir, il y a celui qui veut que les politiques ne peuvent pas faire autrement, et qu’en s’attaquant à la dette, ils ne pourraient se faire élire et que le prix de l’instabilité politique serait pire que tout.

Il y a ceux aussi qui préfèrent regarder du côté du voisin allemand, voire de l’autre côté de l’Atlantique en se disant que leur dette est au moins égale, sinon plus abyssale que la nôtre.

Il y en a même pour prétendre que cette dette ne serait qu’un avatar de la mondialisation, ou plus cynique encore, qu’il n’y a que de bonnes dettes pour booster une économie. D’autres jouent sur le registre émotionnel en agitant le spectre de la rupture de la solidarité intergénérationnelle.

Et plutôt que de prendre le taureau par les cornes, on minimise, on ratiocine, ou pire, on balaie d’un revers de manche.

Ecouter ces gens-là équivaut à s’acheter une dette en viager. Une pure folie...

Du coup, la grogne est montée d’un cran. Les constats négatifs s’accumulent : pouvoir d’achat en berne, logements trop chers, relation syndicat/patronat introuvable et revendications catégorielles qui priment sur l’intérêt général, et maintenant, déni de dette et chantage à la rue (avec violence verbale à l’encontre du chef de l’Etat).

Indignés devant tant de lâcheté et d’inconscience, des jeunes se lâchent pour dire que cette dette, ils ne la paieront pas.

Et comment ?

En commençant par quitter le pays, préviennent certains.

N’est-ce pas en effet un moyen radical de se soustraire à l’ardoise ?

Mais mot quitter est plutôt chargé en ce moment. Le « aimez-la ou quittez-la » de Nicolas Sarkozy résonne encore comme une menace.

En réalité, plus que quitter, c’est « rester, mais pour combien de temps encore », qui devient le leitmotiv d’une partie de la jeunesse.

En effet, si les jeunes ne veulent pas être ces gnous qui traversent le fleuve en bande, persuadés que le crocodile ne les voit pas, tous ne sont pas taillés pour franchir le Rubicon, loin s’en faut.

Et encore, faudrait-il ajouter : « Pour aller où ? »

Laisser faire le hasard ou choisir par exemple son futur point de chute à partir du classement IDH (Indicateur du développement humain) des Nations Unies pourrait devenir un sujet de réflexion. Au passage signalons cet indice 2003 qui donne la France en 17e position, 16 possibilités théoriques de trouver une herbe plus grasse que chez soi, donc.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9veloppement_humain

Fort heureusement pour l’image de notre pays, la dette des nations n’entre pas encore dans le calcul du classement IDH des pays. Sûr que si celle-ci vient un jour à y figurer, le chemin des possibles viendrait à s’élargir...

Bien sûr, tout cela n’est encore que menace voilée de leur part, un appel à la raison et à l’action.

Gageons que si nous restions sur cette mauvaise pente, la contagion pourrait gagner pour de bon.

Un séisme à ne pas ajouter à l’autre...

http://www.ras-le-bol.fr/


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