Je veux décrocher de Candy Crush

par Fabienm
samedi 23 août 2014

Il paraît que le premier pas vers la guérison c’est de se déclarer malade. Alors oui, j’avoue tout, je me prosterne devant le Dieu des jeux vidéos, j’ai réussi à résister à un certain nombre de modes – les pattes d’éph’ (faut dire que j’étais pas né, j’avais une excuse), les jeans taille basse, les jeans taille haute, les string qui dépassent, la coupe mulet, et j’en passe –, mais depuis que ma fille m’a montré comment faire des bonbons rayés, c’est un fait : je ne suis plus le même.

« Quand on rate un niveau à une gélatine, on tuerait la Terre entière », Adolf Hitler.

 

Pour ceux qui se réveilleraient d’un coma profond

Jeu initialement présent uniquement sur Facebook, Candy Crush a une règle qu’un orang outan trisomique de trois jours pourrait ingurgiter : en gros, cela consiste en la destruction systématique de rangées de bonbons à la con, dès lors que 3 représentants d’une même couleur – au moins – sont alignés.

Evidemment, ça c’est la théorie. La pratique est un peu moins rose (bonbon), puisqu’il s’agit du pire jeu addictif de ces dix dernières années. Vous y passerez des minutes entières à guetter le bonbon bleu qui vous permettra de faire une boule de couleur à la noix pour exploser la gélatine de merde qui vous empêche d’accéder au niveau suivant. La seule bonne nouvelle est que vous engloutirez toutes ces sucreries sans avaler une seule calorie. A part ça, je vois pas.

 

D’où vient le succès de ce jeu ?

C’est avant tout un jeu simple, même les blondes peuvent jouer, et le fait de passer des niveaux avec de petites nouveautés à chaque fois – comme de nouvelles friandises – le rend extrêmement addictif (on a envie d’aller plus loin). Mais ce n’est pas tout, le fait qu’il se soit développé sur Facebook n’est pas anodin, car le côté viral et social est très bien exploité : on y invite des amis, on demande des vies – voire on en offre –, on compare son avancement avec le voisin (le rêve américain sur un plateau en sucre d’orge), etc.

Enfin, et c’est là tout le succès du jeu, comme il a été porté sur à peu près tout ce qui ressemble à un appareil électronique (ordinateur, smartphone, tablette, etc.), on peut s’extraire de la réalité dès qu’on veut et jouer à un truc qui nous vide la tête – et nous fait accessoirement rater notre station de métro, merci bien.

Le plus dur est lorsque l’on rate trop de fois (le niveau, pas la station de métro), on n’a plus de vie et il faut attendre 30 minutes qu’une nouvelle vie… nous soit octroyée.

C’est-à-dire que quand on en est à prendre un bouquin en attendant notre prochaine vie Candy Crush, c’est qu’on a sombré. On est passé du côté obscur.

Ben oui : au début, on a téléchargé cette appli à la con comme ça, histoire de… elle était pour nous occuper 5 minutes, et maintenant c’est notre vie qui nous occupe entre deux parties de Candy Crush.

Bref, une fois qu’on met le nez dedans, on est bien baisé (*).

 

Conséquences pratiques

Insomnies, divorces, meurtres (pour récupérer une vie), pauvreté (*) sont des symptômes classiques de l’addiction à Candy Crush.

Pourquoi ?

Il suffit que votre meilleur ami soit plus loin que vous dans le jeu pour que vous ayez une furieuse envie de lui briser quelques phalanges (il fera tout de suite moins le malin avec ses deux moignons). Imaginez quand c’est quelqu’un à qui vous avez déjà des choses à reprocher – comme votre femme par exemple.

Ainsi, pour éviter les guerres civiles, il me paraît important d’essayer de nous en sortir ensemble.

 

Bon et comment j’en sors ?

C’est là toute la question, voici donc un petit guide pratique.

Parce que quand on dit que ce jeu permet de nous extraire de notre réalité quelques instants, il faut savoir que certains joueurs sont tellement extraits qu’ils naviguent quelque part entre Tatooine et la Terre, et ça franchement entre vous et moi, c’est pas glop (surtout s’ils ont oublié leur scaphandre).

Voici donc quelques solutions simples à mettre en œuvre chez vous dès maintenant afin de vous désintoxiquer de cette plaie (inutile de me remercier, cependant je viens quand même de sauver votre vie sexuelle, mine de rien).

 

Solution 1 : vous changez de téléphone. Optez pour une bonne vieille bouse, type Blackberry sur lequel c’est pas demain la veille que vous aurez des jeux comme Candy Crush. Bon ok, vous allez passer votre vie à rebooter votre tél, mais votre vie sociale mérite bien ça, non ?

 

Solution 2 : c’est la méthode douce, type arrêt de la cigarette. Vous y allez à la volonté en diminuant votre consommation. Limitez-vous à une partie par demi-journée dans un 1er temps, puis une par jour, etc. Pensez enfin au patch (i.e. jouez à l’ancêtre Bejeweled qui est beaucoup moins addictif).

 

Solution 3 : dès que vous avez envie d’exploser des bonbons, allez chez Carrefour Market et mangez la quantité de bonbons correspondant à 5 vies Candy Crush. Assez vite, vous n’aurez même plus la force de vous déplacer jusqu’à votre smartphone, pris dans une gangue de graisse.

 

Solution 4 : allez foutre une bombe chez King, le créateur de la saga, ainsi ils arrêteront de créer de nouveaux niveaux et dans 2 ans environ, vous serez à cours de niveau. Vous n’aurez plus qu’à tenir bon jusque-là.

 

Solution 5 : un peu plus radicale, elle consiste à vous péter vous-même les doigts. On n’a encore jamais vu personne passer des niveaux juste avec son nez.

 

Solution 6 (encore plus radicale) : troquez cette addiction par une autre. Passez à la coke. Inscrivez-vous sur Adopteunplancul.com. Ou alors, au pire du pire, installez 2048.

 

Solution 7 : je ne sais pas si vous êtes prêt pour celle-là, elle consiste à désinstaller Candy Crush tout simplement. Ouais, je sais, c’est n’importe quoi.


 

Bon ben voilà, inutile de me remercier.

 

Eh merde, j’ai mis que 28 minutes à écrire cet article. Qu’est-ce que je vais foutre pendant les deux minutes qui restent, moi ?

 

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(*) et encore, j’ai jamais claqué un centime dans ce jeu pour débloquer des niveaux ou je sais pas quoi, mais je me suis rendu compte récemment en en parlant au bureau que la pratique était courante ( !). C’est-à-dire que cela devient une vraie drogue, que tu PAYES et tout. ARRGGGHHHHHHHHHHHHHH.

 

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