Jean-Claude Milner : la France et le syndrome de la défaite de 1940

par Coeur de la Beauce
samedi 1er juillet 2017

Jean-Claude Milner n'est pas le philosophe le plus médiatique. C'est pourtant un penseur majeur, à l'instar d'un Onfray et d'un Michéa, dont les analyses font mouche sur les sujets de société.

Dans ses considérations sur la France, il revient sur le "mal" français et les causes de la sinistrose ambiante, la déroute de 1940 dont les français ne se sont toujours pas remis. Fin de la grande puissance, rejet du patriotisme, repli sur soi et misérabilisme : toutes les pathologies qui ont plongé notre pays dans la crise sociale et morale.

Il ironise sur le retour de la marseillaise, sifflée il n'y a pas si longtemps, dans les stades. Les trois cents morts des attentats récents sont passés par là. Réaction de survie collective ou simple effet de mode ? L'avenir nous le dira...

Sur Arte, ce mercredi 28 juin 2017 au soir, M. Mildner s'exprimait sur l'élection de Macron, face à un trio de journalistes peu inspirés et quelque peu abasourdis d'entendre un autre discours que celui de BHL. Notre penseur n'attend rien de son élection et voit une évidente contradiction entre le patriotisme affiché de l'ex-employé de la banque Rotschild et son européisme ultra-libérale qui en fait un associé, voire un employé, de Mme Merkel et des financiers allemands. Il ironise également sur l'hyocrisie de la laicité et de l'anti-racisme d'opérette, dans un pays où les belles âmes n'acceptent l'intégration des afro-maghrébins que quand ils restent à leur place, dans les quartiers pauvres. Conformisme oblige, patriotisme mis aux oubliettes et formatage de consommateur dès l'enfance, l'immigré ne peut s'intégrer comme citoyen. Tant qu'il végète dans les cages d'escalier des HLM, il est idéalisé par la gauche bobo, mais il est hors de question qu'il migre vers les quartiers aisés aux écoles protégées où résident nos oligarchies. La mine agacée des journalistes d'Arte, sans doute concernés par ses propos, était une bonne illustration de son dicours...

J'ai rencontré Jean-Claude Milner une fois, à l'occasion d'un colloque sur l'école républicaine et ses valeurs. Peu motivé pour assister à cette réunion où je m'attendais à une bouillie de politiquement correct tendance libé-inrocks sur les "discriminations" et autres tartufferies, je fus étonné par le discours très chevènementiste néo-gaulliste de notre bonhomme. Nation, intégration par la transmission de notre histoire commune, règles de vie collectives, citoyenneté et fermeté face à ceux qui rejettent nos valeurs... Ce fut une remise en place des points sur les "i" durant deux heures. Lors d'une conversation privée autour d'un jus d'orange après la conférence, il nous confia l'erreur que fut l'abandon des nations souverraines au début du XXIème siècle, au profit d'un marché sans règle ni culture commune. Le journaliste Alain Duhamel, édile médiatique de cette logique libérale selon laquelle le nationalisme, c'est la guerre, fut au coeur du mini-débat. Ces hommes d'information se rendent-ils compte des conséquences actuelles de la dénationalisation du pays, vingt ans après Maastricht ?

Surmonter et tirer un trait sur 1940 serait déjà un progrès. Arrêter d'assimiler le patriotisme à Pétain, une gageure. Assimile-t-on le crétin d'extrême-gauche qui défile dans nos rues pour tout et n'importe quoi aux khmers rouges ? Non. Alors il faut remettre les choses à leur place. Oui, il n'y aura pas d'avenir sans le renouveau du patriotisme et de l'intérêt général, qui n'est pas celui du CAC 40 et de ses rentiers. Merci à Jean-Claude Mildner de nous avoir rappelé ces évidences.

Considérations sur la France, Jean-Claude Milner, ed.Cerf, 2017

 


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