Jean-Luc Hees met dehors Stéphane Guillon
par Imhotep
mercredi 23 juin 2010
C’est fait. La machine sarkozyaque tourne à plein. Avec une intervention dans le rachat du Monde, ses amis aux manettes de nombre de médias, voilà qu’Hees fout à la porte Guillon (Le Monde) : L’humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans.


Ce même Hees a nommé l’ami de la femme du Président, un certain Philippe Val, que celui-ci agit en petit chef de bande et qu’il se voit très mal perçu par la rédaction comme le révèle une motion votée contre lui (Le Monde) :
France Inter connaît de sérieuses turbulences depuis l’arrivée de Philippe Val. Reconnaissez-vous avoir commis des erreurs ?
C’est vrai qu’il y a eu parfois des maladresses. Qui n’en commet pas ? Mais, dans un an, Val n’agira pas de la même façon. Il a atterri dans une grosse structure et mon erreur a été de le laisser y aller seul. Depuis, quelques semaines, il travaille avec Laurence Bloch comme adjointe qui connaît parfaitement la maison. Il ne s’agit pas d’un recadrage de Val, mais d’un renforcement.
Cela n’a pas empêché la rédaction de voter la semaine dernière une motion contre Philippe Val à propos de la grille de rentrée...
Oui mais cette inquiétude ne correspond pas à la réalité. Il n’y a pas de grands chambardements à France Inter. La mécanique d’une grille est très compliquée. Il faut bouger car il y a des émissions qui ne marchent pas bien. Val, qui a un projet éditorial et culturel, essaie de trouver des solutions de remplacement pour les journalistes ou animateurs dont les émissions seront supprimées. On ne laisse jamais les gens au bord de la route. Je connais beaucoup de journalistes à l’extérieur qui aimeraient vivre le malaise de France Inter.
France Inter a été considéré par ce même Val, ami de la femme du Président, ce même val qui hait Internet qui le lui rend bien, ce Val qui n’aime pas ce que les autres font comme ce qu’il a fait lui à Charlie Hebdo, comme ayant pour propriétaire Nicolas Sarkozy. Evidemment ce n’est ni factuellement vrai, ni moralement vrai. France Inter n’est pas (enfin n’était pas) une radio d’Etat comme à Cuba ou en Corée du Nord, mais une radio publique qui appartient à son public, qui appartient à ceux qui payent la redevance et non à ceux qui sont élus qui ne sont que dépositaires temporaires d’un pouvoir de gestion mais en aucun cas propriétaire de la France ni des Français.
Hees nommé par le « propriétaire » vient de faire ce pour quoi il a été nommé : mettre de l’ordre dans la radio publique et préparer la future campagne électorale comme l’ont voit que cette campagne est à plein régime avec des actions de communication tous azimuts : faux rapprochement avec Bayrou (malgré tous les démentis de ce derniers la presse insiste), suppression potentielle de la garden party, possible modification de la loi sur les retraites, il reçoit même Thierry Henri - tout un symbole celui qui a triché et qui n’est ni entraineur, ni sélectionneur, ni dirigeant, ni président de la FFFB, ni capitaine, ni même buteur de l’Equipe de France - …
Voici donc son argumentation :
La saison de France Inter a été ponctuée par les polémiques autour des chroniques de Stéphane Guillon et dernièrement de Didier Porte. Les auditeurs d’Inter les retrouveront-ils dans la nouvelle matinale de septembre ?
Non, car je ne m’appelle pas Raymond Domenech. J’ai eu de nombreuses discussions avec Stéphane Guillon à propos de ses chroniques. Si l’humour se résume à l’insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais également pour moi. Quel patron d’une grande entreprise accepterait de se faire insulter par un de ses salariés sans le sanctionner. J’ai un certain sens de l’honneur et je ne peux accepter que l’on me crache dessus en direct.
L’humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans. Je prends cette décision non pas sur une quelconque pression politique mais en m’appuyant sur des valeurs minimales d’éducation et de service public. Je considère que cette tranche d’humour est un échec. Elle a montré une grande misère intellectuelle dont je ne m’accommode pas. Il n’y aura pas de changement d’horaire ni de remplaçants. Ce qui ne fait pas rire à 7 h 55 ne me fera pas plus rire à 3heures du matin. Je sais qu’en prenant cette décision, il y a un risque. Mais j’assume !
Cette déclaration est assez honteuse en soi. D’abord il faut revenir sur un passage qui mériterait un détour par la justice pour diffamation. Le monsieur Hees devrait regarder un dictionnaire et apprendre quelques bases d’histoire. Traiter un humoriste de tyran, fût-il petit, est plus que déplacé, c’est insultant, calomniateur et grave. Un tyran possède un pouvoir acquis le plus souvent par la force pour, comme le dit le mot même, tyranniser. Comment un humoriste salarié peut-il tyranniser qui que ce soit ? Qui sont les victimes effectives de ce tyran ? Combien de victimes a-t-il précipitées au cachot, fait disparaître dans une fosse commune, torturées ? Combien de familles a-t-il décimées ?
Ensuite parler d’échec quand Stéphane Guillon réunit régulièrement deux millions d’auditeurs est une contre vérité qui n’honore pas son auteur. Parler de misère intellectuelle est une insulte sans fondement. On peut ne pas apprécier l’humour de Guillon, le trouver outré, déplacé, inadapté, sous la ceinture, mais parler de misère intellectuelle c’est se regarder dans un miroir. Guillon est tout sauf un miséreux de la cervelle. Ses sorties sont réfléchies, argumentées, en rapport avec l’actualité et avec un fond culturel indéniable. Cet argument est le reflet parfait de l’adage : qui veut noyer son chien l’accuse de la rage.
Dans cet affaire il agit en nervi du pouvoir. Par ailleurs il accepterait que Guillon insulte (ce qui n’est pourtant pas la vérité absolue) des victimes expiatoires, mais pas lui. Or il est un fait permanent c’est que Guillon ne s’attaque qu’au travers des personnalités en vue et attaque là où cela fait mal. Il défend donc a contrario la veuve et l’orphelin. Hees défend le pouvoir et son arrogance, ses turpitudes et ses copinages malsains dont il en est un des principaux bénéficiaires. Et Didier Porte qui sodomise Nicolas Sarkozy, pourquoi ne suit-il pas Guillon dans la charrette qui mène à l’échafaud ? Un autre adage : deux poids, deux mesures. Et cela rend totalement invalide l’argument d’Hees.
Terminons par cet affreux : j’assume ! Ce n’est en rien du courage car il est nommé par le propriétaire et n’a de compte à rendre qu’à lui et du moment qu’il lui obéit - ce qu’il vient de faire -il est sûr de garder son poste. Ce n’est pas du courage mais de l’arrogance, celle du toutou qui imite son dresseur.
La purge serait-elle en marche ?
Dernière intervention de grande qualité de Stéphane Guillon à France Inter :