Jeu de massacre électoral

par Gilles Mérivac
mardi 31 mars 2015

Comme une boussole qui indique invariablement le nord, les sondages montrent du doigt les deux principaux problèmes qui entravent le bon fonctionnement de la société, le poids trop grand sur l'emploi de la fonction publique et des entreprises étatisées et l'immigration trop importante.

 

Si nous vivions en vase clos sans échanges avec l'extérieur, le nombre et la rémunération des fonctionnaires et assimilés ne dépendrait que du surplus de richesse produit par le pays. Chacun sait bien que c'est actuellement impossible, les gouvernements successifs étant contraints d'emprunter pour couvrir ne serait-ce que les dépenses courantes. D'autre part, établir un protectionnisme strict et se priver d'échanges avec le monde environnant ne ferait que nous entraîner dans une spirale de privations et de pauvreté, comme le démontrent parfaitement les exemples de pays fermés. L'alternative nous oblige à entrer en compétition avec les autres, à comparer leur modèle de société au nôtre afin de voir lequel est le plus efficace. Nos compatriotes commencent à comprendre confusément que la désindustrialisation accélérée et les fermetures d'entreprises ne sont pas uniquement dues à la fatalité, mais aux choix politiques qui ont été faits.

 

L'ennui, c'est que toute stratégie de développement passe par des choix, favoriser tel type d'entreprise d'un côté, décourager tel type de l'autre, inciter les gens à

prendre un emploi au lieu de se contenter d'allocations. Il faut aussi rémunérer à un tarif que beaucoup trouveront sans doute trop élevé les hommes et les femmes qui par leurs innovations ou leurs idées permettront de créer des emplois, sinon ils partirons ailleurs faire bénéficier les étrangers de leurs talents. Autrement dit, pour enclencher un tel cercle vertueux, on risque de creuser fortement les inégalités salariales, ce qui est contraire à la culture française depuis un demi-siècle. La mondialisation a été une opportunité pour des pays à bas niveau de vie mais aussi un formidable défi pour les pays avec un haut standing, que peu ont réussi à relever.

 

Le second pôle d'inquiétude est relié aux frontières passoires qui laissent passer des gens de toute origine mais dont la culture est très éloignée de la nôtre. Devant l'impossibilité d'intégrer autant de monde en même temps, les élus ont baissé les bras, et pour faire semblant de faire quelque chose, ont saupoudré régulièrement avec de l'argent les endroits à forte concentration d'immigrés. Bien entendu, le seul résultat obtenu fut d'alimenter l'appétit et l'insatisfaction qui débouchèrent très vite sur une foule de revendications. Le communautarisme s'est installé durablement dans beaucoup de zones dites sensibles, la laïcité et les coutumes ont été battues en brèche bien souvent.

 

Force est de constater qu'aucun des partis pouvant raisonnablement parvenir au pouvoir ne prend en compte ces deux tendances. La raison est évidemment électorale, il ne servirait à rien de défendre une idée qui n'aurait pas l'aval de la masse des électeurs, et jusqu'à preuve du contraire, leur analyse est correcte. Car si la majorité est d'accord pour entamer des réformes nécessaires, elle freine toujours des quatre fers au moment de les appliquer et désavoue ceux qui les ont lancé. Il en résulte un blocage total qui trouve son point d'orgue avec le gouvernement de Hollande et un jeu de massacre dans lequel l'électeur ne vote pas pour quelqu'un mais systématiquement contre le pouvoir en place.

 

A ce stade, on pourrait tout aussi bien organiser des élections à un seul tour, où l'électeur voterait pour s'opposer à des candidats différents, le gagnant serait évidemment le candidat ayant le moins de voix « contre ».


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