Jobbik, l’Islam, et les descendants d’Attila
par gruni
mardi 14 avril 2015
Détail anecdotique et secondaire, c'est ce mois-ci que le livre polémique de Michel Houellebecq sort en Hongrie. Son titre, Béhodolas, qu'il est inutile de traduire.
Et pour attirer le lecteur curieux des délires de l'auteur de l'ouvrage, voire inquiet pour l'avenir de son identité. En illustration sur la couverture, l'image d'une Joconde en burqa.
Léonard de Vinci, si vous saviez jusqu'où les marchands peuvent aller aujourd'hui pour vendre une fiction parodique et utopique. Jusqu'à voiler Mona Lisa, votre chef d'oeuvre.
Simple coïncidence, c'est aussi ce même mois, que pour la première fois un candidat de Jobbik est élu député directement dans une législative partielle au scrutin majoritaire. Lajos Rig l'emporte donc avec plus de 35% des suffrages exprimés, devant le parti au pouvoir Fidesz et la gauche en troisième position. Jobbik qui avait obtenu 20,5% des suffrages en 2014, détenait déjà 23 sièges sur 199 au Parlement.
Gábor Vona, fondateur du mouvement d'extrême droite hongrois, qui se réjouit sans aucun doute de ce succès électorale, ne restera probablement pas indifférent à la lecture de "Soumission" des éditions Magvetö. L'Islam n'est-il pas pour lui, "le dernier espoir de l'humanité dans les ténèbres du globalisme et du libéralisme". Pourtant, M. Vona est profondément ultranationaliste et donc contre l'immigration qu'il désigne comme responsable de tous les maux.
Mais le meneur de Jobbik est aussi, entre autres, anti-sioniste, ce qui serait selon lui, l'explication de l'alliance râtée de son parti avec le Front National français et le FPÖ autrichien. N'avait-il pas déclaré qu'ils étaient des partis libéraux et islamophobes et surtout que...
« Le Jobbik ne forme pas d'alliance avec les partis sionistes, comme le Front national français et le Parti de la liberté [FPÖ] autrichien, pour de simples raisons financières. »
Toutefois, malgré ses divergences de vue avec Marine Le Pen, le leader Hongrois copie sa stratégie payante de dédiabolisation. Alors oubliées certaines de ses déclarations, comme par exemple contre ceux qu'il nomme les « déviants homosexuels », ou encore les « criminels tsiganes ». D'ailleurs, Jobbick avait trouvé la solution pour les tziganes, puisque "L'intégration des gitans a échoué. Dans la plupart des cas, la ségrégation serait le moyen le plus efficace d'éduquer ces gens." Donc pourquoi pas, comme l'avait proposé Csanad Szegedi, vice président du parti, des "camps de protection de l'ordre public, avec interdiction de sortir sans autorisation et couvre-feu à 22 heures." Mais plus encore, car Jobbick ne manque pas d'idées, la création d'un fichier dans lequel les Juifs seraient inscrits comme "menaces pour la sécurité nationales."
Mais c'est déjà du passé, car aujourd'hui les choses sont bien différentes, Jobbick et son chef, fermement opposés à la mondialisation, à l'Europe et au capitalisme, ne veulent plus que ses« Chers descendants d’Attila » soient considérés comme des nazis. "M. Vona a ainsi pris ses distances dernièrement avec un militant du Jobbik qui appelait au meurtre des Roms, et a ordonné à un élu qui avait craché sur le mémorial de l’Holocauste de Budapest de déposer des fleurs sur le monument."
Qui sait si d'ici les élections nationales de 2018, Jobbick, devenu présentable et crédité de 18% des intentions de vote dans un sondage du mois de mars, réalisé par Ipsos, ne pourrait pas supplanter le Fidesz de M. Orban, à seulement 21%.