Johnny Hallyday en a marre, nous aussi !
par stephane rossard
lundi 18 décembre 2006
Johnny Hallyday a fait savoir avec fracas qu’il n’a plus l’envie de vivre en France. La faute au marteau fiscal qui frappe fort, trop fort à son goût. C’est loin d’être un caprice de star ! La fiscalité est excessive en France. Elle n’a jamais été aussi lourde depuis la Révolution de 1789 ! A force de pressurer les Français, la marmite bout. Avis (de tempête) aux candidats !
« J’en ai rien à foutre. Tout simplement, j’en ai marre, comme beaucoup de Français, de payer ce qu’on nous impose comme impôts, puis voilà, j’ai fait mon choix. » Johnny Hallyday a laissé exploser sa colère à l’antenne d’Europe 1. On imagine le bien fou qu’il a dû ressentir ! Et nous, par là-même ! Ah, si chaque Français pouvait exprimer ainsi son ras-le-bol. Même, mieux, faire ses valises et partir sous de meilleurs cieux fiscaux !
Imaginez la tête de nos politiques, soudainement au pied du mur, face à un exodus, résultat de leurs conneries (moi aussi, je revendique le droit au coup de gueule !) Et en dépit d’avertissements à répétition.
L’évasion de capitaux est bien réelle. Elle ne date pas d’hier. C’est une tendance lourde, et qui prend de l’ampleur. Une tendance, au mieux éludée, au pire niée par la classe politique.
Bien sûr, cette décision est du plus mauvais effet pour le candidat Nicolas Sarkozy, puisque Johnny Hallyday avait publiquement affiché son soutien au leader de l’UMP. Mais si elle pouvait mettre le ministre de l’Intérieur, ainsi que les autres candidats, sous pression, ce serait, déjà, un premier résultat positif.
Nos leaders politiques auraient besoin, en effet, d’un tel électrochoc pour créer un réveil de leur conscience à la hauteur de la situation ! En tout cas, on aimerait le croire, tellement ils sont loin, hermétiques et sourds dans leur tour d’ivoire.
Preuve en est, ces deux réactions. La palme de la porte ouverte enfoncée revient à François Hollande qui a déclaré : "Quand on a une conception de la République, de son pays, on reste payer ses impôts dans son pays." Sans commentaire, car c’est trop bas pour être relevé !
Dominique de Villepin s’est distingué en commentant la décision du chanteur de la sorte : "Ce n’est pas justifié par la situation fiscale de notre pays." D’une part, si le premier ministre entend faire campagne, sa rencontre avec le peuple promet, avec une telle entrée en matière ! D’autre part, visiblement, nous ne parlons pas du même pays. Notre chef de gouvernement a besoin d’une mise au point ! Que font ses conseillers ?
En matière d’imposition fiscale et de prélèvements obligatoires, la France bat des records parmi les pays développés, à l’exception des pays scandinaves. Cependant, la différence est que leur économie est en bien meilleure santé !
A cela il faut ajouter le caractère injuste de notre fiscalité car, par exemple, un foyer sur deux seulement s’acquitte de l’impôt sur le revenu. Et sa nature est confiscatoire car ce fort taux d’imposition nous prive d’une bonne partie des fruits de notre travail.
Sans oublier une fiscalité locale, unique en Europe par sa complexité, et sa propension à une augmentation franchement délirante depuis une décentralisation, engagée en 1981, boiteuse car jamais achevée !
Ainsi, en France, 54 % du PIB est contrôlé par les administrations qui n’en laissent donc que 46 % au secteur privé. En Allemagne, les administrations contrôlent 47 % du PIB et en Grande-Bretagne 46%. Les prélèvements obligatoires (les impôts et les cotisations sociales) au profit des administrations se montent à 45,3 % en France, contre 40 % en Allemagne et 38% en Grande-Bretagne (source www.lejourou.info). En France, le niveau des prélèvements obligatoires est passé de 36,8% du PIB en 1975 à 45,2% en 2000, soit une hausse de 22% !
Ainsi le jour de libération fiscale, créé à l’initiative de l’association Contribuables associés, autrement dit le jour à partir duquel vous travaillez pour vous, intervient le 17 juillet ! Selon l’association, du 1er janvier jusqu’au 15 juillet inclus, en moyenne, les Français ont travaillé pour l’État (67 jours) pour les collectivités locales (37 jours), pour la Sécurité sociale (80 jours) pour l’Europe (4 jours), pour payer les intérêts de la dette publique (9 jours). Or, depuis quatre ans, la France recule. En 2001, le jour de libération fiscale tombait le 10 juillet. Ce fut le 12 juillet en 2002 et le 14 juillet en 2003.
Dans mon choix de vivre hors de l’hexagone, le poids de la fiscalité n’est pas étranger. Pourtant j’aime et même j’adore la France. Mais trop c’est trop. Quand nos élites le comprendront-elles ? Pas demain la veille, semble-t-il. Surtout du côté des socialistes, qui envisagent, par exemple, la création d’une CSG départementale !
Et ce n’est pas une affaire de riches, pour couper l’herbe sous le pied au refrain habituel ! En ce qui me concerne, j’appartiens à la classe moyenne, celle qui en France se retrouve dans la ligne de mire de l’Etat vorace, qui nous voit, d’abord, comme contribuables, avant de nous considérer comme citoyens !
Faut-il rappeler aussi que la fiscalité n’a jamais été aussi lourde depuis... la Révolution de 1789 ! Il y a déjà quelques années, au cours d’une émission de télévision restée dans ma mémoire, l’historien Alain Decaux s’étonnait, de nos jours, de l’absence de réaction de la part de ses compatriotes face à un tel niveau record d’imposition. Du jamais vu, disait-il, depuis l’avènement du nouveau régime !
Une fiscalité pour quels résultats ? Et pour quelles performances ? Un système éducatif qui se délite (exode vers le privé), des soins hospitaliers aux conditions qui se dégradent en raison d’un personnel en flux tendus et au bord de la crise de nerfs (merci les 35 heures), une privatisation croissante des routes (multiplication des péages), une justice à bout de souffle, etc. Sans parler du produit de l’impôt sur le revenu qui paie les intérêts de la dette !
Et ce n’est pas une question d’égoïsme, un refus de solidarité ! Il faut, cela va de soi, aider les plus démunis, les personnes en difficulté et ceux et celles victimes d’un handicap, frein (honteux) à l’embauche.
Mais attention, en matière de fiscalité, il existe aussi un seuil de tolérance qui, en France, a depuis longtemps été (largement) dépassé.