Journée de la Femme : Droite dans son pagne, petite dans son vote !

par Aimé Mathurin Moussy
mercredi 9 mars 2011

Au train où vont les choses, l’espoir faisant vivre, la maréchaussée féminine nous fournira bientôt une liste de genres de positions sociales ou politiques dont il ne faudra plus parler sous prétexte d’être ringard … Aujourd’hui, les femmes s’identifient de plus en plus, aux contemporaines qui ont marqué notre époque, à l’instar d'Annie Girardot, incarnation vivante de la femme audacieuse des années 70 ; Cigarette à la main, parce que c'était une femme libérée, dans son entièreté, telle que l'immortalité la grave.

  Le pouvoir encore et  toujours

L’étrange archétype des nonnes byzantines, a été aujourd’hui le point focal de cette journée internationale de la femme : La Femme au pouvoir ! Une revendication que je clarifierai de biface. D'un côté, ce mythe de femme libre classique, type européen qui appartient aux instances dirigeantes de l’establishment populo-médiatique, se comporte en ambitieuse vindicative, manœuvrière et insoumise, éloquente et opportuniste, spécialiste des coups d'éclat médiatiques. D'un autre côté, cette femme reléguée au second plan, celle d’Afrique, et du Monde Arabe. Bien que pour la plupart, universitaires, agrégées et docteurs en diverses spécialités ; elles publient régulièrement des livres de qualité, originaux et parfois savants, toujours intéressants. Cela n’empêche qu’elles soient au bas de l’échelle en ce qui concerne, leurs droits politiques. Elles n’en ont pas ! Si un parti politique emporte une élection, elles seront peut-être ministres, mais, jusque-là, la femme est sans droit, l’intellectuelle hors-pair, vaut mieux que la représentante du peuple.

Cette fois-ci, son nouvel engagement en démocratie dans le Monde Arabe et en Afrique, va bien au-delà du folklore, la démocratie ou les droits de l’homme, lui donne le pouvoir de défendre ce que Voltaire appelait "le droit de le dire". Le droit de revendiquer l’égalité à tous égards. Cela lui vaut un éloge politique. Dans cet éloge, il ne s'agit pas, pour ma part, d'une glorification béate, mais d'une réflexion sur le divorce actuel entre la femme arabo-africaine et le politique. On distingue en effet classiquement la politique, complexe de pouvoirs, d'opinions et de représentations, et le politique, recherche du bien commun et de la participation de tous à cette entreprise. Si la politique, par nature insubmersible, se porte bien comme organisation, reflet et caricature de la société, le politique, lui, va mal. On a beaucoup spéculé sur le "machisme politique" ou sur la "phallocratie politicienne". A mon humble avis, il faut redouter, avec ce qui tend à se dessiner dans le tiers-monde, la mort du politique, qui ne se résout pas à l'économie, à la morale ou à la communication. Il lui faut un projet collectif, un grand dessein qui hisse l'individu au-dessus des considérations sexistes, religieuses, les partis politiques au-delà de leurs intérêts machistes, qui débouchera sur la réconciliation entre la politique et la Femme.

Pour aboutir à une véritable intégration, on doit nécessairement aboutir au mariage du féminisme moderne et d'un renouveau culturel, c'est-à-dire d'une société où l'égalité et la liberté associeraient les sans-pouvoirs au pouvoir. Il faut retrouver un point d’ancrage dans cette société mondialisée, où la femme arabo- africaine sera, la jonction entre le libéralisme mondial, et le culturalisme auto centré. Ce projet philosophique comme le portait si bien Simon de Beauvoir, a rendu ses lettres de noblesse à la Femme dépouillée de ses valeurs existentialistes, c'est-à-dire par la contradiction entre son suivisme théorique et son pragmatisme revendiqué. On peut reprocher à la femme africaine et arabe, d'être complaisante vis-à-vis de son institution politique. En revanche, à regarder ces défilés publicains, qui jonchaient les capitales africaines, affichant des parades volontairement élitistes, on ne peut pas s'empêcher de se demander presque à chaque instant, comment la Femme africaine libérée, parvient à cohabiter avec ce monolithisme politique qui s’arc-boute au pouvoir, sauf inconfortable dédoublement de personnalité !

Aimé Mathurin Moussy

 


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