Julien Dray, les bons amis et l’argent

par Imhotep
vendredi 24 juillet 2009

Le virulent opposant à la direction du PS a également attaqué violemment Bercy rendant ce joyeux ministère responsable d’une entreprise de démolition à son égard. Les quelques 2 millions d’euros dépensés entre 2004 et 2007 - n’en gagnant que 1,63 - ne sont que des peccadilles et lui est blanc comme neige.

 A ce jour la défense de Julien Dray tient en deux points clairs car simples à comprendre :
1- on lui en veut en lui faisant un mauvais procès
2- il n’est pas un gros dépensier somptuaire et le surplus de dépenses a été financé par des prêts qu’il s’empresse de rembourser (aujourd’hui).
 
En ce qui concerne le premier argument il faut tout de même se souvenir que notre bon ami, le fossoyeur de la matière grise, l’aboyeur du château, avait pris sa défense et comme on sait que Lefebvre est la voix de son maître et que son maître est le ministre de tout on peut supposer que Bercy ne s’acharne pas sur lui, mais a quelque biscuits en cambuse. On en saura plus si c’est un acharnement ou si c’est justifié. Au-delà de ces hypothèses émises laissons lui le bénéfice du doute.
 
Le second point est plus délicat. Voici trois articles qui vous permettront de faire votre propre opinion : Le Monde (Les mauvais comptes de Julien Dray), Le Nouvel Obs (Le rapport de la brigade financière accable Julien Dray) et Mediapart (L’enquête de la brigade financière accable Julien Dray).
 
Vous remarquerez que les titres sont assez peu ambigus. Dray donne deux réponses :
- "Je ne suis pas un irresponsable dépensier, je ne suis en rien un homme qui vit dans la luxure"
- "Il n’y avait aucune suspicion possible (…), je ne me suis livré à aucun enrichissement et à aucune malversation."
 
Il me semble qu’il faille voir les choses en faisant quelques comparaisons de bon sens. Si ce qui est annoncé est vrai Dray aurait dépensé 500 000 euros par an ce qui correspond à 40 000 € par mois. Ce montant de dépense mensuelle peut être considéré comme répondant à une caractéristique d’une personne plutôt dépensière et ce n’est pas l’excuse d’un remboursement mensuel de 2 000 € qui puisse expliquer cette orgie de dépense ("A partir de janvier 2006, j’ai eu une charge supplémentaire de 2 000 euros [le remboursement d’un prêt accordé par Pierre Bergé]. A cela va s’ajouter quelques charges familiales supplémentaires…"). Quant au mot luxure est-ce une déformation volontaire pour noyer le poisson ou une méconnaissance de la langue car vivre dans le luxe n’est absolument pas vivre dans la luxure ? Or à dépenser 40 0000 € par mois on peut légitimement penser sans être un disciple de Fidel Castro que cela s’approche à quelques centimètres d’une vie de luxe. Donc soit monsieur Dray confond luxe et luxure, soit il sait très bien ce qu’il dit et en voulant faire croire qu’il est accusé de luxure on passe aux oubliettes la véritable accusation qui est le luxe, indécent en l’occurrence à cause de l’origine de l’argent.
 
A la suite de sa mise en cause le contempteur de la Martine (avec une voix de stantor pour l’occasion) a décidé une mise en place radicale de remboursement. S’il a cette capacité si soudaine à mettre en place ces remboursements que ne l’a-t-il fait auparavant ? Il aune résidence sudmarine à mettre en vente, que ne l’a-t-il fait avant (Les remboursements sont aujourd’hui en cours, et M. Dray envisage de vendre sa maison de Vallauris pour les honorer.) ?
 
Dans la seconde déclaration mise plus haut de Dray le discours est exactement celui de ceux qui sont pris la main dans le sac. Il affirme qu’il n’y a aucune suspicion ce qui est le contraire de la vérité sinon il n’y aurait pas enquête (sauf cas avéré de complot et de volonté de nuire ce qui ne peut être exclu sauf que Dray ne semble politiquement pas très dangereux pour le pouvoir étant plutôt une sorte d’allier) et nous allons voir que cette suspicion est plus que légitime. Ensuite il emploie une technique qui fait ses preuves. C’est une technique bien rodée et intellectuellement scandaleuse. Il déclare qu’il ne s’est livré à aucun enrichissement personnel. Cette déclaration a pour objet de dire que tout acte illégal n’est plus illégal du moment qu’il n’y aurait pas enrichissement personnel. Prenons l’exemple d’une entreprise qui corrompt un élu ou un administratif uniquement pour gagner des marchés afin de sauver son entreprise en déconfiture sans pour autant en retirer un bénéfice personnel, alors il deviendrait innocent de sa corruption sous le simple prétexte qu’il n’aurait pas eu de bénéfice direct. Or ce gentil Julien ne s’est peut-être pas enrichi mais il a vécu comme un nabab et s’est acheté des montres de nabab. Et cela grâce à de l’argent - ce que nous allons voir - dont l’origine n’est pas flatteuse pour lui. Quant à la supposée malversation il semble bien qu’elle ait eu lieu mais par ceux qui l’auraient aidé en lui faisant des prêts. Ce dernier aspect me paraît être des plus ignobles si ce que révèle Le Monde est vrai.
 
En effet cette affaire est peu ragoûtante et fort déshonorante. En gros trois ou quatre personnes, ou un peu plus, ont encaissé des chèques, en fait ont détourné des chèques alors même que cet argent était destiné à de bonnes causes (SOS Racisme, les parrains de SOS Racisme, la Fidel (association étudiante) Stop-Racisme Val d’Orge, et enfin l’Association de la 10e circonscription de l’Essonne, celle-là est moins caritative) pour les encaisser. Cet argent ne fait que transiter par leur compte et est ensuite « prêté » au bon Julien. Ce bon Julien qui se dédouane complètement en laissant se débrouiller devant la justice ses bons amis qui l’ont aidé pendant au moins 4 ans. Peu élégant : "Je n’ai pas à connaître l’origine des fonds", dit-il, au sujet des versements d’argent sur ses comptes.
 
Ce qui est plus qu’étonnant ce sont les réponses des personnes impliquées car il y a de tout : fausse factures, fausses études, indemnités de licenciement qui passe par deux poches successives à celles de Dray, et des passions étranges de tout ce petit monde qui rachète à l’amateur éclectique : des stylos, des montres et même rembourse des vacances. Ce qui augmente la gêne c’est qu’en plus d’avoir été détournés d’associations à but plutôt généreux ces fonds l’ont été alors que ces mêmes associations étaient en difficulté financières comme la FIDL qui a été mise hors de ses locaux en 2006. Bien qu’il dise ignorer la provenance douteuse de ces fonds il fait vendre des tableaux qui égayaient sa permanence à SOS Racisme : Le 16 septembre 2008, l’Association de la 10e circonscription de l’Essonne, créée pour faire connaître l’action politique de M. Dray, vend des tableaux à SOS-Racisme, pour une somme de 9 000 euros. 7 000 euros sont ensuite reversés à M. Dray. Il est évident que d’une part ce n’est pas l’objet de SOS Racisme d’acheter des tableaux et que cette association a beaucoup mieux à faire que de dépenser 9 000 euros pour ceux-ci, euros bien plus utiles ailleurs et d’autre part qu’il y a d’autres moyens de vendre des tableaux. Et que dire de ceci ? : L’Association de la 10e circonscription connaissait de sérieuses difficultés financières, au point de contraindre Pierre Bergé, proche de M. Dray et président des Parrains de SOS-Racisme, à effectuer en 2008 un don de 100 000 euros. Une situation délicate qui n’a pas empêché M. Dray de débiter 7 000 euros des comptes de cette association pour acheter une montre Rolex en or à sa suppléante, Fatima Ogbi, récompensée pour ses bons services électoraux.
 
 
En lisant avec attention ces articles on se rend compte à l’évidence que les explications formatées des personnes en cause sonnent faux (mais on ne sait jamais, sonner faux ne veut pas dire faux) qu’il y a des détournements manifestes de fonds comme cette entreprise qui a donné une quarantaine de chèques sans ordre à Dray qui les remplissait lui-même. Peut-il dire alors qu’il ignorait d’où venaient ces chèques ?
 
On peut émettre l’hypothèse que les goûts de luxe non assouvis de Dray l’aient poussé à une fuite en avant entraînant dans son sillage, malheureusement d’autres personnes qui lui ont rendu un service à leur détriment et qui se sont laissées embarquer dans des opérations condamnables moralement et pénalement répréhensibles. Que ce soit directement ou indirectement elles auraient été ainsi poussées, par amitié, par loyauté, par inconscience, par pression qui sait ?, à prendre des risques et trahir peut-être leur idéal pour quelqu’un qui les laisse se débrouiller avec leur faux, leur malversation, leurs détournements, seuls face à la justice, lui se tenant à sa position que ce ne sont que des prêts dont il ignore tout de l’origine bien que les techniques utilisées soient toutes les mêmes comme s’il y avait une sorte de télépathie universelle qui a duré 4 ans entre ses bienfaiteurs. En d’autres mots il aurait passé 4 ans à faire la bamboche sur le dos d’associations à but humanitaire et ayant laissé faire le sale boulot aux autres, lui se protégeant derrière des prêts qui n’engageraient pas sa responsabilité.
 

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