Karachi, Balladur, Sarkozy (?) la justice est saisie !
par Imhotep
mercredi 16 décembre 2009
Voilà une nouvelle qui devrait faire un peu de bruit. Six familles de victimes de l’attentat de Karachi contre des salariés de la Direction des constructions navales (DCN) en 2002 ont déposé plainte à Paris pour « corruption » contre le club politique créé en 1995 par Edouard Balladur, ont annoncé ces parties civiles, mercredi 16 décembre, à l’AFP. (LeNouvelObs)
Maintenant nous connaissons tous les bases de cette affaire. En 1994 le gouvernement Balladur avec l’aval du ministre du budget, Nicolas Sarkozy secondé par un certain Nicolas Bazire, du ministre des armées François Léotard avec comme directeur de cabinet un certain André Morin, par l’intermédiaire de la DCN vend au Pakistan des sous-marins à perte. Il évident que les conditions à perte d’un contrat sont étranges lorsque l’on fait des affaires. Comme il est tout aussi étrange la célérité et la volonté de célérité de ce gouvernement de vouloir signer ces contrats avant les élections présidentielles de 1995 pour lesquelles Balladur est candidat et a pour cheville ouvrière un certain Sarkozy Nicolas.
Début 2002 un attentat à Karachi fait une quinzaine de morts dont une majorité d’employés français de la DCN. L’enquête diligentée par le pouvoir avec aux commande un certain juge Bruguières, candidat UMP malheureux aux législatives, s’oriente résolument vers un attentat islamiste ou islamique au choix. En parallèle un certain rapport Nautilus privilégie une toute autre piste : une vengeance de dignitaires du pouvoir pakistanais pour ne pas avoir reçu le solde des commissions promises lors de la signature des contrats à cause du véto de Jacques Chirac qui supposait que ces contrats auraient servi à alimenter les caisses du candidat Balladur.
Pour première info, lire l’extrait dont vous trouverez ici la totalité (Jeune Afrique), de ce fameux rapport.
Pour mémoire également voici la transcription de la réponse indigne de Nicolas Sarkozy à un journaliste de l’AFP qui posait une question légitime :
Enfin écoutez c’est ridicule. Franchement, monsieur, franchement c’est ridicule. Pas vous, hein, je me permettrais pas, je vous respecte mais enfin écoutez. Soit il y a des éléments, donnez-les nous. (Balbutiements). C’est grotesque, voilà, c’est ma réponse. Alors qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Raisonnement : pour son financement Monsieur Balladur aurait accepté des commissions qui n’auraient pas été payées ensuite et ça a donné Karachi… Mais enfin, respectons la douleur des victimes. S’il vous plaît mais qui peut croire à une fable pareille ? Qui peut croire à une fable pareille ? Et puis si vous avez des éléments donnez-les à la justice et demandez à la justice qu’ils enquêtent. Mais enfin franchement qu’est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus ? Mais, honnêtement, qu’est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus ? Y a 14 ans, de surcroît. On est dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d’Etat n’existe plus. 14 ans après vous venez me poser la question : ’est-ce que vous êtes au courant de rétro-commissions qui auraient pas été versées à des Pakistanais dans le cadre de la campagne de Monsieur Balladur ?’. Et vous, vous étiez pas au courant non plus, non ? Vous, vous, vous étiez peut-être journaliste à cette époque, peut-être à ce moment là je vous aurais… non, mais je ne vous en veux pas mais enfin écoutez franchement. (Soupir). Enfin, si y a un braquage à Bruxelles aujourd’hui, j’y étais… (rires dans le public) c’est incontestable." Nicolas Sarkozy se met alors à rire avant de reprendre : "Non pardon, hein, je ris pas du tout parce que Karachi c’est la douleur de familles et de trucs comme ça… mais… qu’est-ce que vous voulez que j’aille répondre là-dessus ?
Voir ici le texte et la vidéo sur le site du NouvelObs
Vous vous souvenez de ce mépris des familles des victimes tant par le mot truc que par la plaisanterie douteuse qui fait si bien rire la presse.
Puisque que Sarkozy a demandé que la justice s’en mêle et elle verra si c’est grotesque, et avant la suppression du juge d’instruction, peut-être qu’elle va s’en mêler. Il est à souhaiter qu’elle s’en mêle, et c’est le souhait des « trucs comme ça ». Or ces trucs n’ont pas porté plainte contre X mais bien nommément, contre l’association de financement de campagne de Balladur et par pour un petit délit : La plainte, déposée lundi par six familles de victimes auprès du procureur de Paris, pour "corruption active et passive" vise nommément l’Association pour la réforme, club politique créé en 1995 par Edouard Balladur.
Et cette plainte ne part pas de rien : Cette plainte est liée à une piste suivie par les juges antiterroristes dans l’enquête sur l’attentat du 8 mai 2002 qui a fait 14 morts, dont 11 salariés de la DCN en poste à Karachi pour la construction de sous-marins vendus par la France en 1994.
Cette piste s’oriente vers l’hypothèse de représailles pakistanaises après l’arrêt des versements de commissions sur ce contrat soupçonné d’avoir donné lieu à des rétrocommissions pour financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, selon plusieurs témoignages et rapports versés au dossier.
Souhaitons que le justice aille à son terme et ne se perde pas avant dans des retards de confort ou tout simplement un rejet de la plainte. Il faut espérer que les juges actuels ne lâcheront pas le morceau. Mais on sait où le cœur du parquet penche.
Vignette Wikipédia, stèle en l’honneur des victimes